David Tojo est chargé des cultures, alors que Juan Manuel Cesar s’occupe de l’élevage sur leur exploitation de 50 VL. - Illustration “En Galice, la banque ne pardonne pas”
David Tojo est chargé des cultures, alors que Juan Manuel Cesar s’occupe de l’élevage sur leur exploitation de 50 VL.

“En Galice, la banque ne pardonne pas”

Deux éleveurs espagnols ont opté pour le fermage de leur exploitation et agrandissent leur cheptel petit à petit, en maîtrisant l’endettement.

Davis Tojo, 26 ans, et Juan Manuel Cesar, 42 ans, ont fait le choix audacieux de s’installer sur une ferme laitière, en Galice, qu’ils louent.

Petite ferme intensive

Les deux associés traient entre 40 et 50 vaches tout au long de l’année. Leur troupeau avoisine les 80 UGB (dont taries et génisses) pour une production totale de 400 000 litres. La terre, denrée rare en Galice, est extrêmement fragmentée. Beaucoup de leurs parcelles n’excèdent pas 3 000 m2. Sur les 32 hectares loués, le pâturage accessible varie entre 3 et 20 ha selon les rotations et les périodes de l’année. Tous les ans, ils sèment 13 ha de maïs et dépensent environ 48 000 € dans les concentrés (correcteurs azotés et aliment de production). Leur objectif est d’augmenter progressivement le nombre d’animaux, pour atteindre 70 VL. Cependant, leur marge de manœuvre demeure relativement étroite puisqu’ils épandent déjà 100 U N/ha en plus du lisier, avec un chargement supérieur à 2 UGB/ha.

Limiter l’endettement

Avant de se lancer, ils ont mûrement réfléchi leur stratégie économique. Au vu de l’explosion de l’endettement dans les exploitations laitières galiciennes, ils ont fait le choix du recours minimum au crédit. Le bâtiment est loué à un ancien exploitant (600 €/mois). Ils ont pu s’arranger avec lui pour la construction d’une extension pour les génisses. La location des terres leur coûte, chaque année, entre 220 et 630 €/ha. Ils n’ont investi que dans le matériel (62 000 €), qu’ils partagent avec un proche voisin. Finalement, ils ne sont propriétaires que du troupeau. Pour les éleveurs, leur modèle économique comporte de nombreux avantages, permettant notamment une certaine souplesse financière. « Dès le premier jour, on a mis de l’argent dans notre poche. Si le prix descend trop bas, on peut s’arranger avec l’ancien paysan, ou même tout quitter, alors que la banque, elle, elle ne pardonne pas. ».

Prix de base à 28 centimes

Comme ailleurs en Europe, les producteurs de lait doivent désormais composer avec un prix extrêmement variable. En Galice, les contrats de livraison sont renouvelés chaque année et les indicateurs de prix varient selon les industriels. En 2018, l’acheteur des deux associés paie 70 % du volume contractualisé à 280 €/1000 litres de prix de base (+ 2 €/1000 litres pour pâturage + primes qualités). Les derniers 30 % varient en fonction des enchères de Fonterra et des cotations européennes du beurre, du gouda et du fromage industriel. Ces dernières années, le prix international était environ de 220 €/1 000 litres. Comme le fait remarquer un des éleveurs, malgré l’existence de quelques organisations de producteurs, « il n’y a pas de vraie capacité de négociation. Ils te donnent le papier, tu signes, et c’est tout. »

1 000 € de salaire mensuel

Les deux jeunes associés font ce métier par passion de l’élevage et du travail indépendant. Jusqu’à présent, ils sont parvenus à prélever chacun 1 000 € de salaire mensuel qu’ils réajustent à la fin de l’exercice comptable. En Espagne, le salaire minimum est fixé à 775  €/mois.

Principal bassin laitier espagnol

La Galice est le principal bassin de production laitière de la péninsule ibérique. Le volume total livré à l’industrie atteint 2,6 milliards de litres en 2017, soit près de 40 % de la production nationale. En 2018, la Galice compte 7 850 exploitations laitières. En 1986, la région dénombrait plus de 100 000 points de collecte.

Jules Hermelin


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