Les méthaniseurs ne voient pas toujours gros

La société brestoise 3EI propose des méthaniseurs à partir de 60 kWh. Une puissance adaptée à la taille des élevages bretons.

De nombreux éleveurs sont tentés par la méthanisation pour conforter économiquement leur exploitation. A raison, car ils disposent du gisement pour faire fonctionner l’installation : déjections animales, couverts végétaux, etc. Reste que les puissances généralement proposées par de nombreux constructeurs sont souvent trop importantes  par rapport à la ressource disponible et par rapport à la capacité d’investissement. Sans compter que, pour optimiser la production de biogaz, les unités actuelles nécessitent souvent un apport complémentaire de déchets animaux. Déchets animaux que se disputent aujourd’hui les gros investisseurs, dont les entreprises agroalimentaires qui ont senti le vent porteur de la méthanisation.

Du fumier et du lisier suffisent

La société 3EI, partenaire de Downtown Green Energy (Italie), veut occuper le créneau des petits-moyens méthaniseurs autonomes. « Nous proposons une gamme de 60 à 300 kWh électriques. Pour référence, un méthaniseur de 60-80 kWh nécessite 7 à 8 000 tonnes de lisier de porc selon sa concentration ; ou 2 000 tonnes de fumier de bovin + 1 500 tonnes de lisier ». (soit environ l’équivalent des déjections de 100 UGB bovin + 50 truies NE). Marco Leto, Pdg, insiste également sur l’autonomie du méthaniseur 3EI : « Il n’a pas besoin de déchets animaux pour assurer un bon rendement. Entre autres parce que les gisements subissent une succession de traitements qui optimisent la production de méthane : stockage pendant 1 semaine à 20 ° C dans un milieu acidogène, pasteurisation à 90 °C, broyage du produit, maintien de la solution à une température de 50 ° C pendant 12-15 jours dans le bioréacteur ». Bref, une succession de phases technologiquement calibrées qui permettent une production maximum de gaz. « Et parce que la méthanisation ne s’arrête pas à la production de biogaz, ce dernier est filtré pour le rendre utilisable à 90 % par le générateur électrique. Sans cette étape, vous ne pouvez pas amortir convenablement votre générateur qui doit fonctionner 8 000 heures par an ».

Plateforme Web 2.0

« Aujourd’hui, nous nous attelons à élaborer une plateforme Web 2.0 d’offre et demande de biomasse et de digestat. En Italie, il existe déjà un marché porteur de fumier de bovin (11 €/tonne) », explique Marco Leto qui réfléchit à l’exportation de digestat par cargo depuis Brest. « A 117 €/t le cours mondial du digestat, ça vaut le coup de s’y pencher ».

Étude de faisabilité précise

A l’attention de tout investisseur, Marco Leto préconise une étude prévisionnelle très poussée. « Trop souvent l’investisseur ne connaît le rendement qu’une fois son installation en route. Nous, nous proposons d’intégrer tous les paramètres, jusqu’à estimer chimiquement le rendement méthanogène des gisements utilisés par l’agriculteur ». Et d’expliquer que tous les fumiers et les lisiers ne se valent pas : « Leur pouvoir méthanogène dépend par exemple de la richesse de la ration distribuée aux animaux, etc. ».

Cette étude de faisabilité et de développement du projet est facturée 10 000 €. « Un prix qui peut paraître élevé, mais qui intègre une étude prévisionnelle très complète allant jusqu’à l’incidence fiscale. Voire, nous accompagnons la recherche de voisins éleveurs pour participer à l’investissement (compter 600 à 700 000 € pour une 100 kWh selon le degré d’équipement) », précise M. Leto qui insiste aussi sur la fabrication locale du matériel et la maintenance assurée par des entreprises bretonnes. Didier Le Du


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