Porc : Quand les outils industriels s’éloignent…

La fermeture récente de l’abattoir Gad, dans une région de forte densité porcine, se traduit déjà par un manque à gagner de 2 à 3 centimes par kilo de porc pour les producteurs du Nord-Finistère.

Lorsque l’on superpose la carte de l’emplacement des abattoirs bretons avec celle de la densité porcine, on a du mal à y croire. Comment a-t-on pu fermer le seul outil de la pointe du Finistère ? « Incompréhensible ! » pour François Pot, éleveur à Plounévez-Lochrist, dans cette zone orpheline de l’abattoir Gad. « Je perds, comme mes collègues, quelques centimes par kilo de porc, en raison de l’attitude déplorable de certains abatteurs, notamment le groupe Bigard, qui nous fait payer le coût du transport de nos animaux. Leurs acheteurs n’hésitent pas à aller jusqu’au prix de retrait au MPB (marché du porc breton). Ils ont désormais la même attitude pour des lots provenant d’élevages proches de leurs outils. Ils en profitent ». La mise en marché des porcs au MPB est culturelle pour les producteurs libéraux du Finistère. 60 % des porcs présentés au MPB proviennent de la pointe Ouest et 35 % du Nord 29. « Nous sommes attachés à cette mise en marché qui permet de défendre un prix. Mais aujourd’hui, la différence entre les prix des lots costarmoricains et finistériens peut atteindre 2 à 3 centimes du kilo. Ce n’était pas le cas auparavant. Nous ne pourrons pas supporter cela ». Cette mauvaise valorisation des lots de porcs éloignés des outils d’abattage tire la moyenne du cadran à la baisse.

[caption id=”attachment_3932″ align=”aligncenter” width=”300″]Abattoirs et densité porcine Un manque d’abattoir dans le Nord Ouest.[/caption]

Réfléchir à une nouvelle mise en marché

L’éleveur, également président du groupement Porelia, estime que les producteurs doivent se réorganiser pour commercialiser. « Nous devons réfléchir au moyen de mettre en marché tous nos animaux. Il en va de la survie même du MPB et d’Uniporc, auxquels nous sommes résolument attachés, pour éviter, à terme, les travers du secteur volaille (intégration), un système dans lequel nous n’aurions plus qu’à subir ». Le contexte est actuellement à la baisse des prix. Les poids lourds comme l’Allemagne et l’Espagne augmentent leur production. L’embargo russe limite les débouchés. « Certains industriels, désormais en situation de quasi-monopole sur leur zone, en profitent pour nous faire payer le prix du transport mais le jour où la demande de viande de porc repartira à la hausse, en été notamment, ils auront besoin de nos porcs et seront bien contents de les trouver ». L’éleveur défendait ardemment le projet de Lampaul Agro (abattoir de taille réduite sur le site désaffecté de Gad) « On savait, que sans abattoir sur la région, il y aurait un problème… » Bernard Laurent


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