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FDSEA : responsables politiques, à vous de jouer

Entre piqûre de rappel et appel à l’aide, la profession agricole, sous l’impulsion de la FDSEA 22, a pris les devants en rassemblant les élus du département pour exposer leurs doléances alors que les difficultés sur le terrain vont grandissantes.

Si les élus politiques n’ont pas beaucoup apprécié d’être « convoqués » par un courrier « à la forme un peu limite », sur fond de « petit ton menaçant qui déplaît fortement », nombreux étaient au rendez-vous de la FDSEA lundi 13 octobre à Plérin. Autour d’une table très solennelle, 55 personnes étaient là pour débattre : responsables politiques, professionnels et d’organisations agricoles (Gérard Fallon, directeur de la DDTM).

Volatilité des marchés et volatilité des revenus

L’idée de la FDSEA était de faire le point sur les questions cruciales du moment, de s’assurer de la bonne connaissance des dossiers par les politiques, de regonfler leur motivation à user de toute leur influence pour lever des freins, porter des idées… Alors que souvent, la profession se heurte à des élus qui se renvoient la balle d’une majorité à l’autre, d’un hémicycle à l’autre, de Rennes à Paris ou de Paris à Bruxelles, Didier Lucas et son équipe ont voulu alerter, quitte à taper parfois du poing sur la table « pour bien faire prendre conscience du ressenti du terrain », sur l’urgence de la situation des exploitations et plus largement des filières. « Toutes les production sont ou vont être en crise », avait introduit Hervé Moël de la section laitière avant de dénoncer pour l’aval « des réglementations politiques qui viennent nous perturber, un manque de patriotisme et d’incitation au acheter français, un vrai ras-le-bol des GMS qui écoulent 60 à 80 % de nos produits » en cassant les prix et l’activité. Concernant l’amont, le producteur de lait pointait « la surcharge administrative, le poids des contrôles, l’incohérence de la fiscalité face à la volatilité des prix de nos produits et derrière la volatilité de nos revenus. »

Politiques présents

Les députés Michel Lesage (1ère circonscription), Viviane Le Dissez (2e circonscription), Marc Le Fur (3e circonscription), Annie Le Houerou (4e circonscription), Corinne Erhel (5e circonscription) ; le député européen Alain Cadec ; les sénateurs Yannick Botrel et Michel Vaspart ; Michel Morin, vice-président du Conseil régional, chargé de l’agriculture et de l’agro-alimentaire ; Monique Le Clezio, vice-présidente du Conseil général, en charge du partenariat territorial et du développement économique ; Yvon Le Moigne, président du Pays de Guingamp.

« L’installation n’est plus LA priorité »

Les responsables politiques ont été notamment sensibilisés sur 6 points durs définis par la FNSEA fin septembre. Le syndicat entend que les choses bougent d’ici le 5 novembre, date de la journée nationale d’action. « Nous voulons produire pour vous nourrir. » Olivier Judil de JA 22 a interpellé sur l’origine des produits : « Vous votez, mais vous êtes aussi acheteurs via l’approvisionnement des cantines, maisons de retraite… Pourquoi il y a tant de choses dans nos cahiers des charges de production ? Et pas grand-chose dans les vôtres pour favoriser production et économie locale ? » Aux 20 % issus du « territoire proche et qui ne passent pas par la centrale d’achat » avancé comme objectif dans la fourniture des collèges du département par la conseillère générale Monique Le Clézio, Didier Lucas répondait tout simplement « Ce n’est vraiment pas suffisant. »

Olivier Judil regrettait également qu’avec la loi d’avenir fraichement votée, « l’installation n’est plus LA priorité, mais une des priorités. » Faisant le vœu que « toutes les candidatures soient au moins étudiées, alors que la complexification des PDE va freiner évolution et agrandissement des exploitations. » Très dommageable pour les territoires ruraux « quand l’agriculture présente un taux de maintien exceptionnel des entreprises qui se lancent. »

Aides à l’investissement, faune sauvage, Directive nitrates et Bassins versants contentieux étaient les autres chapitres des deux heures d’échange. Sur ce dernier dossier, Alain Cadec, député européen, rappelait d’ailleurs « avoir arrangé un rendez-vous entre des responsables professionnels des Côtes d’Armor et le Commissaire européen à l’environnement l’hiver dernier » avec l’objectif de faire sortir les BVC en conformité depuis des années de ce cadre contraint. Une rencontre qui a permis de faire un pas important sur la question, même si des décisions officielles sont toujours espérées. Comme quoi, quand les politiques se bougent et jouent de leur réseau, ils ont le pouvoir de mieux défendre l’intérêt de leurs territoires. Toma Dagorn


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