Photovoltaïque : le champ des possibles

La sortie de la Covid s’est traduite par la hausse du prix de l’énergie, ceci s’est accéléré depuis février 2022 avec les évènements en Ukraine. Fort de ce constat, le photovoltaïque est une réponse souvent retenue pour améliorer l’autonomie énergétique et la résilience de son exploitation, voire constituer un revenu complémentaire. Thierry Lorguilloux, de Senven-Léhart (22), a investi en 2021 dans une installation de 130 kWc (environ 650 m²), installée sur un poulailler désaffecté utilisé comme hangar de stockage. Les panneaux sont posés sur un bac acier. Cette installation, est destinée à l’autoproduction c’est-à-dire que les kWh produits sont valorisés sur le site. L’activité de l’exploitation évolue avec l’arrêt programmé de la production d’œuf en cage remplacée progressivement par une activité de compostage et granulation d’un mélange fiente + fumier de volailles complétée par une étape de granulation du compost. Ainsi l’exploitation s’inscrit dans l’économie circulaire à double titre : valorisation de la matière organique d’une part et utilisation de l’énergie solaire pour la granulation d’autre part. Toiture, tracker, au sol : quelle solution retenir ? Le rendement d’une installation photovoltaïque s’exprime en kWh/kWc. Il va être fonction de trois variables d’entrée : le lieu, l’orientation et l’inclinaison des panneaux. Le tracker 2 axes bénéficie d’un avantage indéniable avec un rendement supérieur d’au moins 50 % mais comme en élevage où un meilleur indice de consommation ne signifie pas forcément un coût alimentaire du kg de croît plus faible, il en est de même en termes de photovoltaïque. Le graphique ci-dessous illustre ce constat pour une situation en Nord-Bretagne : l’installation sur toiture existante est la plus intéressante avec un Capex de 988 € / MWh pour une orientation sud et un coût supplémentaire de 120 € (12 %) pour une orientation est ou ouest. La solution au sol sur surface délaissée mérite de s’y intéresser. Pour conclure, l’investissement est plus élevé pour la solution bâtiment neuf + centrale photovoltaïque comparativement à la solution tracker 2 axes mais elle permet de disposer de capacités de stockage supplémentaires. La production d’une installation au sol ou tracker n’est pas éligible à la revente auprès d’EDF oa. La production est destinée uniquement à l’autoconsommation, le dimensionnement de l’installation doit être calibré en fonction du talon de consommation de l’exploitation sachant que la partie non consommée est perdue. En effet, à date, il n’existe pas de solution économiquement intéressante de stockage de l’électricité au niveau de l’exploitation. Notons enfin, qu’au mieux, le taux d’autoproduction avoisinera les 30-35 %. Une toiture existante peut recevoir une centrale photovoltaïque sous réserve de remplir au moins les critères suivants : absence d’amiante, structure de la charpente en capacité de supporter la charge des panneaux photovoltaïque et isolation résistant au feu dans le cadre de bâtiments d’élevage. De surcroît, après installation, tous les équipements doivent être reliés à la même terre pour assurer l’équipotentialité, c’est-à-dire éviter les courants parasites néfastes à l’élevage. Valorisation des kWh La production d’énergie est un investissement sur un temps long. Une centrale photovoltaïque va produire 30 ans. Avec l’arrêté S21 d’octobre 2021 il est possible d’autoconsommer une partie de sa production et de revendre, auprès d’EDF oa, le surplus au même tarif que les installations en vente totale, et ce pour les puissances comprises entre 100 kWc et 500 kWc. Une autre voie d’avenir pour la valorisation des kWh non consommés sur site sera la vente de gré à gré ou PPA. Pas ou peu développé aujourd’hui dans le secteur agricole, la recherche d’autonomie et de résilience plaide dans ce sens. Discuté fin 2022 au Parlement, le « Projet de loi relatif à l’accélération de la production d’énergies renouvelables » vise notamment à donner un cadre à l’agrivoltaïsme. Certains opérateurs proposent dès à présent la signature de contrats pour de futurs projets. La loi définitive n’étant pas encore votée, il est prématuré de signer un contrat d’intention et de se priver ainsi de tout pouvoir de discussion ultérieur. Au final, il convient de bien réfléchir son projet en faisant appel à un conseil neutre, sachant que tout le monde s’accorde à dire que l’électricité sera plus chère que ce que nous avons connu ces dernières années mais pour autant ne restera pas au tarif de 2023. À noter également que compte tenu du plan de charge des installateurs, une réflexion sur un projet photovoltaïque entamé en janvier 2023 aboutira à un début de production au second semestre 2024. Dominique Villoury

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