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Légume : « On a perdu 25 % de chiffres d’affaires »

La filière légume est en pleine crise et les actions menées la semaine dernière à Morlaix (29) illustrent la tension et le désarroi dans les campagnes. L’exploitation de Christophe Guézennec, à Ploujean (29), représente ce modèle de production mis à mal aujourd’hui.

Christophe Guézennec est touché de plein fouet par la crise légumière. Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer la situation actuelle. « Après une saison de chou-fleur catastrophique, de nombreux producteurs pensaient remonter leur trésorerie avec la récolte d’artichaut. Pour un prix payé de 10 centimes par tête, il n’est pas concevable d’écraser ses coûts de production. Les producteurs ont ainsi perdu 25 % de leur chiffre d’affaires, soit 15 millions d’euros. La fin de la forte période de travail estival a fait descendre les producteurs dans la rue avec les conséquences de dégradations vues le week-end dernier », selon le jeune légumier.

Coût de la main-d’œuvre

Les exploitations utilisant de la main-d’œuvre salariale sont d’autant plus touchées par cette baisse de revenu. « Dans une entreprise familiale, nous préférons payer nos charges plutôt que se verser un salaire. Nous compensons aussi par le nombre d’heures de travail par semaine. Quand l’exploitation embauche des salariés, elle ne peut pas agir sur cette variable d’ajustement. Les exploitants sont à bout physiquement puisqu’il nous arrive de travailler plus de 80 heures par semaines et moralement car  les revenus ne sont pas à la hauteur du temps passé aux champs. Il est évident que si les charges sociales étaient moins importantes, je pourrai créer des emplois. Mon père part à la retraite dans deux ans, il me faudra donc trouver l’équivalent de deux salariés aux 35 h hebdomadaires pour le remplacer. Impossible à l’heure actuelle.

L’exploitation de Christophe Guézennec s’est diversifiée en agriculture biologique il y a 14 ans. « Le Trégor finistérien compte plus d’élevage que la partie Saint-Politaine qui elle propose une gamme de légumes plus large et plus dynamique. Mais une remise en question doit être faite par rapport à la production d’échalote, en crise depuis 3 ans. Nous devrons dans les années futures nous diversifier pour avancer ».

Toujours plus de charges

Depuis son installation en 2004, Christophe Guézennec a vu des changements. « Pour un revenu identique et un taux d’endettement égal, je dois aujourd’hui travailler plus avec un doublement de la surface de production. Cette situation est due à l’augmentation des charges, notamment de gasoil, mais pas uniquement. La concurrence intra-européenne avec des coûts de main-d’œuvre différents nous pénalise. Il faut que l’Union européenne égalise ces coûts et que l’État influence les enseignes de distributions à baisser leurs marges ». Fanch Paranthoën


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