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Faune sauvage et élevage : Il y aurait 25 à 30 loups en Bretagne

Depuis quelques mois, le loup est régulièrement dans l’actualité bretonne. Mais son retour ne serait pas si récent.

« Les loups se dispersent partout en France et sont beaucoup plus nombreux que l’on imagine », démarre Jean-Luc Valérie, porte-parole de l’Observatoire du loup, association qui documente l’avancée de l’espèce en France depuis 2013. « En Bretagne, il y en a déjà 20 à 25 et d’autres arrivent. Les quatre départements sont concernés, notamment le Morbihan… », estime le spécialiste. Naturaliste et photographe animalier confirmé, il s’intéresse au fameux canidé sauvage depuis 2007 et a publié le livre « Le retour du loup en Lorraine » en 2010, quelques mois avant l’officialisation de sa présence sur le massif vosgien (attaques récurrentes sur troupeaux).

« Le loup se reproduit dans l’Ouest »

Concernant la Bretagne, ses premières suspicions de présence de l’espèce datent de 2012. Il a sorti une prospective de dispersion du loup dans les Monts d’Arrée dès 2015, avant d’éditer « Sur la piste du loup en Bretagne » en 2020. Ces derniers mois, le temps semble lui donner raison. Il y a bien sûr eu le fameux loup filmé à Berrien (29) en mai dernier qui a fait couler beaucoup d’encre. Mais aussi, depuis, un veau « opéré » de façon caractéristique en août dans les Côtes d’Armor, 12 ovins tués en octobre dans les Monts d’Arrée, un loup aperçu par un chasseur début novembre près de Plaintel (22)… Sans compter les cadavres d’animaux sauvages portant la signature du loup. « Cela s’ajoute à plusieurs individus que nous avons photographiés ou filmés dans le Morbihan en 2019 et 2020. »

Historiquement, la Bretagne était une des régions où il y avait le plus de loups. Le nombre de lieux-dits portant le mot Bleiz ou Bleis en breton en atteste. « C’est assez naturel qu’il repeuple ses terres d’antan », confie un éleveur, membre actif de l’Observatoire. « En Centre-Bretagne par exemple, il a le gîte et le couvert dans un territoire désormais vide de gens où il est plus tranquille qu’il y a deux siècles. Les effectifs de chevreuils, cerfs et sangliers sont en augmentation et, au besoin, les troupeaux plus grands et moins surveillés. »

Originaire d’Italie, le loup de type Canis lupus italicus remonte depuis des années la Vallée de la Loire « comme une véritable autoroute » vers l’Ouest. Son bol alimentaire est constitué en majorité de gibier. Léger, pesant autour de 35 kg, il est un spécialiste des petites proies : chevreuil, marcassin, ragondin, oiseaux… Mais sur des périodes de gros besoins alimentaires (mars – avril et octobre – décembre), lors d’épisodes durables de pluie compliquant la chasse ou par opportunisme (individus jeunes, blessés ou handicapés, phase de transit…), il peut s’attaquer à des ovins, caprins, veaux, poulains, volailles…
« Selon l’administration, il n’y a pas de reproduction du loup hors des Alpes », reprend Jean-Luc Valérie. Mais pour lui, trois indices prouvent qu’il se multiplie déjà dans l’Ouest. « Le loup de Saint-Brévin (44) tué en zone urbaine en 2021 pesait 20 kg, donc âgé d’environ 6 mois et des traces de son ADN avaient été détectées auparavant en Vendée. En 2021, le crâne de l’individu braconné dans le Maine-et-Loire faisait état d’un animal jeune. Enfin, le loup de Berrien (29) n’avait pas fini sa croissance : un subadulte de moins de 12 mois visiblement né en Bretagne… »

Le loup est un géographe

Mais plus que le nombre d’individus à l’instant T, c’est le nombre de zones où le loup s’installe qui compte, poursuit l’observateur. « Hors des Alpes, l’Observatoire suit déjà 78 secteurs où il est présent, dont 11 en Bretagne… Et nous ne sommes qu’à mi-parcours du phénomène de dispersion en France qui devrait être terminé dans 5 ou 6 ans. » Un travail de fourmi sur les traces du canidé sauvage en croisant cartes routières, cartes IGN spécifiques, cartes topographiques ou hypsométriques, données publiques d’autopsie « quand on peut les obtenir » et relevés d’indices sur le terrain (étude de cadavres, crottes, empreintes, hurlements, observation aux jumelles, pièges photographiques, relevés de témoignages…) pour essayer de comprendre rapidement comment les loups organisent leur zone. « Le loup est un géographe. Il cherche à se déplacer facilement, souvent en empruntant des vallées fluviales, des voies de chemin de fer… Il étudie le contexte de son nouvel environnement : emplacement des villages, habitudes horaires des gens, potentiel de proies, lieux de repos… Il a une forte capacité de mémorisation. » Et pour compliquer les choses, sa zone – de 100 000 à 150 000 ha, l’équivalent d’un carré de 30 à 40 km de côté, en phase de dispersion à 30 000 à 40 000 ha, plus tard, lors de la phase d’installation adaptative avant la reproduction – évolue tous les ans en fonction de ses besoins. « Chaque éleveur devra désormais savoir où il se trouve dans la zone des loups. Nos travaux de cartographie peuvent l’y aider », termine Jean-Luc Valérie. 

Pour en savoir plus : www.observatoireduloup.fr ou page Facebook « Le retour du loup en Bretagne ».

Former les éleveurs au comportement du loup

Dès aujourd’hui, il faut alerter les éleveurs que le loup est installé en Bretagne. Ils doivent être formés au comportement de l’animal. Comprendre son fonctionnement sur un secteur et être attentif à tout phénomène inhabituel : chiens d’un quartier qui gueulent la nuit, chevaux qui évitent tout à coup une partie de la prairie, chien qui refuse de s’engager dans un bois qu’il connaît… Tirer sur les loups étant utopique et même contre-productif, l’éleveur doit apprendre à contester le loup, à s’inscrire dans son territoire : s’il sent que la pression monte autour de chez lui, il faut sortir tard le soir et tôt le matin plusieurs jours de suite, à pied ou en voiture, avec de la lumière.   Premier ciblé, l’éleveur de petits ruminants situé sur une entrée / sortie d’une zone de loup doit installer des clôtures lourdes pour le ralentir, adopter des chiens de protection (races spécifiques), rentrer si possible ses animaux la nuit…  Jean-Luc Valérie, Responsable communication de l’Observatoire du loup

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5 commentaires

  1. Bonjour,

    Je ne comprends pas les commentaires. Je ne connais rien à la cause. Je commence seulement à m’y intéresser et je ne peux que constater que le nombre de rencontre avec le loup augmente en Bretagne (Est-ce une bonne chose ou non, peu importe c’est une fait).
    Quand je vais voir sur le lien que vous partager de l’OFB, je ne vois aucune trace des loups observés en Bretagne. Peut-être que votre message était ironique car quand je vais parcourir le site de l’observatoire du loup (dont le monsieur fait partie), je ne peux que constater l’ensemble des recherches, articles, photos, analyses, actions menées pour la protection des troupeaux et l’anticipation de la propagation du loup afin de ne pas être dans le déni et de se retrouver face au mur, même si je sais qu’en France on aime bien faire l’autruche et ensuite appliquer des rustines rarement adaptées et en urgence. Difficile de lutter contre son orgueil et d’accepter d’avoir eu tord et de s’être tromper. J’ai parcouru par exemple l’histoire du Doubs sur le site de l’observatoire du loup (qui travaille uniquement sur ce sujet depuis des années et ce ne sont que des bénévoles). Et force est de constaté que cette association suit l’évolution de l’installation du loup dans ce secteur depuis 10 ans et preuves à l’appui, propose de mettre en place des solutions de protections. Or ils ont fait face à un déni de la part de l’état et aujourd’hui on forme des chasseurs pour traquer le loup et l’éliminer car ils attaquent les troupeaux. Je comprends très bien le problème des éleveurs, mais pourquoi ne pas écouter ces gens qui semblent passionnés par le loup, qui souhaitent le protéger mais aussi protéger les troupeaux et donc les éleveurs par l’anticipation ? Leur travail de passionner est impressionnant et j’avoue que je ne comprends pas l’objectif de l’OFB de nier l’existence de celui ci en Bretagne par exemple ou ailleurs. L’objectif est-il de relancer une chasse au loup comme en 1900 ?

    Du coup je ne comprends pas votre commentaire, car même si vous ne voulez pas de loup afin de préserver votre élevage ce que je peux comprendre, ce n’est pas en ignorant les recherches et les observations et en dénigrant les personnes qui passent leur temps à l’étudier que nous avancerons sur ce sujet. Nier la réalité ne protègera pas votre troupeaux ni votre exploitation. Admettons, que tout ceci soit faux (aller voir leur site vous aller comprendre le travail qu’ils réalisent et les preuves semblent bien là) qu’avons nous à gagner à faire l’autruche?

    Bref je ne comprends pas trop l’objectif à long terme. Restons objectif, concentrons nous sur les faits, acceptons de ne pas savoir, arrêtons de faire l’autruche, je pense que nous avons tous à y gagner. Et arrêtons de dénigrer les autres tout ça parce que ce qu’ils disent ne conforte pas nos croyances, ouvrons nous un peu aux autres façon de voir et de comprendre, il me semble que l’histoire n’a cesser de montrer que se renfermer sur soit n’a jamais rien apporter de bon.

    Critiquer cet article en dénigrant les paroles de l’interviewer, c’est aussi mépriser l’auteur, et tout le travail d’une association. Ces paroles vous semblent peut-être farfelues mais aller au moins voir leur travail avant de laisser un commentaire comme ceci.
    Personnellement, je n’ai aucun intérêt avec cette associations, c’est simplement une remarque générale car je commence à en avoir marre de l’arrogance de certains et de leur mépris et ce sur tout les sujets. Refuser toutes remarques qui remettent en cause nos façons de vivre, de travailler, nos croyances,… ne permettra pas de s’adapter aux changements.
    Donc si ce monsieur à l’aide du travail réalisé par son associations, nous explique que le loup est présent en Bretagne depuis longtemps, peut-être devrions nous l’écouter en premier lieu, regarder son travail, le critiquer si l’on en a les compétences et ensuite en tirer des conclusions et ensuite agir, car si c’est pour faire comme dans le doubs et tuer les loups parce que les éleveurs se font attaquer leur troupeaux sans les avoirs protéger nous aurons tout perdu (les troupeaux, de l’argent public, et les loups).

    Bref grandissons un peu, cessons d’agir en enfant puérile, soyons adultes tout simplement et mettons notre égo de coté.

      1. L’OFB c’est très bien mais la base de données de l’OFB s’arrête en 2019. (avant confinement). Depuis fin 2022, en 3 mois, ce sont 3 observations validées par l’OFB en Bretagne, (Finistère, Ille et Vilaine et Cotes d’Armor) pour autant, aucune info n’y parait ?
        Quant aux loutres, je les aime tout autant que les loups. Alors s’il ne se reproduit probablement pas en pays gallo, il est bien parti pour s’installer en centre Bretagne. Puisse la domination de l’homme sur la nature faire une pause ! la biodiversité y gagnerait 🙂 et faire un peu d’éducation comportementale (contre les clichés) ne peut pas nuire…. ^^

    1. Des preuves, il y en a des centaines.
      Renseignez vous un peu, vous trouverez facilement.
      Sortez de votre déni.

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