De nouveaux repères pour la campagne 2023

En 2022, l'envolée du cours des céréales compense la hausse du prix des intrants. Les coûts des cultures sont au plus haut pour la campagne 2023. + 105 € par hectare : c’est la hausse des charges opérationnelles en blé, observée chez les adhérents Cerfrance Bretagne entre 2021 et 2022. Au vu de la forte inflation sur les engrais notamment, on s’attendait à pire. Cependant, des achats de fertilisants ont été réalisés fin 2021, avant la flambée des prix. Des adaptations dans la conduite des cultures, sur la quantité d’engrais apportée et son fractionnement ont aussi permis de contenir la facture (+40 %). Bonne nouvelle du côté des récoltes de l’été 2022 : malgré le temps chaud et sec, les rendements en blé et colza sont supérieurs aux moyennes quinquennales. En maïs, les récoltes sont très hétérogènes à l’échelle de la région, mais aussi de l’exploitation, selon la profondeur du sol et l’arrivée de précipitations au bon moment du cycle végétatif. Des marges 2022 au sommet Grâce à des prix en hausse, les marges brutes atteignent des niveaux inédits : 1 500 € par hectare en blé et 1 800 € en colza sont observés dans les dossiers comptables clôturés depuis la récolte 2022. Si les marges culminent en 2022, la hausse concomitante des cours des intrants, de l’énergie et l’inflation sur les autres postes de charge se répercuteront pleinement sur la campagne 2023. En blé, le coût des intrants pourrait dépasser 700 € l’hectare. 2023 : des besoins de trésorerie en hausse Face à cette hausse des coûts, il faut apporter une attention particulière au décalage de trésorerie entre les dépenses engagées et l’encaissement de la première vente de grains, décalage appelé Besoin en Fonds de Roulement (BFR). Les dépenses à prendre en compte sont les avances en terre, les fermages, les entretiens et assurances des matériels, bâtiments et foncier. En blé, le BFR approcherait 1 400 € à l’hectare en 2023, soit 50 % de plus qu’en 2021. Comment financer ce BFR ? Les crédits bancaires sont une source de financement classique. Ils en couvrent la partie cyclique, liée aux avances aux cultures. Les bonnes marges 2022 doivent permettre de couvrir l’augmentation du BFR. Anticiper un retournement de marché Les repères changent et le contexte est incertain. Un retournement de tendance avec resserrement des produits et des charges est prévisible, même si on ne sait pas quand il interviendra. Une consolidation de la trésorerie de l’exploitation permet d'anticiper les conséquences de cet effet de ciseau. Plus que jamais les stratégies de couverture sur l’achat des intrants et la vente des grains contribuent à sécuriser les marges et la trésorerie. Au sein d’une exploitation, l’échelle des marges entre cultures risque de bouger. Des arbitrages peuvent se faire entre cultures peu consommatrices en intrants (orge, triticale), cultures à fort potentiel mais coût élevé (avec irrigation par exemple), cultures sous contrat, voire nouvelles cultures (oléagineux, plantes à fibres…). Intérêt agronomique, adaptations techniques et impact de la Pac sont à mesurer afin de rechercher le meilleur rapport bénéfice/coût. Geneviève de Lansalut / Cerfrance Bretagne

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