La filière laitière en pleine négociation

Dans un contexte de demande mondiale en hausse mais de guerre des prix à la consommation en France, producteurs, transformateurs et distributeurs tentent de s’accorder pour plus de création de richesse, et une meilleure répartition.

Les acteurs de la filière laitière se sont réunis la semaine dernière à Paris pour tenter d’apaiser des relations commerciales difficiles. Une semaine plus tôt, vendredi 6 décembre, des producteurs de lait avaient organisé des actions contre des laiteries accusées de ne pas respecter les contrats signés et de ne pas payer le lait à son juste prix. Les industriels, eux, clament que les distributeurs, avec qui ils sont en pleine négociation sur les tarifs 2014, ne jouent pas le jeu de la hausse des prix. Les représentants des éleveurs (dont les syndicats minoritaires), des coopératives, des industriels privés et des grandes et moyennes surfaces se sont donc retrouvés pour discuter du marché et de la conjoncture du secteur laitier. Si cette rencontre fait suite à la médiation initiée par le ministère de l’Agriculture, les pouvoirs publics n’étaient pas présents, laissant la filière prendre ses responsabilités.

Marché porteur

« La médiation a été un passage obligé pour passer un cap difficile, mais tout le monde s’accorde pour dire qu’à l’avenir, nous devons revenir à des négociations normales », explique Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), mais également de l’interprofession laitière, le Cniel. Un point de conjoncture a été fait lors de la réunion, montrant clairement de bonnes perspectives pour les produits laitiers, avec une demande qui explose et une production insuffisante pour y répondre. « Le marché est à un niveau élevé, il faut que tout le monde prenne conscience qu’on a un intérêt à garder une dynamique de filière », demande Thierry Roquefeuil. Car si « la France laitière a des perspectives, il faut des producteurs et des transformateurs » pour les atteindre. Et surtout, « il ne faut pas que le producteur soit toujours le maillon faible de la chaîne ». Pour 2013, les éleveurs demandent une hausse de 30 € sur le prix annuel moyen par rapport au prix 2012, compte tenu des éléments de marché, mais certaines entreprises rechignent encore, dont Lactalis et Danone. Les coopératives attendent leurs assemblées générales pour décider d’éventuels compléments de prix.

[caption id=”attachment_12649″ align=”aligncenter” width=”181″]Composantes du prix moyen du lait UHT 1/2 écrémé en GMS Composantes du prix moyen du lait UHT 1/2 écrémé en GMS (moyennes 1er semestre 2009 – 2013).[/caption]

Arrêter la spirale des prix bas

Pour Dominique Chargé, président de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL), l’enjeu est de « recréer de la valeur et de la redistribuer » : « Nous avons eu un débat sur la construction de relations commerciales plus responsables, qui s’inscrivent dans un cercle vertueux de création de valeur, pour arrêter la spirale déflationniste alimentée par la guerre des prix qui est en train de créer un appauvrissement général », explique-t-il, se basant sur le rapport de l’Observatoire des prix et des marges, publié mercredi 4 décembre 2013. Dans ce cadre, la FNCL demande que la hausse technique permise par la médiation intègre les tarifs 2013, et servent donc de base aux négociations pour 2014 avec les distributeurs. Mais pour parler de prix, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) aimerait « que les grands industriels jouent le jeu de la transparence et publient leurs marges nettes, comme on le fait », explique Fabienne Prouvost, directrice de la communication de la FCD. « Ça nous semble être un préalable important pour travailler », insiste-t-elle. Sans vouloir faire plus de commentaire sur cette réunion de travail, la FCD rappelle qu’elle « espère pouvoir intégrer l’interprofession, comme on le demande depuis longtemps ».


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