10305.hr - Illustration Gérer seul 100 vaches en tout herbe
Pour se lancer en vêlages groupés de printemps, Kevin Tymen, installé à Plonévez-Porzay, a acheté 65 animaux kiwis en Irlande.

Gérer seul 100 vaches en tout herbe

Lors d’une journée dédiée à la production de lait et de viande au pâturage et construite autour du témoignage de 7 éleveurs de France et du Pays-de-Galles, Kevin Tymen présentera son parcours et ses premiers retours d’expérience en système tout herbe plein air intégral.

Installé depuis 18 mois, Kevin Tymen sait où il veut aller et surtout comment y aller. « Je veux produire du lait bio en système tout herbe, plein air intégral, vêlages groupés et monotraite. » Un projet mûrement réfléchi nourri par une expérience de 3 ans en Nouvelle-Zélande après ses études agricoles en Bretagne. « Là-bas, j’ai travaillé sur des troupeaux allant de 230 vaches en bio à 1 200 vaches en conventionnel. J’ai été frappé par l’efficacité à l’UTH et la technicité des éleveurs concernant l’organisation du travail, la prise en charge de la reproduction et bien entendu la gestion de l’herbe. »

Un parcellaire adapté

Après avoir envisagé s’installer sur la ferme familiale, le Finistérien s’est finalement lancé seul. En rentrant des antipodes, il a eu la chance de rencontrer un producteur de lait prêt à lui céder sa structure dans les deux ans. « La ferme se trouve dans le Porzay, un secteur de sols profonds où il pleut et l’herbe pousse. Mon cédant avait fait un excellent travail pour avoir un outil cohérent à transmettre. En reprenant 22 ha peu avant la retraite, il avait créé un accessible de 58 ha sur 62 ha de SAU. » La mise en place d’un boviduc dès 2014, de chemins et du réseau d’eau au champ étaient aussi de gros atouts pour une évolution immédiate du système à la reprise. « En arrivant, j’ai mis en place des clôtures en poste fixe assurant le découpage des paddocks. Les 13 ha cultivés en maïs ou céréales ont été semés en herbe. »

Une génétique adaptée

Anticipant son installation en février 2020, Kévin Tymen a acheté en Irlande en juin 2019 un lot de 65 génisses kiwis sevrées. « Je voulais le plus tôt possible conduire une génétique adaptée au pâturage : des vaches faciles, moins lourdes pour préserver les sols, qui vêlent bien et n’ont pas peur de marcher, avec une bonne fécondité et des taux. Toutes du même âge, nées sur quatre élevages en vêlages groupés de printemps, elles sont arrivées pour 410 € rendu ferme. » Des 60 Holstein du cédant, la moitié a déjà quitté les lieux : « Elles se trient d’elles-mêmes, celles qui entrent dans le cycle saisonnier de reproduction sont inséminées en Blanc Bleu et font une lactation de plus. »

La monotraite a démarré il y a un an. Pour l’éleveur qui travaille seul, c’est un choix en faveur de la qualité de vie. « Cette approche permet aussi d’avoir des animaux en bon état corporel, avec des taux et une bonne reproduction. J’espère aussi de la longévité… », explique Kevin Tymen. Le 1er décembre, ses vaches seront taries pour deux mois et conduites en « bale grazing » (enrubannage déroulé sur un paddock chaque jour) et le travail d’astreinte réduit à une heure par jour. Cela laissera le temps au jeune éleveur d’aller partager ses réussites, ses échecs (« Je n’ai livré que 240 000 L de lait cette année, en dessous de mon prévisionnel ») et sa passion pour la gestion de l’herbe lors de la conférence organisée le 7 décembre par PâtureSens près de Saint-Lô (50).

7 éleveurs prennent la parole en conférence

Non issu du milieu agricole, Matthew Jackson gère aujourd’hui 1 700 laitières au Pays de Galles. David Wynne Finch, qui dirige aussi de grands troupeaux là-bas, développe une laiterie pour transformer le lait de printemps afin de sécuriser les débouchés et de capter de la valeur. En Mayenne, suite au départ d’associés, François Blot a tout changé pour conduire 200 vaches au pâturage et livrer 920 000 L en bio pour 100 heures de travail par semaine gérées avec deux salariés. Dans la Manche, Maxence et Émilie Calais font pâturer quasiment 10 mois grâce à l’agencement du parcellaire (chemins sur copeaux, abreuvoirs, clôtures, haies…) et livrent 600 000 L de lait. Dans le Nord, Estelle et Ludovic maximisent le pâturage en bio (lait et allaitant) sur 100 ha accessibles grâce à des accords avec les voisins. Leur stratégie a diminué les besoins en main-d’œuvre. Double actif, Guillaume Malherbe engraisse des bovins et élève des génisses sur 23 ha pour 1 heure de travail par jour. Mardi 7 décembre, à 8 h 30, Domaine de la Palombe (13 le Repas) à Villers-Fossard (près de Saint-Lô, Manche). 145 € la journée (entrée, collations et cocktail déjeunatoire). Information et inscription : 07 89 21 96 18 ou conference-paturage-prairies.fr


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article