« Après vêlage, une primipare n’ingère que 10 kg de matière sèche »

Les essais aux Trinottières, la ferme laitière expérimentale de la Chambre régionale d’agriculture des Pays-de-la-Loire, ont montré que le niveau d’ingestion d’une vache varie sensiblement au cours de sa lactation. Le troupeau de la ferme expérimentale des Trinottières à Montreuil-sur-Loir (49) est nourri avec une ration complète composée de 71 % de maïs ensilage, 25 % de tourteau de colza, 3 % de paille et 1 % de minéraux. « Équilibré à 95 g de PDI/UF, le mélange est optimisé pour ne pas gaspiller de protéines. C’est un compromis entre potentiel laitier et économie », a expliqué Julien Jurquet, responsable de projets en alimentation et nutrition des vaches laitières à l’Institut de l’élevage, à l’occasion des portes ouvertes de la station en octobre 2021. L’ingestion varie avec le stade physiologique De 2011 à 2017, 250 lactations ont été suivies de très près du vêlage au 8e mois de production. « Premier enseignement : une vache des Trinottières ingère en moyenne 22 kg de matière sèche et produit 32 kg de lait par jour. » Mais derrière ces chiffres se cache « une grande variabilité » entre individus et « de précieux enseignements ». L’utilisation d’auges peseuses individuelles depuis des années sur le site a notamment montré lors des divers essais qu’un même animal peut présenter un écart de 10 kg d’ingestion de matière sèche par jour à deux moments différents de sa lactation. « Cela varie en fonction de son stade physiologique. » Parmi les messages martelés par Julien Jurquet à destination des éleveurs visiteurs, un repère important : « Une primipare qui vêle à l’âge de 24 mois n’est pas encore adulte. La première semaine après mise bas, elle n’est capable d’ingérer que 10 kg de matière sèche. » Et de poursuivre en précisant qu’en 3e semaine, une primipare n’avale toujours que 14 kg de matière sèche et une multipare 17 kg. « Retenez qu’il faut compter 3 mois en lactation pour qu’une primipare atteigne son plein niveau d’ingestion. Pour une multipare, on parle de 2 mois. » « Après vêlage, mollo sur les concentrés » Aux Trinottières, l’alimentation se limitant au mélange distribué à l’auge, chaque animal, en fonction de sa capacité d’ingestion, consomme ce qu’il peut. « Mais attention, en ration semi-complète avec apport de concentrés au Dac, au robot ou manuellement au cornadis, les éleveurs ont souvent le réflexe ou l’envie de “soutenir” le démarrage de la production en apportant de l’aliment en plus… C’est une mauvaise idée », met en garde Julien Jurquet. Juste après vêlage, quand l’ingestion est très limitée, une rallonge de 2 ou 3 kg de concentrés peut vite représenter 20 % de la ration effectivement avalée. « La vache mange l’aliment en priorité et consomme moins à l’auge au détriment de la proportion de fourrages ingérés. Sans s’en apercevoir, l’éleveur distribue à ces fraîches vêlées un régime à 40 à 50 % de concentrés avec les risques d’instabilité ruminale que cela provoque. » Conclusion : le spécialiste recommande vivement « d’y aller mollo » sur le niveau de concentré en début de lactation, à la fois pour une histoire « d’équilibre de la ration et de coût alimentaire. »

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