- Illustration « Je me sens libre dans mon job de salariée d’élevage »
Depuis cinq ans, Judith Guélat s’épanouit comme salariée en atelier laitier.

« Je me sens libre dans mon job de salariée d’élevage »

Embauchée il y a cinq ans sur l’élevage laitier de Mathieu Geffroy, Judith Guélat, rigoureuse et énergique, apprécie la confiance donnée par son employeur au fur et à mesure qu’elle gagne en expérience et monte en compétences.

Judith Guélat, 24 ans, travaille depuis cinq ans comme salariée d’élevage à l’EARL Geffroy à Lanrivain. Cette aventure a commencé tout simplement en répondant à une offre d’emploi trouvée sur Internet. Mathieu Geffroy, son employeur, se rappelle : « J’avais pris beaucoup de temps pour rédiger mon annonce. Je voulais être le plus précis possible dans la description du poste pour m’assurer que seuls des profils pouvant correspondre se présenteraient. »

Prime à la jeunesse

Parmi les différentes candidatures, le producteur de lait a finalement préféré donner sa chance à « une jeune » considérant que « l’avenir appartient à la jeunesse ». Judith, non issue du milieu, a ainsi été engagée avec comme seul bagage sa formation au lycée agricole de Kernilien à Plouisy. « Je suis entrée dans l’établissement en 4e avec un projet professionnel en lien avec l’équitation. Je rêvais d’avoir mon centre équestre », détaille l’amoureuse des chevaux. « Mais en filière équine, les places sont chères et je me suis finalement orientée vers un bac pro CGEA. Lors de mes stages, j’ai retrouvé en élevage laitier la proximité avec les animaux qui me tient à cœur. » Pourtant, diplôme en poche mais sans idée précise concernant son avenir, la jeune femme a débuté par deux contrats en usine agroalimentaire avant de comprendre qu’elle n’était vraiment pas faite pour cela.

Appliquée, motivée et exigeante

À l’EARL Geffroy, Judith Guélat a démarré à temps partiel. La traite était alors sa mission principale. Appliquée et motivée, voire déterminée, elle a rapidement évolué vers un emploi à temps plein. « Je ne lui ai pas mis la pression dès le premier jour. Mais pour s’épanouir dans ce job, il ne faut pas rester cantonné à la traite. L’objectif est d’amener le salarié à l’autonomie via un cheminement par étapes », explique Mathieu Geffroy qui a été employé pendant 10 ans dans le secteur bancaire avant de s’installer en 2015. Pour lui, la prise de responsabilité progressive doit forcément s’accompagner par de la formation en continu. Judith Guélat apprécie ces rendez-vous qui nourrissent sa soif d’apprendre et lui permettent de monter en compétences : « J’ai suivi des formations en alimentation, en parage, en médecine alternative… L’acquisition régulière de nouvelles connaissances me permet de gagner en polyvalence et en tranquillité dans mon travail. » Aujourd’hui, en plus de la traite, la Costarmoricaine est associée à la plupart des tâches et des décisions de l’atelier laitier au quotidien – conduite des veaux, gestion de la santé des pieds, préparation et distribution de l’alimentation avec la mélangeuse, suivi de la reproduction en partenariat avec le vétérinaire… – et assure l’astreinte deux week-ends par mois. Elle s’occupe des 100 vaches comme si c’était les siennes. « Je suis aussi exigeante avec les autres qu’avec moi-même. J’aime que le boulot soit bien fait ! », tranche-t-elle.

« L’élevage laitier, une sorte de passion »

Face à cette personnalité rigoureuse, Mathieu Geffroy a su faire confiance. L’esprit libre, il peut ainsi se concentrer sur les deux poulaillers (poulets de chair) et les cultures et l’évolution de son exploitation vers l’agriculture de conservation avec l’objectif du zéro maïs dans l’assolement à l’avenir : « Judith a aujourd’hui la charge de la partie lait et d’une certaine manière c’est moi qui viens faire son remplacement lors de ses absences », sourit l’employeur. Un équilibre qui convient parfaitement à la jeune femme : « Dans ce job de salariée, je me sens libre et autonome. À côté de mes chevaux, l’élevage laitier est devenu une sorte de passion. Cela, je le dois aux éleveurs qui m’ont bien accueillie et formée depuis mes premiers pas dans l’agriculture. »

De la reconnaissance pour les salariés

Face à la pénurie de main-d’œuvre et l’important turn-over des salariés, Mathieu Geffroy applique une recette simple pour fidéliser : « J’essaie de toujours avoir de la reconnaissance pour le travail de Judith. Ensuite, je ne veux pas d’une simple exécutante : mes choix d’entreprise lui sont au minimum clairement expliqués mais en général je cherche toujours à l’impliquer. » Par exemple, les génisses n’étant plus élevées sur site, Judith et Mathieu se déplacent ensemble pour acheter les animaux de renouvellement : « C’est mieux d’avoir quatre yeux pour avancer. » L’éleveur souligne aussi l’importance de limiter la pénibilité au travail. Chez lui, plancher mobile en salle de traite, cage de parage pour intervenir en sécurité ou chariot à lait apportent du confort au quotidien, explique-t-il. Le tableau de la salle de pause est également essentiel : « Même si nous échangeons tous les matins au café, pour ne pas être pris au dépourvu, cet outil offre une visibilité d’un mois sur le planning de travail et de congés. » Pour Mathieu Geffroy, une hiérarchie dans une équipe ne doit pas empêcher un esprit collectif positif. « On parle souvent de mauvais salariés, mais il y a aussi de mauvais patrons. Celui qui ne peut pas faire confiance aux gens ferait mieux de travailler seul… » À 36 ans, le Costarmoricain conserve la même envie de transmettre : depuis septembre, Millian Péan de Ponfilly, en 1re bac pro au lycée Pommerit, complète le binôme en tant qu’apprenti.

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