aviculture-poulet-volaille-chair-production-consommation-export-journee-chambre-agriculture-bretagne-crecom - Illustration Malgré la production en baisse, la filière ne s’avoue pas vaincue

Malgré la production en baisse, la filière ne s’avoue pas vaincue

La production de volaille baisse dans notre pays, ce qui n’est pas le cas chez nos voisins européens. Lors de la journée volailles de chair du 12 décembre à Crécom (22), organisée par les Chambres d’agriculture de Bretagne, un état des lieux a été dressé et des pistes de réflexion données afin de renverser la tendance.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes ; la filière avicole bretonne est en déclin depuis une douzaine d’années. La production de viande de volaille a diminué de 32 % en 12 ans, la plus forte baisse venant des effectifs en dinde qui perdent 54 % sur cette période lorsque le poulet recule de 14 %. Il faut noter tout de même une stabilisation depuis 2006 grâce au poulet et notamment au poulet export.

Baisse de la production, sauf dans le Nord

Entre 2000 et 2010, le grand bassin Ouest représentant 73 % de la production de volailles de chair française est en repli de 22 %. Le Sud-Ouest (-18 %) dont la moitié est en label et le Sud-Est (-26 %) suivent cette tendance. Le Nord du pays, à contre courant, augmente sa production de 3 %. « La majorité des volailles produites dans le Nord sont abattues en Belgique et en Allemagne », rapporte Arnaud Haye, économiste à la Chambre d’agriculture du Morbihan. Il poursuit : « Même si ces chiffres ne sont pas très récents, ça permet de mettre en lumière l’importance que joue le maillon abattage dans la dynamique de la filière. » Grâce à des abattoirs plus grands, plus performants et à de la main-d’œuvre bon marché, nos voisins européens (Allemagne, Pays-Bas,…) réduisent les coûts d’abattage.  Ce qui permet au poulet provenant d’Europe du Nord d’être entre 2 et 15 % moins cher que du poulet français.

[caption id=”attachment_13447″ align=”aligncenter” width=”300″]Indicateurs technico-économiques en poulet de Chair Indicateurs technico-économiques en poulet de Chair.[/caption]

Gagner en Indice de Consommation

S’il y a d’importants écarts entre les frais d’abattage d’un pays à l’autre, il y a aussi de grosses disparités en terme de performances techniques et notamment sur les indices de consommation. Pierre, éleveur de poulets dans les Côtes d’Armor constate : « Le principal différentiel que je constate dans le tableau présenté est qu’aux Pays-Bas et en Allemagne l’Indice de Consommation (IC) est de 1,67/1,68 alors qu’en France on est à 1,80. Il y a un gain au niveau des performances alimentaires à aller chercher. » C’est pour ces raisons que les importations de volaille en provenance des pays d’Europe du Nord sont en croissance constante depuis plusieurs années. De plus, elles gagnent progressivement tous les segments de marchés, le dernier en date étant la GMS.

Quel avenir pour le poulet export ?

La France réalise environ 10 % des volumes de poulets importés par les pays du Proche et du Moyen-Orient. Le Brésil est le principal concurrent de la France sur ce marché en progression constante depuis plus de 10 ans. Notre pays n’a aujourd’hui plus les armes pour lutter contre l’ogre brésilien. La suppression des restitutions a fait très mal ; elles représentaient tout de même 15 % du prix de vente. Pour ne rien arranger l’Euro s’est renchéri de 13 % par rapport au Réal (monnaie brésilienne) entre janvier et septembre ; cet effet « taux de change » entraînant un différentiel de  190 € par tonne de poulet. Il y a malgré tout des raisons d’espérer encore en l’avenir du poulet export.

La France a des marques reconnues à l’exportation et un réseau de commercialisation bien établi. Le Saoudien Al Munajen devrait entrer dans le capital de Doux en début d’année afin de renforcer le développement commercial au Moyen-Orient et permettre de trouver de nouveaux marchés en Afrique. Les pays du Moyen-Orient ont tout intérêt à assurer une certaine diversité de leurs approvisionnements afin de faire face à d’éventuelles crises sanitaires dans certains pays. Les éleveurs attendent de savoir comment vont être distribuées les aides annoncées récemment pour compenser les restitutions (15 millions d’euros) et les conditions d’attribution. Ces aides sont effectives sur l’année 2014 mais le problème de compétitivité ne sera certainement pas résolu pour 2015. Seront-elles alors reconduites ? Un éleveur s’interroge : « Comment les 15 millions d’euros peuvent sauver la filière, comparé aux 55 millions de restitutions qui étaient nécessaires pour être compétitifs face aux brésiliens. »

Moderniser et restructurer les abattoirs

Arnaud Haye conclut en donnant quelques pistes de réflexion qui pourraient redresser la filière avicole bretonne. « Il faut moderniser les bâtiments d’élevage et faciliter la modernisation des exploitations sans impact environnemental. Les contrats d’intégration devraient inclure de nouvelles bases visant à mieux rémunérer les performances techniques. Nos abattoirs ont besoin d’être modernisés et restructurés afin de gagner en performance et de pouvoir proposer des produits collant plus au marché. Enfin, il faut que l’étiquetage de l’origine des viandes soit mis en place, autant sur les produits frais que dans les plats préparés. » Nicolas Goualan


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