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Lait : changer pour un robot, ça s’anticipe

La mise en place d’un robot doit être anticipée, et pas seulement sur l’équilibre financier. Le système fourrager, l’organisation, la gestion de la qualité du lait doivent être pris en compte. Une enquête dans 43 exploitations bretonnes offre du recul sur cette technologie en plein boom.

5 % des exploitations bretonnes laitières sont équipées de robots. Et en 2013, près d’une installation de traite neuve sur deux est robotisée. Pourtant peu de repères existent sur les impacts techniques, économiques et humains. Pour pallier ce manque, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont mené une enquête sur 43 exploitations équipées depuis au moins deux ans. « Ces exploitations comptent en moyenne 2,7 UTH avec 645 000 L de lait vendu, et 43 % de cultures de ventes sur une SAU de 123 ha, ce qui est supérieur à la moyenne globale des élevages adhérents BCEL (Bretagne Conseil Elevage Ouest) : 412 600 L, 82 ha et 31,5 % », décrit Marion Fleuret, de la Chambre d’agriculture.

Constat dominant ressortant de l’enquête : l’installation du robot doit être anticipée. Multiplier les visites, comprendre les astuces, essayer de prévenir les problèmes sont de bons réflexes. Mais la capacité financière est évidemment le premier critère à regarder. Chez les enquêtés, un robot a coûté en moyenne 137 200 € pour une stalle et 120 880 €/stalle pour 2 stalles. Les prix varient selon la négociation avec le vendeur. « S’y sont rajoutés des travaux annexes, de 10 700 € en moyenne, différents selon les contextes d’exploitations. Dans 10 élevages, la mise en place du robot était associée à des travaux importants (logettes, racleurs, agrandissement) pour 187 000 € en moyenne. Dans 10 exploitations, un bâtiment neuf était créé : 365 250 € en moyenne. » Les éleveurs apprécieraient par ailleurs davantage de clarté dans les contrats de maintenance, « difficile à décrypter et multiples. » « En moyenne à 5 800 € par stalle, les coûts peuvent varier de 7 €/1000 L pour le 1/3 inférieur à 17 €/1 000 L pour le 1/3 supérieur. »

Incidences sur le coût alimentaire

La place du système fourrager est un autre enjeu. Entre « avant le robot » et « après », l’échantillon de producteurs est passé de 43 % de maïs dans la SFP à 49 %, le nombre d’ares pâturés/VL chute de 22 à 13. Si le nombre d’éleveurs qui fermaient le silo était de 10 avant, il n’est plus que de 2 après. L’affourragement en vert s’est par contre développé, de 5 à 13 éleveurs. La production a augmenté, de 7 775 à 8 320 L/VL, avec des concentrés en hausse de 1 385 à 1 610 kg/VL, ce qui accroît le coût de concentrés de 10 € (en corrigeant la conjoncture), le portant à 69 €/1 000 L. Le coût fourrager reste stable, de 25 à 27 €/1 000 L.

« Plus le même métier »

Le choix du robot a conduit les éleveurs à évoluer dans la perception de leur métier. « C’est plus valorisant de faire du suivi de troupeau », souligne l’un d’eux. « On est passé d’une conduite en lot à une conduite individuelle », note un autre. Mais le gain de temps n’est pas flagrant. Selon un producteur, « il y a autant de travail qu’en salle de traite, mais on gagne en souplesse et en qualité de vie. » Autre avis : « Avec un robot, ce n’est jamais fini ! »

Partir d’une situation saine

Les frais vétérinaires et de reproduction n’ont pas augmenté. Par contre, côté qualité du lait, mieux vaut partir d’une situation saine. « 25 % des exploitations ont été impactées en cellules et 64 % en lipolyse. » La gestion de la qualité du lait est d’ailleurs la principale difficulté rencontrée par les éleveurs enquêtés, la conduite étant la 2e. La question de l’organisation doit aussi être étudiée en amont. Comme le souligne un des éleveurs : « A la mise en route, plus personne ne savait qui faisait quoi. » Les remplacements ne sont pas forcément faciles à gérer, seuls 20 % des éleveurs font appel au services de remplacements. Mais, « pour 86 % des producteurs, il n’y a eu aucun changement dans la prise de vacances, et 28 % prennent plus, ou de plus longs week-end. » Les éleveurs se montrent en moyenne satisfaits de leur choix. 1/4 des exploitations prévoient la mise en place d’un robot supplémentaire. Agnès Cussonneau


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