- Illustration Limiter les risques d’apparition de résistances

Limiter les risques d’apparition de résistances

L’apparition de la résistance du séneçon à une famille d’herbicides, uniquement observée en Bretagne, ainsi que pour 4 autres espèces d’adventices sur les cultures de céréales, amène les utilisateurs de solutions à se poser des questions sur les stratégies de désherbage. Tous les leviers agronomiques, et en particulier le travail du sol, doivent être mis en place pour limiter ce risque d’apparition d’adventices résistantes aux herbicides. Avec de bonnes conditions durant la période de semis cette année, certaines céréales sont bien avancées, arrivant au stade du tallage en ce début décembre. Les mauvaises herbes ont profité de ces mêmes conditions et sont bien présentes dans ces parcelles, nécessitant d’adapter quelquefois le programme d’intervention préétabli pour être efficace sur la flore présente, et intervenir en entrée d’hiver pour une meilleure efficacité sur de jeunes plantules, dès que les conditions climatiques le permettront. Carole David, journaliste[nextpage title=”Pour préserver le rendement”]

Avec le temps, la difficulté de maîtrise de certaines adventices augmente. Le désherbage précoce apporte efficacité, moins de risque de résistance et une moindre concurrence pour la céréale.

Avec l’arrivée des antigraminées de type sulfonylurées (Archipel, Atlantis…), les interventions herbicides ont été retardées parfois jusqu’à fin-mars, début avril. Cette pratique amène de plus en plus de dérives d’efficacité dont les causes sont multiples : adventices plus développées et plus difficiles à détruire, densités élevées et flore diversifiée, conditions climatiques difficiles. Ces pratiques favorisent aussi la progression des résistances. De plus, en désherbant aussi tard, les adventices deviennent concurrentes pour la culture ce qui conduit le plus souvent à des baisses de rendement.
 À l’inverse, lorsqu’ils sont réalisés dans de bonnes conditions climatiques, les désherbages précoces visant des adventices peu développées sont plus efficaces et préservent le rendement de la culture.

[caption id=”attachment_10623″ align=”aligncenter” width=”543″]Le désherbage précoce limite la concurrence Le désherbage précoce limite la concurrence.[/caption]

Une synthèse de nombreux essais a permis de mettre en évidence l’intérêt du désherbage précoce.
Le meilleur potentiel de rendement est obtenu pour des désherbages réalisés du stade 3 feuilles à tallage de la céréale. La chute de rendement consécutive à un désherbage trop tardif est d’autant plus importante que le potentiel du blé est faible. Cela s’explique par la concurrence à l’égard des mauvaises herbes que peut entretenir une culture de blé très vigoureuse. À partir de mars, la plupart des adventices sont déjà développées, ont exercé de la concurrence et seront difficiles à détruire. Les pertes de rendement consécutives à ces pratiques ne sont pas visuelles, mais ce sont plusieurs quintaux qui se sont souvent envolés.

Quand intervenir ?

Globalement au stade 3 feuilles à début tallage de la céréale, la grande majorité des adventices sont levées. Dans les parcelles très sales en graminées, la nuisibilité des adventices peut s’exercer dès le tallage et la perte en rendement peut rapidement être conséquente.
Ainsi, il est préférable d’intervenir dès la fin novembre – début décembre pour les semis du mois d’octobre. Si la parcelle est propre, il est possible d’attendre la sortie hiver.
Pour les semis plus tardifs (mi à fin novembre), la levée des adventices est retardée et l’intervention peut être décalée sur janvier ou février en fonction de l’observation des adventices.
À partir du stade épi 1 cm, la nuisibilité des adventices s’exprime fortement en particulier en cas de présence de folles avoines ou ray-grass, mais aussi de matricaire, véronique, gaillet…
Les possibilités d’intervention sont nombreuses, consulter le dépliant Arvalis et votre technicien. Tenir compte de la réglementation, respecter les éventuelles restrictions spécifiques à chaque produit en lisant les étiquettes.

Ces essais montrent qu’il faut désherber tôt, viser des adventices peu développées. Les désherbages précoces préservent le rendement de la culture :ils lèvent de façon précoce la concurrence des adventices.
Positionnés tôt, les herbicides sont plus efficaces, car les adventices sont jeunes et plus faciles à détruire. C’est particulièrement le cas sur les adventices difficiles à maîtriser : véroniques, fumeterre, jonc des crapauds, lychnis, séneçon… Il est aussi plus facile de moduler les doses.
Les applications herbicides d’automne permettent par ailleurs d’élargir le choix en matière de famille chimique et de mode d’actions. À cette époque, les programmes reposent sur des produits à mode d’action racinaire offrant un spectre large, à la fois sur graminées et sur dicotylédones.

Trop souvent, les échecs de désherbage sont dus à des interventions trop tardives et/ou sur des densités d’adventices trop élevées. À vouloir attendre, on en oublie que les adventices continuent de croître et pénalisent la culture…

 Éric Masson – Michel Moquet / Arvalis – institut du végétal

[nextpage title=”Utiliser tous les moyens pour réduire la flore adventice”]

Déchaumage, faux semis, labour… Le travail du sol peut aussi participer à la lutte contre les mauvaises herbes à différents niveaux.

Le raisonnement du désherbage ne doit pas se réduire à un choix des produits. Il existe d’autres moyens qui doivent faire partie intégrante de la stratégie de gestion de la flore. Ce sont des moyens culturaux comme l’alternance de cultures d’hiver et de cultures de printemps qui « cassent » les cycles des mauvaises herbes et limitent leur prolifération, ou encore les dates de semis, précoces ou tardives, qui agissent sur le même principe. Compte tenu des rotations pratiquées en Bretagne, c’est principalement le travail du sol qui contribue à limiter la flore adventice.

[caption id=”attachment_10624″ align=”aligncenter” width=”692″]C’est principalement le travail du sol qui contribue à limiter la flore adventice Compte tenu des rotations pratiquées en Bretagne, c’est principalement le travail du sol qui contribue à limiter la flore adventice.[/caption]

Le travail du sol, un allié de poids

Le travail du sol comprend le déchaumage post-récolte, le faux semis et le labour. Ces techniques diminuent le stock semencier et réduisent ainsi la dépendance d’un système vis-à-vis des herbicides. Le déchaumage post-récolte (sitôt la culture récoltée) stimule la levée des graines d’adventices en profitant de l’humidité résiduelle. C’est une technique particulièrement efficace si la parcelle est sale à la récolte ou si l’on sait que le stock semencier est important. La profondeur de travail conditionne la réussite de l’opération : le maximum de levée d’adventices est obtenu avec des outils bien réglés pour travailler très superficiellement (moins de 5 cm). Le faux semis est surtout efficace pour épuiser le stock semencier après une culture de céréales. Le déchaumage en septembre avant une pluie ou quelques jours après permet de faire lever les adventices. L’idéal est ensuite de ne plus retravailler le sol 1 mois avant le semis pour éviter les relevées et de ne pas trop perturber le sol au moment du semis. Avant un semis de colza, cette technique est précieuse pour lutter contre les limaces et préparer le lit de semences.

[caption id=”attachment_10625″ align=”aligncenter” width=”800″] Impact de différentes techniques culturales sur les adventices Impact de différentes techniques culturales sur les adventices.[/caption]

Redoubler d’attention en non-labour et labourer en cas d’échec de désherbage

Le labour est également un levier intéressant en situation d’infestation de graminées. Il va surtout enfouir les graines des annuelles en profondeur (>15 cm), inhibant leur germination et mettant en dormance les semences persistantes. Le labour perturbe également le développement des rhizomes de vivaces. Le labour occasionnel (tous les 3-4 ans) est une des solutions pour gérer le salissement des parcelles, en particulier suite à un échec de désherbage. Les semences d’adventices produites seront ainsi enfouies en profondeur et ne pourront pas germer, à condition de ne pas re-labourer l’année suivante. En effet, les semences d’adventices germent principalement dans les deux premiers centimètres du sol. Enfouies en profondeur par un labour, les graines adventices ayant une durée de vie courte perdent leur pouvoir germinatif au bout d’un, deux ou trois ans. À l’exception de la folle avoine, les graminées sont particulièrement sensibles au labour. Arvalis-institut du végétal[nextpage title=”Une gestion durable des herbicides en adaptant ses pratiques”]

Depuis quelques années, des cas de résistances aux herbicides sont observés en Bretagne. Il devient nécessaire de modifier les pratiques de désherbage pour éviter la propagation du phénomène.

En Bretagne, pour l’instant, seules les cultures de céréales sont concernées par la résistance aux herbicides. Des cas ont été recensés sur graminées (ray-grass principalement, vulpin), mais aussi sur dicotylédones (séneçon, matricaire, coquelicot). Sur graminées, le phénomène est connu depuis de nombreuses années sur une grande moitié nord de la France. Par contre, sur dicotylédones les observations sont plus récentes et c’est dans notre région qu’ont été découverts les premiers cas sur séneçon et matricaire.

Deux modes d’action concernées

Au niveau des herbicides, les cas de résistances observés en France se concentrent sur deux modes d’action, utilisés très fréquemment, sur beaucoup de cultures. D’une part les matières actives du groupe A (inhibiteur ACCase) qui comprend tous les produits anti-graminées à mode d’action foliaire (Celio, Puma LS, Illoxan CE, Axial Pratic, etc.). D’autre part, les matières actives du groupe B (inhibiteur ALS) qui comprend principalement la famille des sulfonylurées (Allié, Harmony, Archipel, Primus, etc.) efficaces sur dicotylédones, mais aussi sur graminées pour certaines d’entre elles.

[caption id=”attachment_10626″ align=”aligncenter” width=”701″]C’est en Bretagne qu’ont été découverts les premiers cas de résistance aux herbicides C’est en Bretagne qu’ont été découverts les premiers cas de résistance aux herbicides sur séneçon et matricaire.[/caption]

Viser 100 % d’efficacité et diversifier les modes d’action

À l’échelle de la parcelle, l’apparition d’adventices résistantes aux herbicides est la résultante d’une addition de facteurs de risque. L’utilisation répétée de produits avec le même mode d’action, avec des pratiques de désherbage ne permettant pas d’obtenir des efficacités maximales (traitement unique, stade d’application tardif) crée une situation très favorable aux résistances. Des pratiques agronomiques simplifiées, avec l’absence totale de labour et des rotations courtes, surtout en absence d’alternance de cultures d’hiver et de printemps, amplifient ce risque.

En pratique, pour prévenir tout risque de résistance, les stratégies de désherbage devront respecter deux grands principes : efficacité des interventions et diversification des leviers. On veillera en premier lieu à diminuer le stock d’adventices dans les parcelles en réalisant des faux semis, quand l’interculture s’y prête et en visant 100 % d’efficacité pour les désherbages réalisés sur toutes les cultures de la rotation (sol propre au semis, produits adaptés à la flore, intervention précoce, bonnes conditions d’application, rattrapage si nécessaire). En second lieu, on devra impérativement diversifier le mode d’action des herbicides utilisés, aussi bien au niveau de la culture qu’à l’échelle de la rotation. (voir tableau). Concrètement, cela signifiera le plus souvent la mise en œuvre d’un programme de désherbage en 2 passages, intégrant une première application avec herbicides racinaires.

[caption id=”attachment_10627″ align=”aligncenter” width=”570″]Herbicides classés selon leur mode d’action Herbicides classés selon leur mode d’action : exemples de produits disponibles sur blé, maïs, colza et protéagineux[/caption]

Des solutions alternatives sont possibles

L’introduction du binage sur les cultures qui s’y prêtent le mieux (maïs surtout) trouve également tout son intérêt dans une approche de gestion durable du désherbage. Dans la mesure du possible, on diversifiera également les moyens agronomiques (rotation plus longue, au besoin réintroduction de cultures de printemps, le cas échéant réintroduction du labour tous les 3 à 5 ans…). À noter toutefois que le travail du sol est un levier moins efficace sur dicotylédones que sur graminées. En application précoce d’automne, jusqu’à 3 feuilles des céréales, des produits de désherbage complets à mode d’action racinaire, comme Trooper, Codix, Fosburi, Défi ou les urées substituées, seuls ou associés, permettent de contrôler à la fois les graminées et les dicotylédones.

En sortie d’hiver, des produits antidicotylédones comme Picotop ou Bofix peuvent également être une option intéressante. Associés à des antigraminées (type Axial Pratic, Atlantis ou Archipel), ils assurent un désherbage complet. Pour des traitements plus tardifs, au stade 1 à 2 nœuds du blé, les hormones telles que le MCPA présentent également de très bonnes efficacités sur dicotylédones. À noter que depuis la disparition des produits à base d’ioxinyl, des produits de substitution à base de bromoxynil et de DFF devraient être bientôt homologués et venir compléter l’offre produits de produits alternatifs aux sulfonylurées. Arvalis — institut du végétal[nextpage title=”Exemples de solutions herbicides pour quelques adventices”]

Pour définir une bonne stratégie de maîtrise des adventices, il est primordial de reconnaître les espèces présentes dans la parcelle, d’intervenir au bon moment et avec une solution adaptée.

La production de graines d’adventices dans le sol est souvent sous-estimée. Dans les parcelles les plus propres, on compte 500 graines/m2, dans les plus sales, jusqu’à 500 000 graines / m2… D’où la nécessité de casser le cycle de reproduction de ces envahisseurs pour ne pénaliser le rendement pour les années futures. Pour vous aider à la reconnaissance des adventices, des applications mobiles sont proposées depuis quelque temps pour les Smartphones et les tablettes, ces outils permettant aussi d’évaluer leur seuil de nuisibilité. Ci-dessous les principales espèces adventices rencontrées, dont les cas recensés de résistance aux herbicides. Arvalis-institut du végétal vous propose pour chacune d’entr’elles quelques exemples de solutions herbicides adaptées avec le produit commercial ou produit contenant la matière active selon la saison.

Ray-grass, Concerné par la résistance (groupes A et B)

  • Automne : Défi + IPU, Fosburi + IPU, chlortoluron.
  • Sortie hiver : Axial Pratic, Celio, Illoxan CE…

Vulpin, Concerné par la résistance (groupes A et B)

  • Automne : Défi + IPU, Fosburi + IPU.
  • Sortie hiver : Axial Pratic, Celio,  Illoxan CE, Puma LS…

Folle Avoine

  • Automne : IPU, chlortoluron + DFF, Codix (à compléter au printemps).
  • Sortie hiver : Axial Pratic, Celio, Illoxan CE, Puma LS…

Pâturin annuel

  • Automne : la plupart des programmes (racinaires).
  • Sortie hiver : iodosulfuron-mésosulfuron.

Véroniques

  • Automne : la plupart des programmes (racinaires), sauf IPU.
  • Sortie hiver : Picotop.

Stellaire, Concerné par la résistance (groupe B)

  • Automne : la plupart des programmes (racinaires).
  • Sortie hiver :  Picotop, hormones, sulfonylurées en absence de résistance.

Séneçon, Concerné par la résistance (groupe B)

  • Automne : : Codix, Hauban, chlortoluron + DFF.
  • Sortie hiver : hormones, Allié Star SX, Primus, Canopia,… en absence de résistance aux sulfonylurées.

Matricaire, Concerné par la résistance (groupe B)

  • Automne : IPU, DFF, Cent 7.
  • Sortie hiver : clopyralid,  sulfonylurées en absence de résistance.

Coquelicot Concerné par la résistance (groupe B)

  • Automne : Quartz, Trooper, Fosburi, Codix.
  • Sortie hiver : Picotop,  sulfonylurées en absence de résistance.

Fumeterre

  • Automne : Carat, Cent 7.
  • Sortie hiver : Picotop.

Jonc des crapauds

 

  • Automne : Trooper, Fosburi, pendiméthaline,  DFF
  • Sortie hiver : hormones (U46M…).

Lychnis dioïque

  • Automne et/ou sortie hiver :
  • Allié Max, Platform S.

[nextpage title=”Varier les molécules pour limiter les résistances aux herbicides”]

Après avoir opté pour des nouvelles pratiques agronomiques visant une meilleure efficacité du désherbage des céréales, Pierrick Charles est aussi sensible au choix des matières actives, pour éviter l’apparition de résistances.

« Si, jusqu’à présent, je cherchais à faire baisser l’Indice de fréquence de traitement (IFT) dans mon système de culture, aujourd’hui, je suis vigilant aux types de molécules utilisées dans les stratégies de désherbage, pour limiter l’apparition de résistances », explique Pierrick Charles, agriculteur à Hénon (22). Aussi, depuis deux ans, il n’utilise plus de sulfonylurées sur les céréales. « Il existe d’autres solutions possibles sur les céréales à paille, je les réserve si besoin sur le maïs », indique-t-il. Aussi, l’an passé, le désherbage était à base de Defi associé à du Chamois fin décembre – début janvier sur blé et triticale au stade de 2/3 feuilles, semés début novembre.

[caption id=”attachment_10654″ align=”aligncenter” width=”703″]Pierrick Charles, dans une de ses dernières parcelles semées en blé, le 12 novembre Pierrick Charles, dans une de ses dernières parcelles semées en blé, le 12 novembre.[/caption]

Un seuil de tolérance propre à chacun

« Si le résultat n’était pas optimal, il était acceptable. Au final j’ai récolté 76 q de blé dans mes parcelles séchantes », analyse-t-il, rappelant la présence importante de lychnis et de véronique sur le siège de l’exploitation à Hénon. Car selon lui, on peut améliorer son seuil de tolérance par rapport à la propreté des parcelles, tant que le potentiel de rendement n’est pas en danger. Mais il faut trouver un juste milieu pour ne pas veiller à augmenter le stock semencier dans le sol pour les années futures. » Il faut aussi bien connaître ses parcelles, les adventices présentes et leur seuil de nuisibilité. Un désherbage précoce permet d’intervenir avant que les mauvaises herbes concurrencent la culture.

Mais d’autres leviers nécessaires ont permis d’optimiser le désherbage des céréales sur l’exploitation. Sur les deux sites de l’exploitation, les pratiques peuvent différer. À commencer par la rotation. À Meslin, on a une alternance de maïs/blé/triticale, avec des cultures de printemps et d’hiver, cassant le cycle des adventices. À Hénon, avec une place de plus en plus importante accordée à l’herbe dans le système (grâce à la mise en place récente d’un boviduc et un aménagement foncier en cours), la rotation pâture/maïs/maïs/céréale est plus longue. « C’est l’idéal, rapporte-t-il, après une prairie, les parcelles restent plus propres. »

[caption id=”attachment_10655″ align=”aligncenter” width=”484″]Évolution de l'IFT herbicide au Gaec de la Braize Évolution de l’IFT herbicide au Gaec de la Braize, à Hénon.[/caption]

Sur le site de Meslin, en sols limon battant profond, le labour est systématique tous les trois ans : à la fois pour enfouir les cannes de maïs et lutter contre les graminées, « de plus en plus présentes ». Le choix de la date de semis est étudié. Il a lieu le plus tard possible, avant un épisode pluvieux fin octobre- début novembre. Ces semis tardifs permettent d’intervenir en général précocement en janvier sur des adventices peu développées, à faible dose. Mais cette année, si les parcelles de blé et de triticale (semis des 4 et 9 novembre) sont actuellement propres, l’orge est bien avancée (semée le 26 octobre – la première talle est visible) et cohabite déjà avec beaucoup de gaillet, matricaire et un peu de mouron, au stade 1 feuille. Une intervention avec un mélange d’isoproturon et DFF est prévue en ce début décembre dès que le sol sera portant et les conditions climatiques réunies pour une intervention optimale. « Je sème aussi des mélanges de variétés, tolérantes aux maladies, mais présentant également un port retombant, le recouvrement des feuilles vient ainsi concurrencer la lumière pour les adventices. »

Actions mises en place pour une stratégie de désherbage efficace

  • Alternance de labour/non-labour,
  • Travail sur les rotations,
  • Choix de la date de semis,
  • Surveillance régulière des parcelles,
  • Intervention sur adventices jeunes au stade cotylédons-2 feuilles, à dose réduite,
  • Traiter en bonnes conditions pour garantir l’efficacité des interventions,
  • Diversification des familles chimiques,
  • Échanges de pratiques en groupe.

Autres pistes à tester

« Je ne cherche pas le rendement, je recherche la marge ». Si au niveau des fongicides, les interventions sont dépendantes de l’année climatique, les mauvaises herbes sont, par contre, au rendez-vous tous les ans. Après plus de 25 années d’échanges en groupe culture, l’engagement dans le réseau Déphy Ecophyto, des améliorations ont été réalisées. « Mais le désherbage reste le point le plus difficile à réduire ». L’IFT herbicide s’est amélioré, partant d’un niveau bas, car dilué dans un système de cultures où l’herbe a une grande place (voir graphique). D’autres leviers sont encore possibles, à tester pour les prochaines campagnes : date du semis et type de couverts végétaux, outils de travail du sol comme la herse étrille, mais difficile à mettre en œuvre sur des sols caillouteux… Carole David

L’avis de Sylvie MÉHEUT, Animatrice Ecophyto, CA 22

Le groupe Déphy Écophyto dans lequel s’est engagé Pierrick Charles, constitué de 12 fermes de références, a réduit les indices de fréquence de traitement (IFT global) d’environ 35 % par rapport à 2011, année de l’engagement, « sans perte de rendement et avec maintien ou amélioration des marges ». Si les techniques alternatives ont pu être mises en place pour la culture du maïs pour limiter l’usage des herbicides, en céréales à paille, le travail a porté sur l’optimisation des doses et les changements de pratiques (allongement des rotations, travail du sol, couverts végétaux, dates de semis…).


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