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Mouches et sécheresse : double peine pour la campagne maïs 2016

Marquée par les attaques de mouches en début de cycle et par la sécheresse estivale, la campagne 2016 a été difficile pour les cultures de maïs. Les prairies ont également souffert, accentuant le déficit fourrager dans les régions les plus sèches. L’ouest de la Bretagne, qui a bénéficié de plus de pluie en juillet et en août, s’en sort bien.

Les préparations de terres et les chantiers d’ensilage d’herbe étaient bien avancés mi-avril, mais les températures froides de la dernière décade d’avril ont freiné les ardeurs pour les semis de maïs. La grosse vague de chantiers de semis n’a commencé qu’à partir de début mai, l’essentiel des surfaces était en terre au 20 mai, dans des bonnes conditions. Les levées ont été assez rapides grâce aux températures clémentes à cette période. Fin mai, on note les premiers retours d’attaques de mouche sur des maïs à 3-4 feuilles. Puis dans les jours suivants, de plus en plus de parcelles sont observées avec ce type de dégâts, un peu partout.

L’espèce géomyze, petite mouche fréquente sur graminées, est identifiée comme principale responsable de ces attaques. La région Bretagne est la plus touchée, mais les régions voisines sont aussi concernées : Pays de la Loire, Normandie et même un peu en région Centre, dans les zones d’élevage. La fréquence de parcelles touchées et l’intensité des dégâts marque le phénomène d’une ampleur jamais observée. Dans beaucoup de parcelles non protégées par le traitement de semences Sonido, la densité restante est estimée à moins de 50 %. Malgré tout, il n’y a eu que quelques milliers d’hectares resemés sur la région, le retour sur investissement n’étant pas garanti à cette époque.

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Manque d’eau crucial autour de la floraison

Les désherbages de prélevée ou de post-levée précoce n’ont pas toujours donné satisfaction en raison d’un mois de mai plutôt sec. En juin, la pluie revient, les interventions herbicides sont difficiles à positionner. Les maïs, peu couvrants en raison du déficit d’ensoleillement, se salissent et les interventions trop tardives vont pénaliser le rendement.

Fin juin, on observe encore quelques dégâts de mouche sur les parcelles resemées, auxquels s’ajoutent quelques attaques de vers gris. Du côté des ravageurs, on note également des dégâts de pyrale, récurrents dans certains secteurs et répartis un peu partout dans la région. La pression moyenne reste faible, mais dans certaines situations plus touchées, la crainte de pertes de rendement et de qualité amène les producteurs à réaliser des interventions spécifiques. Concernant les maladies, on observe de l’helminthosporiose, dans les zones habituelles du Finistère notamment, mais assez tardivement et sans grande conséquence sur la production.

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À partir de début juillet le déficit hydrique s’installe. Sur ces deux mois d’été, le cumul de pluie est de seulement 50 % de la normale, en moyenne sur la région. Cela a pu suffire dans les secteurs les plus arrosés du Finistère et de l’ouest des Côtes d’Armor. Mais dans l’Est, avec parfois moins de 20 mm pendant la phase la plus sensible de la culture, autour de la floraison, les maïs ont fortement souffert (voir carte). La régulation du nombre de grains par épi est parfois importante et le remplissage des grains est pénalisé. Le stress est accentué par les températures élevées,  largement au-delà des valeurs normales, sur la deuxième quinzaine d’août.

À partir des derniers jours d’août, les premières ensileuses sortent dans les secteurs les plus précoces du sud-est Morbihan et sud Ille-et-Vilaine : tôt par rapport au calendrier, mais déjà tard par rapport au stade des maïs souvent ensilés à plus de 35 % de matière sèche cette année. Avec l’excédent de températures cumulé sur la campagne, la maturité des maïs est partout en avance. Les chantiers d’ensilage n’ont pu suivre cet avancement rapide. Cela a par contre permis de récolter des maïs grain à moins de 25 % d’humidité, exceptionnel en Bretagne.

Des rendements fourrage et grain fortement impactés

À l’arrivée, les rendements en maïs accusent un déficit de l’ordre de 30 % dans les zones les plus sèches, de 6-7 t à 11-12 t MS/ha.
Le contraste est encore plus marqué qu’à l’habitude par rapport aux secteurs plus arrosés où les rendements sont bons, proches de la normale, voire supérieurs en raison d’une offre en températures excédentaire. Au point de vue qualité, les premières analyses montrent une richesse en amidon très variable en fonction des conditions de cultures. La digestibilité des fibres reste correcte sur les maïs récoltés secs, quand la récolte a été suffisamment précoce.

En maïs grain, les rendements sont également très variables et majoritairement très décevants dans les secteurs les plus secs. La priorité accordée au remplissage des silos de maïs fourrage ou de maïs grain humide, les volumes collectés sont faibles. Les rendements moyens sont estimés autour de 75-80 q/ha en moyenne, allant de plus de 100 q/ha à moins de 50 q/ha dans des parcelles séchantes et touchées par la mouche géomyze. Suite à ces dégâts de mouches, on a observé dans certaines parcelles des redémarrages de plantes (talles) qui ont pu donner du grain, compensant ainsi en partie la disparition de pieds. Malgré tout, les pertes causées par ce ravageur restent significatives entre 10 et 50 % de rendement en moins dans les parcelles non protégées. Michel Moquet


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