vaches-logettes-lait - Illustration Lire à cœur ouvert dans son troupeau de vaches

Lire à cœur ouvert dans son troupeau de vaches

Halbe Rosema, éleveur et pédicure bovin, anime désormais des formations « Signes de vaches » pour apprendre à mieux observer ses animaux et tirer le meilleur parti de son élevage. Il raconte comment il a d’abord expérimenté l’approche sur sa ferme.

Halbe Rosema mène avec son épouse un troupeau de 65 laitières à Prat (22). Deux ou trois jours par semaine, il s’absente pour exercer son autre métier, pédicure bovin. Ce qui lui permet de pousser les portes de nombreux élevages. Et de se poser souvent la question : « Pourquoi certaines exploitations ont énormément de problèmes d’onglons, et d’autres pas du tout ? »

Lever les freins qui brident les animaux

Cela l’a poussé à suivre,  il y a 4 ans, « par curiosité », la formation « Signes de vaches » aux Pays-Bas, son pays d’origine. Cette méthode d’observation des animaux est le support d’un livre du même nom, « distribué dans 50 pays ». L’idée est simple : être attentif aux détails visibles dans le troupeau pour corriger les erreurs ou lever des freins qui brident les performances ou le bien-être des animaux. Est ainsi passée en revue « la gestion de la santé, des aliments, de l’eau, de l’air, du repos, de la lumière dans l’étable… »

Revenu convaincu, Halbe Rosema a engagé différentes adaptations sur sa ferme en s’appuyant sur l’approche Signes de vaches. « J’ai revu les dimensions de mes logettes. La barre au garrot a été avancée et des matelas plus confortables en mousse ont remplacé les anciens. J’ai aussi créé une stabulation de transition sur aire paillée du tarissement au vêlage. Avant, les vaches en fin de gestation, période particulièrement critique, étaient gardées en logettes. Elles n’étaient pas toujours très bien. »

La longévité gagne deux lactations en 4 ans

Les caillebotis glissants ont été rainurés. Les abreuvoirs ont été remplacés « par des modèles de 520 L, plus grands en inox. Équipés de gros bouchons, ils sont très faciles à vider. Du coup, je les nettoie deux fois par semaine, car l’eau est l’aliment le plus important pour la vache. » Ces efforts ont porté leurs fruits. « En 4 ans, j’ai gagné 2 lactations par vache pour atteindre une longévité moyenne de 4,5 lactations. » En travaillant sur le confort et la santé, les animaux vieillissent, « ce qui permet d’aller chercher les 4e, 5e et 6e lactations, les plus productives selon les études. » Conséquence, en 2012-2013, le taux de renouvellement était « descendu à 10 %. » L’atelier pouvait en tirer bénéfice : « Avec moins de génisses à élever, alors que nous sommes limités en surface par le seuil des 170 u d’azote/ ha, nous pouvions garder plus de vaches pour produire. Et recourir davantage au croisement industriel pour vendre des veaux correctement payés. »

Les prochaines dates en Bretagne

Vincent Jégou, de la Chambre d’agriculture 22, a lancé un cycle de formations Signes de vaches « pour remettre l’animal au cœur de la rentabilité de l’exploitation ». Après le groupe « robots », « système où l’efficacité repose sur la faculté de l’éleveur à repérer les animaux à problème sans les avoir sous les yeux deux fois par jour », Halbe Rosema animera une session jeudi 27 novembre à Plérin et lors de l’AG du syndicat de race Armor Prim’Holstein, vendredi 5 décembre à Pleudaniel (Infos : 02 96 79 20 15). Dans le Morbihan, la prochaine formation est fixée au mardi 20 janvier 2015 à Pontivy (Infos : 02 97 28 31 30).

Une formation au milieu des vaches

Depuis 2 ans, il est devenu formateur : « J’avais vraiment envie de partager la méthode avec d’autres éleveurs. » Lors de sessions en petit groupe, après l’exposé en salle du matin, l’après-midi se passe en élevage. « D’abord, nous regardons les vaches sans les perturber depuis le couloir d’alimentation. Ensuite, on se glisse au milieu du troupeau pour détecter des boiteries, observer une bouse, commenter des détails… Enfin, on termine par un travail plus individuel sur l’état corporel, les blessures, l’état du poil… »

Ramener le pré dans l’étable

Mardi dernier, à l’initiative de la Chambre d’agriculture, il intervenait pour des producteurs équipés de robots de traite. À la fin de la journée, les participants étaient satisfaits d’avoir « remis en cause leur routine », en faisant le point sur les fondamentaux vus par la lorgnette de Signes de vaches. Chacun avait retenu quelques idées. « Nous ferons plus attention au remplissage des panses. Une panse creuse peut cacher une dermatite, une petite gêne qui ne provoque pas encore une boiterie visible », expliquaient par exemple Christine et Loïc Jounay, à Lanfains (22), qui accueillaient la formation pour l’occasion. À leur côté, Loïc se demandait s’il n’avait pas chez lui « trop de vaches qui restent debout dans leur logette. Alors que le formateur a rappelé qu’une laitière doit passer 15 heures par jour couchée… » Christophe abondait : « Au pâturage, la vache mange ou est couchée, c’est tout. Il faut chercher à transposer le comportement au pré à l’intérieur de l’étable pour comprendre. D’autant que si le temps de repos est réduit à 9 heures dans la journée, la vache produit déjà 5 litres de lait en moins. Il y a donc un vrai intérêt économique à mieux observer ses animaux. » Nathalie renchérissait : « Et puis, une vache en bonne santé, c’est moins de boulot et moins de stress. » En fin, Didier, lui, avait décidé « d’améliorer les points d’eau dans la stabulation. C’est facile à faire, en rajoutant des modèles plus grands et plutôt basculants pour un nettoyage plus fréquent. » Une belle poignée de résolutions. Pour les vaches, c’est bon signe… Toma Dagorn

Les vaches disent toujours la vérité

Une vache émet en permanence des signes sur son bien-être et sa santé à travers son comportement, sa posture et ses caractéristiques corporelles. « Les vaches disent toujours la vérité… Il suffit de comprendre ce qu’elles disent », raconte Halbe Rosema, agréé par « Cowsignals Training Company », la société qui forme les formateurs à la méthode « Signes de vaches ». Pour cela, il faut « se mettre dans sa peau », s’interroger, s’entraîner à reconnaître et à saisir le langage corporel de l’individu et du troupeau…

[caption id=”attachment_4659″ align=”aligncenter” width=”300″]Halbe Rosema Halbe Rosema[/caption]

La formation est destinée à tous ceux qui travaillent avec ou autour des vaches. Après avoir appris les principaux signes de vaches, les participants peuvent développer leur capacité à « reconnaître les maladies et l’inconfort des vaches à un stade précoce. » La journée se termine souvent en se demandant « Que vais-je changer demain pour mes vaches ? » Infos : Halbe Rosema, 06 63 37 33 77.


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article