Installé en 1999, Olivier Costard gère aujourd’hui une ferme laitière de 83 ha, en bio depuis 2009. Son troupeau de 50 vaches laitières (Prim’Holstein, Normandes et croisées Brunes et Prim’Holstein) produit 230 000 litres de lait par an. « J’ai longtemps été dans un système herbager très simplifié, sur une surface entre 40 et 50 ha », raconte-t-il, lors d’une journée porte-ouverte organisée par Agrobio 35. « Entre 2013 et 2021, toutes les parcelles étaient en herbe et la plupart des travaux des champs étaient délégués. » Mais quelque peu lassé par la routine, l’éleveur retrouve un nouveau souffle en 2021, lors de l’arrivée sur l’exploitation de son fils Marius en tant que salarié à temps plein. Trente hectares sont repris la même année, et père et fils décident de diversifier les cultures pour aller vers davantage de productions végétales, et « donner du corps au concept de polyculture-élevage. »
Une vigne collective
Comment aller plus loin dans la diversification sur des « terres de qualité médiocre » tout en s’adaptant au changement climatique ? C’est la question que se sont posée Marius et Olivier Costard en 2021. « C’était logique de choisir une culture avec de faibles besoins en eau et en éléments nutritifs », affirment-ils. « En parallèle, nous avons été contactés par un groupe d’une vingtaine d’amis amateurs de vin qui souhaitaient se lancer dans la production. » Le vignoble a donc été planté sur une parcelle de 25 ares, drainante et orientée plein sud. La prairie en place a été conservée pour assurer l’enherbement de l’interrang. « Nous avons uniquement travaillé le rang. Une bâche a été installée plusieurs mois en hiver pour étouffer la végétation, avant d’être retirée pour un passage de sous-soleuse. »
La vigne est un choc culturel
Des cépages hybrides
Entre 2021 et 2023, 1 500 pieds sont progressivement plantés. « Nous avons choisi des cépages hybrides résistants au mildiou et à l’oïdium : du Floréal, du Muscaris, du Solaris et du Pinot blanc et gris. » L’écartement est de 90 cm entre les ceps, et de 2,5 m entre les rangs, pour permettre le passage du plus petit tracteur de la ferme. Le désherbage est assuré au gyrobroyeur dans l’interrang, tandis que le rang est paillé manuellement. « Tous les travaux et les investissements sont mutualisés au sein du groupe », indique l’éleveur. « Cette vigne n’a pas aujourd’hui de vocation économique. C’est une vigne de copains. » Le coût d’implantation s’élève à 8 500 €. À terme, les nouveaux viticulteurs espèrent produire environ 1 000 litres de vin. Le nom est déjà trouvé : « Gwini », la vigne en breton.

Un choc culturel
« Pour un éleveur, le travail de la vigne est un vrai choc culturel », déclare Olivier Costard. « Dans notre quotidien, tout est mécanisé. Ici, nous devons tout faire à la main tout en étant assis ou à genoux. Le travail peut être rude. » Enfin, l’agriculture insiste sur le volet administratif. « La production d’alcool est bien encadrée. Il faut par exemple obtenir une autorisation de plantation et bien déclarer ses surfaces et le nombre de pieds. »
Alexis Jamet
Retour des céréales
Le maïs est revenu dans la rotation, à l’instar d’un méteil triticale/pois/féverole, de colza fourrager et d’orge brassicole. Sur les terres superficielles caillouteuses de la ferme, cette dernière culture est l’une des seules à donner des résultats réguliers. « Nous avons aussi essayé le sarrasin et le seigle », ajoute le Bretillien. « Le sarrasin donne des résultats trop aléatoires, et le prix de vente du seigle reste faible, même si la production de paille est intéressante. » L’orge est aussi valorisée localement. Le maltage se fait à Feins, et le brassage dans le Loiret chez un membre de la famille.