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Les légumiers saturent

Le président de la Sica de Saint-Pol-de-Léon (29) explique son point de vue par rapport à la situation des 1 500 producteurs de légumes de la zone Nord-Finistérienne.

La crise couvait depuis plusieurs mois. «  Tout le monde constate une dégradation de la valorisation des produits depuis août 2013. Un écart significatif s’est creusé avec les producteurs mondiaux et nous ne sommes pas en mesure de mener une bataille sur le front des prix, malgré nos efforts payants au niveau de la diversification des marchandises puisque 30 % de notre chiffre d’affaires est réalisé par ce créneau. Cette déstabilisation touche 20 000 emplois directs, représentés par les producteurs, les commerciaux, les négociants, l’emballage et la logistique. Avec les surcharges de travail que nous impose l’administration, le seuil tolérable est atteint », explique Jean-François Jacob, président de la Sica de Saint-Pol-de-Léon. C’est, en effet, à cause d’une conjoncture très défavorable que les légumiers ont montré leur colère vendredi dernier. Trois facteurs expliquent cette situation.

Blocage administratif

Les exemples cités par le président de la Sica ne manquent pas pour illustrer les obstacles administratifs que connaît la filière : « Nous avons décidé de ne pas répartir le montant de la mesure exceptionnelle embargo russe. Il s’agit en effet de redistribuer à nos adhérents 353,70 €, soit moins de 24 centimes chacun, et au vu du prix d’un timbre, supérieur à ce montant reversé,  le conseil d’administration a préféré utiliser cette somme au paiement du titre de transport de Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, afin qu’il puisse venir nous rencontrer. Une incompréhension évidente s’est installée entre Paris et la Bretagne. Autre exemple en tomate : l’écart du coût de production moyen entre la France et d’autre pays producteurs est de 30 %, lié aux conditions climatiques clémentes des pays méditerranéens, mais aussi par l’installation d’unités de cogénérations. Il faut aux Belges ou aux Allemands 1 an et demi pour instruire un dossier. En France, ce délai passe à 7 ans. Enfin, j’ai vu des exploitations agricoles se faire contrôler quatre fois. Nous n’avons rien à cacher, le contrôle va dans le sens de la qualité. Le problème est que ces contrôles se faisaient sur le même sujet, avec quatre contrôleurs différents. Nous n’avons pas à subir le dysfonctionnement administratif. Les producteurs ont fait de nombreux efforts pour répondre aux cahiers des charges des pays importateurs, aux demandes spécifiques de conditionnement des distributeurs et aux attentes environnementales de la société ».

Appel au calme dans les campagnes

Suite à une rencontre entre le ministre de l’Agriculture, Stéphane le Foll, et les représentants de la filière légumière, le président de la Sica lance un appel au calme, car des points d’accord ont été trouvés mercredi. Un ensemble de mesures financières a été évoqué. Les préfets des départements bretons devront en effet évaluer le nombre d’exploitations en difficulté et la MSA se dit prête à accorder un report de cotisations patronales. Des dispositifs de fonds d’allègement des charges et des demandes d’exonération de la taxe sur le foncier non bâti sont aussi à l’étude. Enfin, le ministre a confirmé que
les artichauts, les brocolis et les choux fleurs seront introduits dans la liste des produits à aider face à l’embargo russe. Le président de la Sica reste « vigilant sur la mise en œuvre des propositions qui lui ont été exposées tant à court terme qu’à plus long terme ». Et il conclut « On a de quoi travailler ». Ces aides devraient être visibles dès la semaine prochaine.

Météo et Russie

Les conditions météo connues en 2014 sont défavorables à un marché sain. « Nous avons récolté en 6 semaines les artichauts que nous passons habituellement en 3 mois. Et les températures douces ne poussent pas le consommateur à acheter ce type de légume. Ce scénario malheureux vient s’ajouter à la surproduction conséquente d’un hiver doux ». Enfin, l’embargo de la Russie sur les fruits et légumes enfonce un peu plus le clou. « C’est un pays qui absorbe un gros volume en chou-fleur. Nous serons donc touchés directement et indirectement par cet embargo avec plus de marchandises sur le marché intérieur ». Fanch Paranthoën


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