- Illustration S’inventer un métier en faveur de la qualité de vie

S’inventer un métier en faveur de la qualité de vie

Le Gaec de Pen-ar-Vern a évolué vers un système herbager en faveur de la vie de famille et du revenu. Les associés témoigneront pour la « Semaine du lait bio » des Chambres d’agriculture.

« Nous avons un énorme atout : être en Centre-Bretagne, avec sa douceur et sa pluie », sourient Guylène et Gilbert Tromeur. À Collorec (29), ces anciens passionnés de Holstein ont débuté leur carrière dans un système classique : « 50 % de surface en herbe, 25 % en maïs, 25 % en céréales. » Sans vraiment s’y retrouver. « Pendant 10 ans, sur nos terres légères et caillouteuses, nos blés généraient des marges brutes positives, mais des marges nettes négatives… »

« 12 fois plus efficace que nous »

Heureusement, sur leur parcours, les deux curieux ont fait « de belles rencontres ». De celles qui font réfléchir, voire bouleversent. Lors de travaux de groupe ou de voyages d’étude sur le croisement de race ou les conduites économes en Irlande ou Angleterre par exemple. « Nous avons eu un déclic devant cette Irlandaise qui gérait sa ferme quasiment seule en monotraite pour voir grandir ses enfants et qui avait eu le temps de nous préparer un gâteau… Ou cet éleveur de Ploërdut (56) 12 fois plus efficace que nous car il produisait quatre fois moins de lait pour un revenu trois fois supérieur au nôtre. »
Alors, peu à peu, la ferme a évolué parallèlement à l’état d’esprit de ses propriétaires. « D’abord, l’intégration de la race Simmental et 6 ans en agriculture durable. Puis en 2009, le passage en bio et l’arrivée des premières Jersiaises. Depuis 9 ans, il n’y a plus de concentré et depuis 4 ans, la culture du maïs est abandonnée… »

« Disponibles quand les enfants rentrent »

« À la mi-carrière, nous avons fait un bilan et décidé de privilégier les objectifs humains », En 2015, les associés ne traient plus qu’une seule fois par jour. « Le plus grand changement mené depuis l’installation. Le plus intéressant et le plus bénéfique pour notre famille aussi. »

La grosse période de travail s’étend de mars à juin : « 80 % des vêlages ont lieu en trois mois. La mise à la reproduction débute au 15 mai. Nous allons détecter les chaleurs 2 à 4 fois par jour pour les génisses et 4 à 6 fois pour les vaches. » Mais en fin d’après-midi, Guylène et Gilbert Tromeur sont disponibles quand les enfants rentrent de l’école. Et grâce au service de Finistère remplacement, ils prennent 4 semaines de congés par an. « La souplesse horaire de la monotraite pourrait d’ailleurs être une voie pour garder du salariat en agriculture… »

« Un modèle trop peu considéré »

Les performances du troupeau ont radicalement changé en 15 ans : le niveau d’étable de 7 200 L par vache par an à 31 de TP et 39 de TB est tombé à 3 300 L à 38,6 et 54,4 en monotraite. « En ne trayant qu’une fois par jour, la perte économique est de 0 à 2 %. Le volume de lait brut a baissé de 22 % et la matière utile de 10 % que nous avons compensé par 10 % d’effectif en plus… Mais nous consommons moins d’électricité, il n’y a plus les dépenses liées à la culture du maïs et nous avons gagné un temps humain qui n’a pas de prix », chiffre Gilbert Tromeur.

Surtout, la vérité des chiffres est ailleurs. Quand on cumule les effets du prix du lait bio, les taux de la Jersiaise (+ 130 € de plus-value aux 1 000 L) et la conduite herbagère et économe, le revenu actuel au Gaec est bien supérieur qu’à l’époque du système classique. L’EBE aux 1 000 L dépasse les 400 € (55 % d’EBE / CA).
« C’est ici, en Centre-Bretagne où la pression foncière est moindre, qu’on devrait développer la production laitière. Malheureusement, les dernières installations ne se font pas sur notre modèle. Nous avons envie de dire aux jeunes, à l’heure du projet de s’intéresser, à un système cohérent qui réclame peu d’investissement et permet vivre agréablement de son métier », terminent les associés. 

100 % herbe

En 1995, la SAU du Gaec s’élevait à 40 ha pour 180 000 L de lait produits. Aujourd’hui, les 115 laitières conduites sur 123 ha tout en herbe permettent de vendre 380 000 L. « Grâce à des achats et échanges fonciers, le parcellaire est groupé et 85 ha sont accessibles par des chemins, soit 74 ares par vache. » Le troupeau est nourri exclusivement au pâturage de mi-avril au 20 octobre « en année normale » (7 septembre en 2018). Le reste du temps, le régime est complété par de l’enrubanné à l’auge. Les vaches dorment en bâtiment seulement de décembre à février. Après différents essais (chicorée, plantain lancéolé, espèces spécifiques fauche ou pâturage…), désormais, toutes les surfaces sont semées avec le même mélange souple d’exploitation pour la pâture et la fauche (900 bottes d’enrubanné par an réalisées par ETA).

4 rendez-vous

Rotation, choix des espèces, implantation des prairies, aménagement parcellaire, valeurs alimentaires… Les Chambres d’agriculture de Bretagne proposent quatre portes ouvertes autour de la valorisation de l’herbe (pâturée ou récoltée), facteur clés de la réussite en bio. Tous les rendez-vous à 13 h 30 :
• Mardi 23 avril au Gaec de Pen-ar-Vern à Collorec (29) ou à l’EARL Pacéa à Pipriac (35).
• Mercredi 24 avril à l’EARL Pen-a-Vern à Plufur (22).
• Jeudi 25 avril au Gaec de l’Horizon vert à Berric (56).
Infos : www.chambres-agriculture-bretagne.fr


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