Un éleveur aux couleurs Bleu Blanc Cœur !

S’il existait, l’étendard « Bleu Blanc Cœur » flotterait sûrement sur l’élevage de Jean-Noël Tardivel. En adhérant à cette marque collective, il a pu abandonner le porc dit « standard » et valoriser une partie de sa production en créant une gamme de terrines.

« Manger est nécessaire, mais si, en plus, on peut se faire plaisir, c’est gagné ! », affirme sans hésitation Didier Le Gousse, tout en prélevant un beau filet mignon de la carcasse qu’il travaille. Charcutier-traiteur à Saint-Brieuc, il apprécie de pouvoir compter sur un éleveur qui toute l’année lui fournit une viande de qualité : « Pour moi c’est un moyen, parmi d’autres, d’être à la hauteur des attentes de ma clientèle ».

Professionnel aguerri, Didier Le Gousse sait qu’on pousse rarement la porte d’un artisan charcutier par hasard… Voilà pourquoi il s’impose depuis plusieurs années d’acheter local. Alors, quand un beau matin, Jean-Noël Tardivel est venu à son magasin lui proposer ses porcs sur paille, le charcutier a voulu essayer : « Des bêtes élevées sans antibiotiques, sans OGM et bien nourries… ça m’a tout de suite parlé. Et puis, je me suis rendu sur place. J’ai vu des cochons plus libres, moins stressés… Alors j’ai dit de m’en mettre un à l’abattoir. Sa viande était de bonne tenue, ferme à la coupe et tendre dans l’assiette… »

[caption id=”attachment_31866″ align=”aligncenter” width=”720″]Didier-Le-Gousse Didier Le Gousse, charcutier traiteur à Saint-Brieuc (les Saveurs de St-Jouan) prélève un filet mignon sur un porc Bleu Blanc Cœur acheté à Jean-Noël Tardivel. Ce connaisseur apprécie de travailler « une viande de bonne tenue, ferme à la coupe et tendre dans l’assiette ». Et ses clients lui en redemandent ![/caption]

« Il me faut mes cochons »

Des paroles à même de conforter Jean-Noël Tardivel sur ses choix et sa stratégie. Petit retour en arrière… En 2001, quand ses parents prennent leur retraite, il se partage la ferme familiale avec Marie, sa sœur. « Marie s’est installée en lait. Moi, j’ai délibérément choisi le porc. C’est comme ça, il me faut mes cochons, je suis bien avec eux »

Mais au fil du temps, il a compris que ses débouchés seraient plus limités s’il se cantonnait à l’élevage traditionnel : « On n’est pas de taille dans ce domaine pour supporter la concurrence de nos voisins allemands ou espagnols ».  Pas étonnant alors qu’en empruntant la voie de la qualité, il se soit intéressé à la démarche Bleu Blanc Cœur : « Non seulement je me suis engagé à apporter une alimentation plus équilibrée à mes cochons, en leur donnant à manger mon propre blé, mais en plus, j’ai pu bénéficier du suivi et du savoir-faire du groupe Sanders qui me fournit le complément alimentaire, avec toujours comme objectif, la volonté d’améliorer le produit. »

Un pari rarement gagné d’avance. Didier Le Gousse est bien placé pour le lui rappeler : « Le problème, c’est qu’un cochon heureux a tendance à faire du gras… C’est pour cela que la maîtrise alimentaire exigée par cette filière permet de maintenir un juste équilibre entre le maigre pour la rentabilité, et le gras pour le goût ». Parole d’expert, s’il en est…

Les terrines de la Grande Lande

Sur sa lancée, Jean-Noël Tardivel est allé plus loin en créant sa propre gamme de terrines : pâté de jambon, pâté de campagne (au porto, au thym), rillettes aux algues…  Sept recettes qu’il a lui-même mises au point, sans oublier de faire appel à de petits producteurs locaux pour y ajouter d’authentiques saveurs de pays. À l’image du « Potager aux mille Saveurs », à Hillion, où il se fournit en herbes aromatiques.

Ne disposant pas de laboratoire agréé, il fait fabriquer ses terrines par Alexandre Cosperec, charcutier à Langonnet, dans le Morbihan. Elles sont ensuite distribuées en épiceries fines, chez les cavistes, dans les boulangeries et les magasins de primeurs. L’éleveur ambitionne à court terme de développer ses ventes sur le bassin rennais et la région parisienne. En septembre dernier, il a confié la commercialisation de ses terrines à Florence Le Boulzec. La jeune femme prépare une licence de Responsable développement commercial en alternance.

À terme, Jean-Noël Tardivel compte bien créer un véritable poste de commercial salarié sur l’exploitation, sachant que sur le créneau très concurrentiel de la charcuterie en conserve, la promotion du produit et le suivi du réseau distributeur constituent une mission à part entière. L’aventure ne fait que commencer…

[caption id=”attachment_31867″ align=”aligncenter” width=”720″]Florence-Le-Boulzec Préparant une licence Responsable développement commercial en alternance, Florence Le Boulzec assiste Jean-Noël Tardivel depuis septembre 2017. Elle a pour mission de développer son réseau de revendeurs pour les terrines comme ici au magasin de primeurs « Chez Paulette » à Plérin (22).[/caption]

« On a tous le droit de bien manger »

Créée il y a près de 20 ans, l’association nationale Bleu Blanc Cœur réunit des représentants de toute la chaîne alimentaire (agriculteurs, transformateurs, consommateurs, professionnels de santé…) qui défendent un même principe : quand les animaux sont bien nourris, l’homme se nourrit mieux. Cette marque collective, à la notoriété grandissante, pèse aujourd’hui 1,5 milliard d’euros et son volume d’activité progresse au rythme annuel de 20 %. Quand un éleveur porcin y adhère, il s’engage à diversifier l’alimentation de ses animaux. C’est-à-dire à limiter le soja et le maïs et à introduire de la graine de lin et divers compléments (pois, lupin, luzerne, fèverole). À lui de les cultiver ou de travailler avec un fournisseur d’aliments, lui-même engagé dans la démarche. L’objectif principal est de tendre vers un équilibre lipidique optimal de la viande entre les teneurs d’oméga 6 et d’oméga 3. Deux acides gras indispensables à notre organisme. Ce rééquilibrage en faveur des oméga 3 (grâce à la graine de lin) est régulièrement contrôlé par des prélèvements lors de l’abattage. L’alimentation Bleu Blanc Cœur a aussi des conséquences directes sur l’état sanitaire des élevages. Une forme de prévention qui diminue les frais vétérinaires, allège la charge de travail et permet à l’éleveur, s’il le souhaite, de réduire la médication, notamment le recours aux antibiotiques. Nathalie Kerhoas


Contact :

Jean-Noël Tardivel – Ferme de la Grande Lande – Plélo (22). www.lafermedelagrandelande.fr – 06 77 14 75 83


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