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Stratégie fongicide sur céréales

La douceur de l’hiver a permis aux céréales d’atteindre un stade développé pour la saison : la croissance des plantules s’est accélérée. La pression des maladies est en conséquence plus intense, car elles ont profité de ces conditions douces et humides. Il convient donc d’être vigilant et de bien adapter sa stratégie de protection suivant les cas : la consultation des bulletins de santé du végétal, l’observation au champ ou l’utilisation d’outils d’aide à la décision sont des moyens de lutte à prendre en compte. Parfois, des souches de maladies deviennent résistantes à certaines substances actives, comme c’est le cas des strobilurines sur septoriose. Une alternance des familles chimiques, avec des modes d’action multisites, donne de très bons résultats. Dans ce dossier, le point sur les bases d’une stratégie efficace de protection sur blé, orge et triticale, avec des conseils suivant les variétés semées, des commentaires pour aider à la reconnaissance des maladies. [nextpage title=”Adapter la stratégie au contexte de l’année”]
La lutte contre la rouille jaune ou le piétin verse doit être déconnectée du 1er passage. Si elles existent, les protections contre ces maladies sont indépendantes du T1 septoriose et doivent être gérées spécifiquement.

Un investissement proche de 80 €

Il est naturellement difficile de prévoir ce que sera la saison prochaine, aussi bien la pression de maladies que le cours des céréales. Ainsi, une dépense de 80 €/ha apparaît comme une enveloppe repère pour faire face à une pression de maladie moyenne (de l’ordre de 22 q/ha). Cette enveloppe est à faire varier en fonction de la pression maladie de l’année et de la sensibilité de la variété. Attention, ces repères ne valent que pour les pertes occasionnées par les maladies foliaires, c’est-à-dire septoriose et rouilles. Si d’autres risques, comme la fusariose, le piétin verse ou l’oïdium, ou un traitement précoce contre la rouille jaune,  s’y ajoutent, la dépense doit être adaptée en conséquence.

Une adaptation au contexte de l’année

Le contexte climatique de l’année se traduit dans les faits, le plus souvent, par un ajustement des doses appliquées en tenant compte des modèles de prévision, des observations au champ et des messages diffusés dans le cadre du Bulletin de santé du végétal (BSV). Cet ajustement se fera à la baisse pour des années à faible pression comme 2005, 2006, 2010 ou 2011 qui constituent les références « basses ». À l’inverse, il sera revu à la hausse des années à forte pression comme 2007, 2008 ou 2014. Cette adaptation peut conduire certaines années à supprimer le premier traitement notamment avec les variétés les moins sensibles à la septoriose (Armada, Barok, Cellule, Fluor, Fructidor, Grapeli, Lyrik, Nemo Rubisko, Tulip…).

Les programmes sont généralement construits en 2 ou 3 traitements. À investissement fongicide équivalent, une stratégie en 2 traitements est possible dans les situations sans risque fusariose, mais elle est plus délicate à mettre en œuvre en termes de positionnement des traitements. Lorsque la pression de maladies est faible, le passage unique est possible sur variétés peu sensibles à la septoriose. Ce traitement doit être positionné au stade dernière feuille étalée.

[caption id=”attachment_14836″ align=”aligncenter” width=”800″]Mal contrôlée, la septoriose provoque de gros dégâts Mal contrôlée, la septoriose provoque de gros dégâts. Le 1er fongicide doit être bien positionné pour maîtriser son évolution.[/caption]

Traitement T1 : 2 nœuds à dernière feuille étalée

Ce T1 doit être positionné selon le risque annuel de présence de septoriose (cf article « Premier traitement »). L’enjeu du positionnement est de 5 à 10 q/ha, en année à pression moyenne. Pour bien positionner les traitements, il est indispensable d’observer les plantes, de s’appuyer sur le BSV ou un modèle de prévision. Sur septoriose, les triazoles sont de bonnes bases pour le T1. Ils permettent d’assurer une protection suffisante de la plante avant le T2 qui constituera le traitement pivot essentiel afin d’assurer une protection optimale contre les maladies. Dans les essais Arvalis, les meilleurs T1 associent triazoles à chlorothalonil (ou Folpel) pour un coût proche de 30 €/ha. Les meilleurs résultats sont obtenus avec les mélanges Djembe 0,6 à 0,8 L/ha + Fungistop FL 1L  et Juventus 0,6 à 0,7 L + Bravo 0,6 L. Cherokee 1,2 à 1,4 L/ha ou Broadway 1,5 à 1,8 L/ha sont également possibles. La dose la plus forte sera choisie si le 1er passage est proche du stade 2 nœuds (sommet de l’épi à 8-10 cm). Le T1 devra impérativement être relayé par un T2 dans les 3 semaines suivantes.

Si le T1 est positionné à dernière feuille étalée sur variété peu sensible, le traitement unique est pertinent en année à faible pression. Concernant la rouille jaune, quasiment toutes les solutions efficaces contre la septoriose le sont également contre cette maladie, à l’exception des solutions à base de prothioconazole ou de metconazole qui ont une moindre persistance. En cas d’apparition très précoce de la maladie, entre le stade Épi 1 cm et 2 nœuds, il est conseillé de réaliser un passage spécifique et non de décaler son premier traitement

Le baromètre Maladies du blé tendre sur ARVALIS-Info.fr

Le Baromètre Maladies permet de calculer un risque associé aux principales maladies du blé tendre dans notre région. Basé sur des informations agronomiques (précédent, travail du sol, date de semis, variété…) et climatologiques, le baromètre estime le stade de la culture et calcule instantanément un niveau de risque sur 7 jours, centré sur le jour de la simulation, pour 5 maladies : le piétin verse, la septoriose, la rouille jaune, la rouille brune et la fusariose des épis. Calculés grâce à des modèles agroclimatiques, les risques indiquent le développement probable de chaque maladie et sont affichés en trois catégories sur la période la plus pertinente pour raisonner les interventions. Plus d’informations sur http://www.barometre-maladies.arvalis-infos.fr/bletendre/

Traitement T2 : dernière feuille étalée à épiaison

En complément des triazoles, les SDHI (Adexar, Ceriax, Librax, Aviator XPro…) trouvent leur place en T2, du stade dernière feuille au stade épiaison. Ces solutions apportent un réel progrès en termes d’efficacité. À coût équivalent, elles ont démontré depuis ces trois dernières années qu’elles s’inscrivaient parmi les meilleures spécialités du moment. Le T2 sera généralement effectué entre le stade dernière feuille étalée et le stade épiaison, c’est-à-dire lorsque 50 % des épis sont à moitié sortis de la gaine. Trop souvent, un délai trop important (supérieur à 21 jours) entre le T1 et le T2 amène à traiter tardivement. La dernière feuille est alors traitée en curatif et les traitements appliqués sont moins efficaces.

Traitement T3 : floraison

En cas de risque de fusariose, notre préférence va vers Prosaro ou Kestrel. Ce traitement doit être réalisé au début de sortie des étamines. Lorsque le blé est en pleine floraison, il est trop tard pour intervenir. Il est impératif de ne pas descendre en dessous de 150 L /ha ; 180 à 200 L /ha apportant la meilleure efficacité. Éric Masson – Michel Moquet / Arvalis Institut du Végétal[nextpage title=”Observer avant d’agir”]

La septoriose se propage du bas vers le haut de la plante. Une observation au champ est primordiale pour ajuster le premier traitement, qui peut être retardé si besoin.

La date idéale du 1er traitement est très variable selon le contexte climatique de l’année et la sensibilité de la variété à la septoriose. Afin d’assurer le maximum d’efficacité du traitement, il est inutile de démarrer trop tôt si les symptômes ne sont pas présents. L’observation de la parcelle ou l’utilisation des avertissements (BSV…) est impérative pour positionner ce premier traitement. Depuis plusieurs années, la date de l’intervention est proche du stade dernière feuille pointante. Ne pas dépasser 3 semaines de délai entre le 1er et le 2e traitement.

Une maladie très dépendante de la pluviométrie

La septoriose a la particularité de progresser du bas vers le haut de la plante. En effet, les spores de septoriose sont « lourdes » et ne peuvent être transportées vers les étages supérieurs que par les éclaboussures de pluie. La maladie colonise ainsi progressivement les étages foliaires successifs à la faveur des pluies enregistrées durant la montaison. L’intensité de la septoriose sera donc fortement dépendante de la pluviométrie. Si le printemps est sec, ou si aucun symptôme n’est observé sur les 3 plus jeunes feuilles, inutile de s’affoler pour intervenir. Il est alors possible d’attendre le stade dernière feuille étalée pour traiter.

[caption id=”attachment_14837″ align=”aligncenter” width=”800″]La septoriose progresse du bas vers le haut de la plante à la faveur des pluies La septoriose progresse du bas vers le haut de la plante à la faveur des pluies.[/caption]

Observer les symptômes avant d’agir

Pour lutter efficacement contre la septoriose du blé, la stratégie consiste à protéger les trois dernières feuilles. Intervenir au bon positionnement, c’est la garantie :

  • D’assurer le maximum d’efficacité du fongicide,
  • D’obtenir une bonne durée d’action du produit,
  • De lutter efficacement contre les résistances,
  • …et ainsi d’obtenir le gain de rendement maximum permis par l’investissement fongicide.

La date du premier traitement anti-septoriose doit donc être reportée au maximum si les conditions climatiques le permettent. Traiter trop tôt, c’est l’assurance illusoire de protéger des feuilles qui contribuent peu au rendement (F3 et F4 définitives). À l’inverse, un traitement trop tardif aura des conséquences sur l’efficacité des produits et donc sur le rendement. Attention à ne pas dépasser un délai maximum de 3 semaines entre le 1er et le 2e traitement. Un indicateur assez simple pour juger de l’état de contamination d’une plante est l’apparition des symptômes de septoriose sur la F2 au stade 2 nœuds et F3 au stade dernière feuille étalée. Intervenir si :

  • À partir du stade 2 nœuds (sommet de l’épi à 8-10 cm du plateau de tallage)
    – Variétés sensibles : si plus de 20 % des feuilles F2 déployées présentent des symptômes.
    – Variétés tolérantes (Armada, Barok, Cellule, Fluor, Fructidor, Grapeli, Lyrik, Nemo Rubisko…), le seuil passe à  50 % des F2 déployées qui présentent des symptômes.
  • À partir du stade dernière feuille étalée, les observations se font sur les F3 définitives avec le seuil de 20 % pour les variétés sensibles et 50 % pour les variétés peu sensibles.

Vous pouvez aussi consulter régulièrement le BSV qui alerte sur les niveaux de maladies observées au cours de la campagne, ou utiliser un modèle de prévision de développement de la septoriose. Vincent Bouëtel – Maëlle Le Bras / Arvalis – Institut du Végétal[nextpage title=”Reconnaître les maladies”]

Maladies du pied

Piétin verse :

[caption id=”attachment_14839″ align=”alignright” width=”238″]Piétin verse Piétin verse[/caption]

Le piétin verse est peu fréquent en Bretagne. Il est généralement peu nuisible. Il se rencontre surtout dans les rotations céréalières à l’est de la région dans les parcelles de limons battants. On l’observe généralement à partir du stade 2 nœuds. La lutte contre le piétin verse implique de réaliser un traitement à base d’Unix Max ou Flexity, avant le stade 1 nœud pour un coût proche de 40 €. Il faut donc limiter ces interventions aux cas les plus à risques (piétin verse régulièrement observé…). Symptômes : 1 seule tache située sous le 1er nœud. La bordure de la tâche est peu délimitée, diffuse. Elle présente le plus souvent un stroma (mycélium du champignon) en son centre.

Septoriose :

[caption id=”attachment_14838″ align=”alignright” width=”234″]Septoriose Septoriose[/caption]

La septoriose présente 2 types de symptômes. Dans les 2 cas, La présence de points noirs (pycnides) est systématique. Ces pycnides contiennent les spores de septoriose. Les spores de septoriose ne peuvent progresser vers les étages supérieurs qu’avec l’aide des éclaboussures liées aux pluies. En l’absence de symptômes sur la 3e feuille (en partant du sommet de la plante), le traitement peut être décalé jusqu’au stade dernière feuille étalée. Symptômes : blancs allongés, avec liseré brun foncé. Nécroses brunes rectangulaires à ovales. La septoriose progresse du bas vers le haut de la plante.

Rouille jaune :

[caption id=”attachment_14840″ align=”alignright” width=”230″]Rouille jaune Rouille jaune[/caption]

Maladie très nuisible qui peut être visible dès le début montaison (épi 1 cm – 1 nœud) sur variétés sensibles. Symptômes : Les premières attaques se caractérisent par la présence de foyers jaunes dans la parcelle. Il est alors urgent d’agir. Sur les feuilles, on observe des pustules jaunes alignées entre les nervures jusqu’à dessiner des stries.

Rouille brune :

[caption id=”attachment_14841″ align=”alignright” width=”232″]Rouille brune Rouille brune[/caption]

Maladie très nuisible qui est généralement visible vers la fin montaison sur variétés sensibles. À l’exception des années où la maladie arrive précocement (2007), la lutte se confond généralement avec la stratégie de lutte contre la septoriose. Cette maladie est donc rarement observée. Symptômes : Les spores de rouille brune sont dispersées et réparties de manière aléatoire sur les feuilles. La rouille brune apparaît généralement tardivement sur les feuilles supérieures. Comme la rouille jaune, l’épiderme de la feuille éclate et libère des milliers de spores de rouille.

Rhizoctone :

[caption id=”attachment_14842″ align=”alignright” width=”241″]Rhyzoctone Rhyzoctone[/caption]

Le rhizoctone est peu fréquent en Bretagne. Il se rencontre de manière ponctuelle sur l’ensemble de la région. Il n’existe aucun moyen de lutte contre cette maladie peu nuisible. Symptômes : de une, à plusieurs taches souvent imbriquées les unes dans les autres. Visible jusqu’au 3e nœud. Le centre des taches est clair à presque blanc nacré. La bordure est bien délimitée.

Fusariose de l’épi :

[caption id=”attachment_14843″ align=”alignright” width=”226″]Fusariose Fusariose[/caption]

La fusariose est favorisée par une forte humidité ou une période pluvieuse persistante pendant plusieurs jours entre la période épiaison-début floraison. C’est à ce stade qu’il faut intervenir si cela est nécessaire. La présence de résidus de maïs en surface et l’implantation d’une variété sensible sont également des facteurs favorisants. La fusariose produit des mycotoxines dans les grains (DON). Symptômes : échaudage d’épillets par groupe pouvant aller jusqu’à échaudage complet de l’épi. Les symptômes ne sont visibles que 3 semaines après contamination. Il est alors trop tard pour intervenir.[nextpage title=”Tendre vers l’optimum de la protection des cultures”]
En place depuis 3 ans, le Fongitech permet de piloter efficacement la protection fongicide des blés. Chaque semaine, le producteur reçoit par mail les alertes de pression maladie pour ses parcelles.

La stratégie de protection fongicide diffère suivant des critères comme la pression maladie, la variété, le stade de la culture. Pour piloter efficacement la lutte, l’outil Fongitech prévient le producteur du stade idéal d’intervention. « Chez un agriculteur qui a beaucoup de parcelles qui sont toutes traitées de la même façon, il y a forcément des produits mal positionnés », pense Pierre Cougard, chargé de développement à Triskalia. Afin de bénéficier de conseils à la parcelle, les 130 techniciens de la coopérative font remonter, de façon hebdomadaire, leurs observations effectuées sur le terrain. L’utilisateur reçoit alors un récapitulatif de ses îlots concernés, avec un conseil d’intervention : soit d’attendre, soit intervention dans un délai de 8 à 15 jours ou intervention à réaliser rapidement.

[caption id=”attachment_14846″ align=”aligncenter” width=”800″]Fongi Tech Triskalia Fongi Tech Triskalia[/caption]

Objectif dernière feuille étalée

« La F1 (dernière feuille de la céréale) produit plus de 40 % du rendement final en grain. C’est pourquoi elle doit rester verte le plus longtemps possible », préconise le technicien. Autrement dit, le positionnement du traitement de la dernière feuille étalée (DFE) doit couvrir ce stade sensible. Calé sur les outils d’aide à la décision d’Arvalis, à savoir le Septo-lis pour le positionnement du T1 et  le Stadilis, modèle de prévision de stade de la culture, l’outil donne des conseils percutants sur le risque sanitaire, tout en donnant une prévision de calendrier d’intervention si besoin. « Suivant les régions, les conseils diffèrent. Sur le bassin rennais, on sera attentif à la rouille brune et la septoriose, en centre Bretagne on se focalisera principalement sur la septoriose et la fusariose en fin de cycle. Fongitech base sa prévision de risques sur le contexte pédoclimatique, la variété semée et la date de semis, le précédent cultural et le travail du sol ».

Jusqu’à l’impasse de traitement

La dernière feuille du blé est donc à protéger absolument. Le mode de fonctionnement des matières actives fongicides, non curatives, ne protège pas les organes néoformés. « C’est pourquoi le déclenchement du T1 va varier suivant la pression annuelle des maladies : dès le stade 1 nœud en année à forte pression, jusqu’à l’impasse, les années à faibles pressions. Dans une année à pression intermédiaire, le producteur va moduler ses doses. L’outil Fongitech va intégrer cette diminution de la persistance d’action, pour toujours optimiser la protection de la dernière feuille ». En fonction de la météo, des conseils de lutte contre la septoriose et la fusariose seront donnés. Le positionnement au plus juste de la protection fongicide, permet des gains de 30 à 70 € par ha.

[caption id=”attachment_14847″ align=”aligncenter” width=”646″]Nuisibilité annuelle Nuisibilité annuelle[/caption]

Une démarche « agro- environnementale »

Dans le bulletin reçu par mail par l’agriculteur, Fongitech donne aussi une prévision météorologique à la semaine avec les précipitations prévues, les vents annoncés. « L’outil ne remplacera jamais l’observation directe au champ, mais offre des avantages très positifs. Cette année, la montaison de l’épi sera longue, car les stades épi 1 cm ont été atteints très tôt du fait d’un hiver doux : la durée d’exposition aux maladies sera plus importante. Rappelons que la nuisibilité moyenne des maladies entre les témoins traités et non-traités sur 20 ans est estimée à 26 quintaux », conclut le technicien. Fanch Paranthoën[nextpage title=”L’observation reste indispensable”]

Choix de variétés résistantes et intervention rapide lorsque les symptômes sont observés au champ sont des moyens de lutte efficaces contre la maladie.

Le risque rouille jaune est très présent en Bretagne depuis quelques années, la vigilance est donc de mise sur toute la région. Il convient de surveiller ses parcelles à partir du stade épi 1 cm où la maladie commence à être nuisible. Actuellement, certaines variétés sont devenues sensibles de par le contournement des gènes de tolérance. Malgré ces contournements, la résistance variétale, même si elle est parfois fragile reste le moyen le plus économique pour lutter contre cette maladie. Variétés à surveiller attentivement (observations 2016) : Altigo, Armada, Azzerti, Cellule, Expert, Fluor, Fructidor, Grapeli, Hyfi, Hynergy, Hystar, Hyxpress, Mandragor, Rubisko, Tulip… Attention, cette liste n’est pas exhaustive et pourra évoluer en fonction des observations de la campagne. Suivre les observations du bulletin de santé du végétal (BSV) et des prescripteurs.

La décision s’appuie sur l’examen des parcelles

Les premiers symptômes apparaissent en foyers dans la parcelle. Sur les feuilles, les spores sont réparties en stries linéaires, le long des nervures. Inutile d’intervenir si ce n’est pas nécessaire, c’est l’observation qui décide. Lorsque le seuil est atteint, il convient d’intervenir rapidement. Le seuil de déclenchement sur rouille jaune est fonction du stade de la culture : au stade épi 1 cm, intervenir uniquement en présence de foyers actifs de rouille jaune (pustules pulvérulentes), et au stade 1 nœud, traiter dès la présence des premières pustules dans la parcelle.

En présence de rouille jaune au-delà du seuil de traitement, une base de triazoles ou de strobilurines efficaces permettra de contrôler la maladie. Éviter les solutions à base de metconazole ou de prothiocon-azole qui présentent des efficacités moindres par rapport à toutes les autres triazoles. Il convient d’investir entre 15 et 20 €/ha. Augmenter la dépense n’augmente pas la durée de protection, et n’allonge pas la durée nécessaire à une réintervention. Plus que le produit, c’est le délai entre deux interventions qui est important. Avec une pression comme celle observée en 2014, les produits ne dépassaient pas 20 jours de protection. Il convient donc de surveiller la culture 3 semaines après le traitement. Attention, cette application spécifique ne concerne que la rouille jaune. Le programme fongicide défini pour lutter contre la septoriose est indépendant de ces applications précoces. Il devra être adapté en fonction de la progression de la septoriose. D’autres informations et photos sur le site Arvalis-Infos.fr sur la fiche accident rouille jaune. Éric Masson / Arvalis – Institut du végétal[nextpage title=”Le bon positionnement est impératif”]

Pour maintenir une gamme de solutions efficaces contre la septoriose, il convient de multiplier les solutions en jonglant avec différentes matières actives pour éviter les phénomènes de résistance.

Alors que les fongicides strobilurines n’apportent plus aucune efficacité sur septoriose depuis une dizaine d’années, la famille des triazoles présente encore de bonnes efficacités, même si la tendance est à l’érosion. Àcourt terme, il n’y a pas de crainte vis-à-vis de la famille des SDHI (Adexar, Aviator Xpro, Ceriax,  Librax, …). Pour une gestion durable, les bon-nes pratiques de lutte fongicide (association de mode d’action, alternance des matières actives et bon positionnement) doivent être maintenues.

[caption id=”attachment_14850″ align=”aligncenter” width=”800″]Les fongicides SDHI apportent un bénéfice très significatif En présence de souches de septoriose résistantes aux triazoles, les fongicides SDHI apportent un bénéfice très significatif.[/caption]

Une lente érosion des triazoles

Dans certains pays d’Europe (Angleterre, Irlande), l’efficacité des triazoles sur septoriose est devenue très faible et cette famille de produit n’offre plus d’intérêt aujourd’hui. En France, les souches faiblement à moyennement résistantes restent majoritaires, mais depuis quelques années, des souches présentant des niveaux de résistance moyens à forts aux triazoles sont en progression. Des pertes d’efficacité sur septoriose ont ainsi pu être observées. Cependant, les triazoles étant le plus souvent utilisées en mélange avec un autre mode d’action (chlorothalonil ou SDHI), l’impact pratique reste modéré pour l’instant. La détection d’isolats résistant spécifiquement aux SDHI (Adexar, Aviator Xpro, Ceriax,  Librax, …) reste exceptionnelle. Dans ce contexte, il n’y a pas lieu de craindre pour l’efficacité des SDHI en pratique en 2016.

Gestion de la résistance

Les recommandations pour 2016 : pas plus d’un SDHI par saison. Pour minimiser les risques de résistance, nous confirmons notre préconisation d’un seul SDHI (Adexar, Aviator Xpro, Ceriax, Librax, …) par saison.

  • Diversifier les modes d’action, en respectant les règles suivantes :
  • Pas plus d’un prochloraze, pas plus d’une strobilurine et pas plus d’un SDHI par campagne.
  • Alterner les triazoles au cours de la saison : éviter si possible d’utiliser 2 fois la même matière active.

En Bretagne, l’utilisation des triazoles pour lutter contre la septoriose date de près de 40 ans. Cette pratique régulière a entraîné la sélection de souches moins sensibles aux triazoles. Pour préserver leur efficacité, il convient de les associer en T1, avec un fongicide « multisite » (exemple : chlorothalonil) pour renforcer leur efficacité sur septoriose. Le chlorothalonil étant un fongicide multisite, il présente un risque de résistance limité. Le Folpel rentre également dans cette catégorie. En T2, le gain apporté par l’utilisation des SDHI est sensible et d’autant plus important que la population de septoriose est difficilement contrôlée par les triazoles. Le positionnement des fongicides doit également être optimisé.  La décision de traitement s’appuie principalement sur l’observation des parcelles ou le suivi des observations du bulletin de santé du végétal (BSV). Traiter trop tôt ou trop tard aura des conséquences importantes sur l’efficacité  du traitement. Michel Moquet / Arvalis – Institut du végétal[nextpage title=”Intervenir au bon moment”]

La nuisibilité des maladies sur orge peut engendrer des pertes de 15 à 25 quintaux. Un bon positionnement, au stade 1 nœud en cas de forte pression, assure une bonne protection.

La maladie principale sur orge d’hiver et escourgeon est l’helminthosporiose. La ramulariose qui est observée en fin de cycle est très présente également en Bretagne (symptômes souvent confondus avec ceux de l’helminthosporiose). Des ajustements de doses et de positionnement des traitements sont possibles pour adapter la dépense au contexte parasitaire de l’année.

Quel investissement ?

On observe en Bretagne une nuisibilité moyenne de 20 à 25 q/ha pour la majorité des variétés, et en particulier les variétés sensibles, on attribuera entre 60 à 75 €/ha. Pour les variétés plus tolérantes (KWS Cassia, Augusta, Etincel, SY Bamboo…), la nuisibilité est proche de 15 q/ha, l’enveloppe sera de 50 à 60 €/ha.

À la recherche du bon positionnement

Les interventions fongicides réalisées trop tardivement sur orge sont bien souvent à l’origine du mauvais contrôle des maladies. Une fois la maladie présente, elle devient très difficile à maîtriser et peut exploser en quelques jours. La stratégie peut être adaptée en fonction des conditions climatiques et des avertissements donnés par le BSV. Ainsi, en cas de forte pression de maladies, il est important d’intervenir dès le stade 1er nœud si l’on veut pouvoir maîtriser efficacement le développement des maladies. Si le temps sec persiste, ou lorsque aucun symptôme n’est visible, il est possible d’attendre sans dépasser le stade dernière feuille étalée.

Cas général : 2 traitements

En règle générale, la stratégie de traitement est basée sur 2 interventions : la première au stade 1er nœud et la seconde au stade dernière feuille – apparition des barbes.

  • Le 1er traitement est généralement réalisé tôt au stade 1 nœud. Il permet de lutter efficacement contre la  rhynchosporiose, l’helminthosporiose et les premières attaques de rouille naine. En T1, les associations à base d’Unix Max / Kayak deviennent les références avec d’excellentes efficacités même à doses réduites.
  • 2e traitement à dernière feuille – sortie des barbes : ce traitement permet de lutter contre les grillures, l’helminthosporiose, et dans une moindre mesure contre la rouille naine et la ramulariose. Nos comparaisons de programmes montrent qu’un grand nombre de très bonnes solutions sont disponibles.

Le choix des produits placés en T2 dépend de ceux qui auront été positionnés en T1. Après des associations cyprodinil (Exemple : Unix Max) + triazole, on peut choisir pour le T2 des associations prothioconazole + strobilurine (exemple Madison), ou intégrer un SDHI (Exemple : Adexar, Aviator XPRO…). Éviter les produits contenant du prothioconazole s’il a déjà été appliqué en T1. Vis-à-vis de la gestion des phénomènes de résistance de l’helminthosporiose aux fongici-des, nous recommandons de diversifier les solutions en pratiquant l’alternance entre mode d’action à l’échelle du programme ou à défaut entre molécules partageant le même mode d’action.

Un seul traitement possible dans certains cas. Les stratégies à un seul traitement positionné au stade dernière feuille sont possibles sur variétés tolérantes ou lorsque la pression de maladies est très faible. Cette stratégie ne peut être mise en œuvre qu’après s’être assuré qu’aucun symptôme de maladie n’est visible sur les 3 dernières feuilles. Dominique Millet / Arvalis – Institut du végétal[nextpage title=”Un traitement pour une bonne protection”]

Très rustique lors de son démarrage au début des années 1980, le triticale est soumis à des pressions maladies de plus en plus importantes qui ont entraîné des contournements génétiques et mis en évidence des sensibilités variétales en particulier à l’oïdium et à la rouille jaune.

Le contexte 2016 est très favorable au développement de la rouille jaune. Les contournements variétaux sont fréquents, et il convient d’être très attentif dès le début montaison sur l’ensemble des variétés. Les premiers symptômes apparaissent généralement par foyers dans la parcelle. La maladie provoque des stries jaunes sur les feuilles correspondant à l’alignement des pustules. En présence de foyers actifs au stade épi 1 cm ou à l’arrivée des premières pustules au stade 1 nœud, une intervention spécifique est nécessaire (de l’ordre de 15 € à 20 € avec une triazole efficace), par exemple Opus New 0,6 L, Balmora 1 L ou Priori Xtra 0,5 L.

Oïdium : surveiller les variétés les plus sensibles

Comme pour la rouille jaune, le contexte 2016 est très favorable au développement de l’oïdium, en particulier sur Vuka, KWS Fido, Tribeca, Orval, Triskell… Si la nuisibilité de l’oïdium reste modérée quand elle se limite aux feuilles, l’oïdium devient très nuisible lorsqu’il atteint l’épi. L’oïdium est une maladie qui aime bien l’azote (nitrophile). Le fractionnement des apports d’azote est donc recommandé, ainsi que la maîtrise des densités de semis. À partir du stade 2 nœuds, il est recommandé d’intervenir avec un produit efficace sur oïdium si plus de 50 % des 3 feuilles supérieures présentent des taches d’oïdium sur plus de 5 % de la surface. Les principales matières actives efficaces sont le  Proquinazid (Talendo à 0,25 L/ha), la Métrafénone à 100 g/L(Flexity à 0,3 L/ha) et dans une moindre mesure le Cyflufénamid (Nissodium à 0,25 L/ha),  Fenpropimorphe et Fenpropidine. Ne pas intervenir si l’oïdium n’est présent qu’à la base des tiges.

[caption id=”attachment_14851″ align=”aligncenter” width=”800″]Touffes blanches, cotonneuses, éparses sur toute la feuille (face supérieure) qui deviennent brunes et grises Touffes blanches, cotonneuses, éparses sur toute la feuille (face supérieure) qui deviennent brunes et grises.[/caption]

Identifier les situations à risque de fusariose

Les facteurs de risque sont équivalents à ceux du blé. En situation à risque très élevé (précédent maïs grain, résidus en surface), il est conseillé de traiter au stade début floraison (Prosaro ou Kestrel).

Un traitement au stade dernière feuille étalée

La stratégie à un seul traitement positionné au stade sortie de la dernière feuille constitue le meilleur compromis en dehors des situations qui présentent de l’oïdium ou de la rouille jaune précoce ou un risque important de fusariose. À noter que le programme à 2 traitements avec un investissement proche procure les mêmes résultats économiques. Éric Masson / Arvalis – Institut du végétal


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