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Une ferme à l’école

Lieu d’approfondissement pour certains, de découverte pour d’autres, l’exploitation agricole au sein d’un établissement d’enseignement répond à de nombreuses missions. C’est entre autres un outil supplémentaire pour les formateurs – et très concret pour l’apprenant – qui sert de support pour l’apprentissage du raisonnement et de l’acquisition de la capacité d’adaptation des futurs chefs d’entreprise et salariés du monde agricole de demain.

Si l’exploitation permet aux néoruraux, de plus en plus nombreux dans les formations agricoles, d’avoir un regard neuf et curieux sur le savoir-faire agricole, elle a aussi pour rôle de faire évoluer les pratiques d’un public agricole, plus averti mais parfois aussi plus réticent. L’agriculture reste une passion. Crise ou pas, la fibre est là. Pour preuve, les élèves répondent toujours présents pour mettre la main à la pâte, comme on peut le constater dans les reportages de ce dossier.

[nextpage title=”Des unités de production au service de la pédagogie”]La pédagogie n’est pas la seule mission d’une exploitation dans un établissement de formation. Elle doit aussi assurer un rôle d’expérimentation, d’innovation, de diffusion et de communication sur les métiers agricoles. Explications.

Les 19 exploitations bretonnes implantées dans les centres de formations agricoles – privé et public – ont pour vocation principale la pédagogie au service de la formation. De par le panel de leur système de production, elles se veulent être à l’image de la diversité des productions bretonnes. Elles servent avant tout de support, où les apprenants viennent apprendre en observant, analysant ou travaillant. Ils y séjournent des temps plus ou moins importants au travers de travaux dirigés, études de cas, expérimentations… Si l’enseignement des matières techniques agricoles (agronomie et/ou zootechnie) s’appuie fortement sur le quotidien des ateliers de production, la Direction régionale de l’Agriculture souhaite néanmoins mobiliser encore plus d’enseignement sur cet outil concret, y compris les matières plus générales.

Rôles d’expérimentation et de diffusion

Implantation des exploitations agricoles support de formation en Bretagne

Mais l’exploitation pédagogique a d’autres missions. Elle se doit aussi d’expérimenter et d’innover. Un fait plus ou moins développé selon les sites et le système d’exploitation. Mais c’est un atout qui permet d’avoir des connexions avec le milieu professionnel et des partenaires extérieurs. Et une obligation pour « enseigner à produire autrement », un axe fort de la politique induite par Stéphane Le Foll, le ministre de l’Agriculture, en charge de la formation agricole. Un audit vient d’être réalisé.

Tous les sites de production bretons sont au moins engagés dans deux axes de travail de ce programme d’agroécologie, qui repose sur une approche à la fois agronomique, économique et sociale. Chaque site a mis en place un plan d’actions pour continuer à développer ses efforts dans l’évolution des pratiques agronomiques, dans l’amélioration de l’autonomie protéique ou énergétique, et sur le plan qualitatif de l’emploi avec l’amélioration des conditions de travail. Ouvertes sur leur territoire, elles diffusent ainsi leurs résultats et accueillent techniciens et agriculteurs sur leurs sites.

Redorer l’image des métiers

Et c’est au travers d’un système « qui se doit d’être viable », rappelle Brigitte Téjédor, responsable du service formation à la Draaf, que l’apprenant va pouvoir s’épanouir. Au sein d’un centre de formation, l’exploitation est autonome quant aux stratégies mises en place, même si le projet d’exploitation est relié au projet global d’établissement d’éducation ; la production doit assurer les charges liées à son fonctionnement, dont les charges salariales. « On produit, on teste et on montre les résultats ».

Des établissements de progrès agricole dès le XIXe siècle

Les premières fermes écoles apparaissent sous la restauration, dans les années 1830, en Bretagne. Ce concept, au service de l’agriculture et de son enseignement, a trouvé un écho favorable dans notre région, où l’agriculture accumulait un retard important au regard de la production agricole au niveau national à cette période.

Au niveau du territoire, l’exploitation pédagogique a aussi pour objectif de renouveler l’image des métiers de l’agriculture où, quelle que soit la production, la technique et les technologies sont omniprésentes et requièrent un savoir-faire en constante évolution. Carole David

[nextpage title=”Lycée Théodore Monod, la connaissance pratique au contact des laitières”]Le troupeau laitier du lycée du Rheu (35) constitue un outil pédagogique vivant apprécié des élèves. Pour le mettre en avant, des BTS ont organisé un concours de pointage et vont emmener des vaches au Départemental de la Foire de Rennes, fin mars.

Plusieurs vaches ont été bloquées au cornadis. Des élèves de BTS se penchent, touchent les mamelles, observent l’inclinaison des bassins, l’angle des pieds… Ce 7 janvier, ils participent au concours de pointage organisé par quatre étudiants du lycée Théodore Monod du Rheu, en deuxième année de BTS Productions animales. « On note toujours à droite », précise Sylvain Durand, technicien Prim’Holstein France, montrant aux élèves, directement sur les vaches, comment réaliser un bon pointage.

[caption id=”attachment_3460″ align=”aligncenter” width=”300″]Le concours de pointage a été encadré par Sylvain Durand, technicien Prim'Holstein France (à droite). Le concours de pointage a été encadré par Sylvain Durand, technicien Prim’Holstein France (à droite).[/caption]

En salle au préalable, il a détaillé précisément les différents postes qui sont notés lors du pointage, concernant la mamelle, le format, les membres et la solidité laitière. « Des critères qui ont tous un intérêt économique », précise le technicien. « Entre une vache qui sera classée “passable” et une “très bonne”, l’écart de production a été chiffré à 4,2 L/jour de vie. Une note de pointage élevée signifie également une meilleure qualité du lait et une plus grande longévité. » De quoi montrer aux élèves l’importance de cet examen détaillé des vaches. « Chaque année, environ 5 élèves du lycée participent à la Finale départementale de pointage organisée par les JA à la Foire de Rennes », précise Christian Rossignol, professeur de zootechnie au Rheu.

Une semaine en immersion dans le troupeau

Comptant 60 VL (400 000 L de production, en bio depuis 2013), l’élevage du lycée est d’ailleurs adhérent au pointage et conseil délivrés par l’association Prim’Holstein France. Le troupeau laitier accueille de nombreux ateliers pratiques (insémination, santé animale…), notamment pour les BTS Productions animales. « Ils viennent à tour de rôle en “mini-stage”, à temps complet pendant une semaine. Ils participent à l’alimentation, la traite et toutes les autres interventions sur les vaches », souligne André Despinasse, directeur de l’exploitation du Rheu. « Le troupeau du lycée donne accès à une connaissance pratique. C’est mieux par exemple quand on va chez les éleveurs maîtres de stage ensuite », précisent des élèves.

[caption id=”attachment_3461″ align=”aligncenter” width=”300″]De g. à dr. : Mathilde Martellière, Jean-Baptiste Le Barbey, Benjamin Cotigny et Mathilde Simon, les 4 BTS PA qui proposent un Projet d'initiative et de communication en lien avec l’exploitation laitière du lycée. De g. à dr. : Mathilde Martellière, Jean-Baptiste Le Barbey, Benjamin Cotigny et Mathilde Simon, les 4 BTS PA qui proposent un Projet d’initiative et de communication en lien avec l’exploitation laitière du lycée.[/caption]

Assise sur une SAU de 70 ha, en agriculture biologique, l’exploitation du lycée participe par ailleurs au projet AEP (Agriculture écologiquement performante) porté par le Geda Bio Sud en Ille-et-Vilaine, qui affiche trois objectifs majeurs : la maîtrise de la santé des troupeaux, la résistance des systèmes d’exploitation aux aléas climatiques, la performance économique. « C’est un lien important avec des professionnels. Nous sommes également adhérents à la Cuma de Mordelles », note André Despinasse.

Deuxième participation du lycée à la Foire de Rennes

En deuxième année de BTS productions animales, Benjamin Cotigny, Mathilde Martellière, Mathilde Simon et Jean-Baptiste Le Barbey ont décidé d’axer leur Projet d’initiative et de communication (Pic) sur la génétique bovine, qui les passionne. Souhaitant promouvoir le troupeau de leur lycée, ils vont présenter des animaux au concours départemental Prim’Holstein de la Foire de Rennes, qui aura lieu fin mars, épaulés par des professionnels d’Évolution. Ils n’en seront pas à leur coup d’essai puisqu’ils ont déjà participé en septembre dernier au comice de Mordelles, emmenant 7 vaches et 1 génisse du lycée. « Cela nous a demandé une semaine complète de travail », précisent les jeunes. Jean-Yves Gallais, éleveur, les a aidés à choisir et préparer leurs animaux.
Ayant aussi pour objectif d’impliquer et d’intéresser d’autres élèves de leur établissement dans leur projet, ils ont en parallèle organisé un concours de pointage et projettent de réaliser des démonstrations de préparation d’animaux, avec l’intervention d’un clippeur professionnel, lors de la prochaine porte ouverte du lycée. « Nous souhaitons montrer aux élèves que le passage des vaches sur le ring lors du concours n’est que le clou du spectacle, et que la préparation préalable est longue et complexe. »

Légumes, porcs et ovins

D’autres partenariats sont également actifs, avec Agrobio 35, l’Inra, la Chambre d’agriculture… Outre le troupeau laitier, le lycée abrite un atelier ovin pédagogique (20 brebis), un atelier maraîchage bio sur 2 ha avec des légumes de plein champ et 6 tunnels de 400 m2, et un atelier porc naisseur/post sevrage de 100 truies (engraisseur à façon). « Nous envisageons de passer ce dernier atelier en bio avec la construction d’un nouveau bâtiment naissage et engraissement. » En plus du directeur, l’exploitation du Rheu emploie 4,5 salariés autofinancés. Agnès Cussonneau

[nextpage title=”Lycée de pommerit, une ferme laitière à la pointe”]

Le nouveau bâtiment de la ferme laitière a été pensé afin d’automatiser les tâches répétitives, et privilégier le bien-être des animaux. C’est un formidable outil pédagogique qui servira aussi à vulgariser et promouvoir le métier auprès d’un public non agricole.

[caption id=”attachment_3468″ align=”aligncenter” width=”300″]Les vaches ont déjà pris place dans le bâtiment neuf de la ferme laitière. Le robot de traite sera mis en service fin janvier, l’automate d’alimentation fin février et le Herd Navigator fin avril. Tous les travaux seront terminés pour début juin. Les vaches ont déjà pris place dans le bâtiment neuf de la ferme laitière. Le robot de traite sera mis en service fin janvier, l’automate d’alimentation fin février et le Herd Navigator fin avril. Tous les travaux seront terminés pour début juin.[/caption]

« Nous avons confiance en l’avenir. Le Lycée de Pommerit a la volonté de porter et de conforter la filière laitière bretonne. C’est une des raisons qui nous a motivés à investir dans un bâtiment neuf », indique Marc Janvier, directeur de l’établissement agricole de Pommerit-Jaudy (22). La stabulation a été pensée dans les moindres détails et le projet porté par plusieurs acteurs du lycée dont Claude Le Hervé, enseignant en production laitière pour les BTS Acse. Il raconte : « Je suis allé au Canada avec les plans du bâtiment pour voir comment étaient conçues les solutions innovantes qui allaient équiper l’étable. Ces produits proposés par des entreprises françaises vont améliorer le confort des animaux. Les fabricants rencontrés là-bas m’ont fait remarquer que c’était la première fois qu’un Français effectuait cette démarche alors que certains de nos voisins européens le font régulièrement. »

Production et transformation dans le même bâtiment

Dans le bâtiment, une salle aux normes agro-alimentaires est en cours d’aménagement. Cette pièce sera équipée d’un mini-laboratoire dédié à la transformation du lait avec un automate pouvant travailler le chaud comme le froid. Ce dernier permettra de réaliser glaces, confitures de lait et diverses préparations. « Le Lycée de Pommerit propose un BTS Sciences et Techniques Alimentaires, les élèves passant ce diplôme doivent présenter une préparation innovante à l’examen. Jusqu’à ce jour, leur laboratoire était situé à l’extérieur de l’école. À présent, nous voulons faire le lien entre la production et la transformation pour que les élèves de cette filière ne voient pas le lait seulement comme un minerai », déclare Claude Le Hervé.

Une vitrine ouverte sur l’extérieur

Le bâtiment se veut moderne, tourné vers l’élevage de demain. Il sera inauguré en milieu d’année et deviendra un formidable outil pédagogique pour les étudiants, leur permettant d’associer théorie et pratique sur un même site. « Les cours de production laitière que je donne chaque semaine aux étudiants de BTS vont se dérouler à terme dans la salle vitrée à l’étage de la stabulation », se réjouit Claude Le Hervé. Tout a été pensé et conçu afin d’envoyer un maximum de signaux positifs sur l’image du métier d’éleveur laitier. « Nous sommes convaincus que la profession souffre d’une image encore négative particulièrement marquée par les contraintes de travail quotidiennes liées aux traites du matin et du soir. Pourtant il faut maintenir une dynamique laitière en Bretagne tout en réduisant le caractère astreignant. C’est là que la technologie est un vrai recours », explique le directeur du Lycée de Pommerit. Il ajoute : « Nous avons fait des choix ambitieux, avec la volonté de réaliser une vitrine ouverte sur l’extérieur. La stabulation est construite pour accueillir le public et expliquer le métier. C’est aussi un moyen de vulgariser les outils modernes comme le robot de traite ou l’automate d’alimentation. »

[caption id=”attachment_3469″ align=”aligncenter” width=”300″]Claude Le Hervé, enseignant en production laitière pour les BTS Acse du Lycée de Pommerit. Claude Le Hervé, enseignant en production laitière pour les BTS Acse du Lycée de Pommerit.[/caption]

Automatiser au maximum les tâches répétitives

Le nouveau bâtiment est venu s’appuyer sur la stabulation existante qui accueillera bientôt les veaux, les génisses et les vaches taries. « Nous avons séparé la stabulation en deux zones, une pour le public et l’autre pour les intervenants techniques. Un local est réservé aux techniciens, vétérinaires et autres partenaires de l’élevage. Nous avons appliqué la démarche de marche en avant. Les visiteurs vont faire tout le tour de l’étable sans croiser les animaux, tout en étant très proche d’eux, et sans entrer en contact avec  leur alimentation », décrit Claude Le Hervé.

18 h de lumière pour le bien-être des animaux

Dans ce projet, le bien-être et le confort des animaux ont été une des priorités. Les caillebotis sont recouverts de caoutchouc afin de préserver les membres des vaches et avoir des pieds de qualité. Les logettes ont des flancs amovibles et sont équipées de matelas. Les vaches vont profiter de la luminothérapie grâce à sept lampes qui diffusent 18 heures de lumière afin d’assurer le bien-être et la synthèse hormonale. Les faces nord et sud du bâtiment sont pourvues de murs gonflables pour gagner en luminosité et améliorer la ventilation : lorsque les conditions climatiques sont favorables, les murs se dégonflent et s’abaissent. Les animaux pourront être soignés grâce à des diffuseurs d’huiles essentielles installés dans la stabulation. Un grand abreuvoir a été aménagé et l’eau de boisson sera réchauffée grâce au prérefroidisseur de traite. Les vitamines et minéraux seront distribués dans l’eau.

Le robot de traite sera mis en route fin janvier, l’automate d’alimentation fin février et le Herd Navigator (laboratoire d’analyses du lait) fin avril. « Le robot racleur arrive dans quelques jours, nous avons tenu à automatiser au maximum toutes les tâches répétitives. L’éleveur de demain devra se concentrer sur la partie management du troupeau. » Et le directeur d’insister : « Tous ces équipements modernes sont de vrais outils pédagogiques pour motiver les élèves et avec pour objectif de susciter aussi des vocations. Par exemple, notre choix de robot de traite s’est fait prioritairement sur l’aspect pédagogique. Nous avons choisi Delaval, car nous avons été séduits par le Herd Navigator qui fournit des tas d’informations sur l’état de l’animal, la qualité du lait… De vrais supports au service de la formation. » Nicolas Goualan

[nextpage title=”Le troupeau Charolais engagé dans la promotion de la race au lycée Kerlebost”]
Depuis plus de 5 ans, l’élevage du Lycée Kerlebost de Saint-Thuriau (56) participe au concours Charolais de Pontivy. En lien constant avec des éleveurs de la race, les élèves bénéficient de leur expérience et boostent leurs compétences « terrain ».

Elles respirent la santé, les 30 vaches charolaises du troupeau du lycée Kerlebost, à Saint-Thuriau (56). Choyées chaque jour par les deux salariés de l’exploitation, mais aussi par les élèves du lycée, elles offrent un support hors pair pour l’apprentissage. D’autant plus qu’il est enrichi par de nombreux partenariats.

[caption id=”attachment_3473″ align=”aligncenter” width=”300″]Chaque mardi matin, les 2de Productions animales bénéficient en petits groupes de l’expérience de Michel Jaglin, éleveur reconnu en race charolaise. Chaque mardi matin, les 2de Productions animales bénéficient en petits groupes de l’expérience de Michel Jaglin, éleveur reconnu en race charolaise.[/caption]

« Aujourd’hui, nous avons appris l’identification et le bouclage des veaux. Nous avons aussi tondu les vaches pour mieux gérer les parasites externes », explique Michel Jaglin, jeune retraité dont l’élevage allaitant et porcin situé à Saint-Gilles-Vieux-Marché (22) est aujourd’hui tenu par deux de ses fils. Depuis deux ans, il vient partager son savoir-faire d’éleveur charolais avec les élèves du lycée, tous les mardis matin. « Nous abordons toutes les étapes de l’élevage de bovins viande – alimentation, vêlage, prise de colostrum, pesées, reproduction, génétique… -, en expliquant les techniques et pourquoi on le fait. J’ai été agréablement surpris par l’intérêt des jeunes », sourit l’éleveur.

En petits groupes

Ces séquences on ne peut plus concrètes, en lien avec la théorie en salle, constituent un réel atout pour les jeunes, d’autant plus qu’elles se font en groupes restreints de 5-6 élèves. Les 2de Productions animales tournent dans plusieurs ateliers : élevage allaitant ou porcin du lycée, cultures, ou chez deux agriculteurs en lait et porc à proximité.
L’élevage charolais draine également d’autres intervenants : le contrôle de performances avec Breizh Bovins Croissance, les conseils génétiques avec Genoe et le Herd-Book. Autant de professionnels prêts à échanger avec les élèves.

[caption id=”attachment_3474″ align=”aligncenter” width=”300″]Patrice Bihoes, le responsable d’exploitation Patrice Bihoes, le responsable d’exploitation[/caption]

Support d’apprentissage, l’élevage constitue aussi un outil de promotion pour le lycée et la race charolaise. L’amélioration génétique, travaillée au fil du temps, est aujourd’hui mise en avant sur le ring du concours de la race au salon « Ohhh la vache » de Pontivy. L’accompagnement à la préparation et présentation des animaux à ce concours interrégional a été initié par Olivier Le Moign, éleveur à Corlay (22).

Des cultures et du porc aussi

L’exploitation du lycée compte 130 ha de cultures fourragères, de blé et de légumes. Outre l’élevage allaitant, le lycée héberge aussi un atelier porcin. Les 120 truies sont conduites en naissage associatif, et l’engraissement est fait sur site. Les travaux de récolte sont confiés à la Cuma et les semis à une ETA. Les élèves peuvent ainsi observer de près du matériel adapté et moderne. Le lycée dispose par ailleurs de trois tracteurs qui sont conduits par les jeunes.

« Les élèves de 2de sont présents au concours pour aider à la logistique, et ce sont les élèves de terminale CGEA qui présentent les animaux. Sous les conseils de Michel Jaglin, ils dressent et préparent les animaux tous les vendredis avant le concours qui a lieu en octobre », précise Marie-Pascale Pinatel, directrice adjointe du lycée. En 2010 et 2014, l’élevage de Kerlebost a décroché des premier prix en section « vaches ». Les élèves participent également au concours de pointage, en races Charolaise et Prim’Holstein.

Achat d’un bon taureau

Les investissements en génétique à Kerlebost se poursuivent avec l’achat à l’élevage Jaglin d’un mâle prometteur : « Impair ». C’est un fils de Far Ouest, taureau qui s’est distingué au dernier concours national à Magny-Cours (58), après avoir obtenu un premier prix. Quelques mâles sont vendus en reproducteurs chaque année.
« Nous souhaitons agrandir le troupeau Charolais en passant de 30 à 40 mères, et élargir l’engraissement à l’ensemble des broutards à l’avenir », explique Patrice Bihoes, le responsable d’exploitation. « Nous allons aussi travailler sur les circuits courts avec Sodexo, en commercialisant des animaux qu’on retrouvera dans les assiettes de nos élèves, et dans d’autres restaurants collectifs autour de Pontivy », ajoute Marie-Pascale Pinatel.

Une autre belle illustration grandeur nature pour les élèves. En première Bac Pro CGEA, ils suivent un module de formation spécifique à la viande bovine, poussé jusqu’à l’étape commercialisation. Ils effectuent alors un stage de 15 jours dans une exploitation qui fait de la vente en circuit court. « C’est important de savoir vendre ce qu’on produit, de comprendre ce que le consommateur demande. » Agnès Cussonneau

[nextpage title=”Le porc conserve toute sa place au lycée de Bréhoulou”]La récente orientation aquacole n’a pas occulté la vocation agricole du lycée de Bréhoulou (29). L’atelier de 75 truies sert de support pédagogique aux bac pro, comme l’élevage de 50 laitières.

« Une vraie exploitation agricole ». C’est ainsi que Stéphane Eugène qualifie la ferme du lycée de Bréhoulou, à Fouesnant, dans le Sud-Finistère. Une ferme dont il est le responsable. La structure compte 110 hectares de SAU, un élevage laitier, une quinzaine de vaches allaitantes de race nantaise, un poulailler label de 400 m2 et un troupeau de truies en conduite conventionnelle, avec engraissement de la quasi-totalité des porcelets. « L’exploitation rémunère ses trois salariés. Elle doit être rentable économiquement ». Un atout, selon lui, pour le lycée qui forme des élèves du bac pro CGEA (conduite et gestion de l’exploitation agricole) au BTS Acse.

[caption id=”attachment_3475″ align=”aligncenter” width=”300″]Frédéric Mouchy (professeur), Damien Vigouroux et Betty Kozolinsky (élèves), Marie-Pierre Gousset (directrice) et Stéphane Eugène (responsable de la ferme) devant l'entrée de l'élevage de porcs. Frédéric Mouchy (professeur), Damien Vigouroux et Betty Kozolinsky (élèves), Marie-Pierre Gousset (directrice) et Stéphane Eugène (responsable de la ferme) devant l’entrée de l’élevage de porcs.[/caption]

Les élèves de seconde sont les premiers à bénéficier de ce support pédagogique, grâce aux stages qu’ils y réalisent, dès leur arrivée au lycée. Une à deux semaines d’immersion, pendant lesquelles ils passent dans les différents ateliers d’élevage. Une période de découverte pour certains d’entre eux, non issus du milieu agricole, qui leur permet déjà de faire des choix. Betty Kozolinsky, élève de terminale, a été séduite par la production porcine, à son arrivée à Bréhoulou.

Séduite par le travail en maternité

« Je ne connaissais pas du tout l’élevage de porcs », raconte Betty, originaire de Coray. « Il y avait une ferme laitière à côté de chez moi ; c’est ce qui m’a poussé à intégrer une formation agricole après la troisième. Peu après le début des cours, en seconde, j’ai fait le stage de découverte au lycée ». Un stage réalisé sous la responsabilité d’un des trois salariés. « J’ai été attirée par la production porcine et notamment le suivi de la maternité ». Suffisamment pour orienter sa formation de bac pro.

En dehors de ces semaines de stage interne au lycée, les élèves réalisent des travaux pratiques sur l’élevage, qui se poursuivent jusqu’à la terminale et qui permettent de renforcer les pratiques non maîtrisées. Sur les 3 années de formation, ils réalisent également 20 semaines de stage en exploitation. Le tout complété par des visites dans des élevages « du bio au conventionnel ». Un cursus qui permet une véritable progression et qui confère une aptitude à travailler en élevage. Betty n’en a pas eu assez. « Je suis interne, et tous les mercredis après-midi, avec 3 ou 4 autres élèves, on va travailler dans l’atelier porc, sans aucune obligation ». Et pas seulement pour s’occuper des petits porcelets. « Aujourd’hui, je suis assez à l’aise pour effectuer l’ensemble des travaux autour des animaux ».

Un petit regret peut-être. « Les bâtiments porcs sont anciens, surtout le bloc maternité-gestante ». Un projet de rénovation de l’atelier est en cours de réflexion. Marie-Pierre Gousset, directrice de l’établissement public assure : « Nous tenons à conserver ce support pédagogique. Le futur atelier devra être représentatif de ce qui se fait sur le territoire, novateur et performant économiquement ». Du conventionnel, avec probablement un bloc gestante sur paille. Bernard Laurent

La parole à…

Damien Vigouroux, élève de première bac pro : C’est l’envie de reprendre l’exploitation familiale qui m’a conduit à Bréhoulou. En arrivant au lycée, je connaissais l’élevage mais sans avoir vraiment pratiqué. Le cursus m’a permis de combler mes lacunes. J’envisage, à l’avenir, de créer un atelier de transformation et de vente directe sur la ferme familiale. Une manière, d’éviter les aléas du marché et la volatilité des cours. J’apprécie de travailler sur les chiffres économiques de l’exploitation du lycée. C’est du réel ! Je ne vois qu’un inconvénient à cette formation : la théorie, en cours, est à dominante lait. Sur la vingtaine d’élèves par promotion, seuls 4 ou 5 se spécialisent en production porcine.

Franck Despré, salarié de l’exploitation : Les élèves ont tous une approche, des connaissances et des caractères différents. Nous, salariés, nous devons nous adapter. À leur arrivée au lycée, notre travail est de leur faire comprendre les consignes et surtout de leur apprendre à travailler en sécurité avec les animaux. C’est la première étape et nous devons être vigilants, d’autant plus que les élèves tournent toutes les semaines. Il faut qu’ils connaissent un peu le comportement de l’animal avant d’effectuer des travaux. Les élèves sont parfois réticents à effectuer certaines tâches comme la castration, par exemple. Il faut prendre le temps. Nous devons aussi saisir toutes les opportunités qui se présentent, notamment pendant les premières semaines de stage sur les différents ateliers de l’exploitation, pour leur montrer un maximum d’événements (vêlages, mises bas, mouvements d’animaux…).

Frédéric Mouchy, professeur de zootechnie : Beaucoup d’élèves ne sont pas issus du milieu agricole. Lorsqu’ils arrivent, en seconde, ils apprennent à appréhender la relation avec l’animal. Ils apprennent les gestes. Ce n’est pas évident pour tout le monde. Certains peuvent « coincer » dans la relation avec l’animal de rente qui va finir à l’abattoir. Dans ce cas, on peut envisager une réorientation rapide. Mais en général, cela se passe bien.

[nextpage title=”Paul cultive son métier au lycée de Suscinio”]
Une exploitation sur le site d’un établissement scolaire constitue un formidable outil pédagogique. Rencontre avec un élève du lycée de Suscinio, à Ploujean-Morlaix (29).

Quand on a quinze ans, l’orientation pourtant cruciale n’apparaît pas comme une évidence et l’idée d’un parcours professionnel encore moins. Il existe cependant des apprenants pour qui ces choix se présentent clairement dans leur esprit. Mais pour trouver sa voie, il faut aussi trouver l’établissement qui accompagne cette décision. En s’inscrivant au lycée de Suscinio, à Morlaix (29), Paul Lubin-Garrec réussit à s’épanouir dans un environnement pédagogique d’entreprise.

[caption id=”attachment_3493″ align=”aligncenter” width=”300″]Paul Lubin-Garrec a trouvé sa voie grâce à la pédagogie du travail sous serre. Paul Lubin-Garrec a trouvé sa voie grâce à la pédagogie du travail
sous serre.[/caption]

Cours et terrain

Le lycée agricole morlaisien, associé à celui de Châteaulin (29), utilise son exploitation agricole à des fins scolaires. D’une superficie de 18 hectares, il y a de quoi assouvir les passions de l’apprentissage. « Le rôle de l’exploitation est de créer un lien pédagogie et de production à proprement dit. Ces deux missions ne sont pas toujours faciles à marier, car pour former les jeunes, du temps est nécessaire, ce qui peut être contradictoire avec une logique de gestion d’un outil de production. Cela dit, la liaison avec le corps enseignant nous permet d’anticiper les travaux dans la serre », explique Philippe Mahé, directeur de l’exploitation. Les élèves apprennent donc dans un environnement d’entreprise. « La serre fonctionne comme toute entreprise, avec des salaires à sortir à chaque fin de mois. Nous avons fait le choix de ne pas consacrer une partie des bâtiments aux élèves : ils doivent s’imprégner de ce milieu professionnel. La difficulté de gestion de cet outil reste pour nous la diversité des productions proposée, qui coûte forcément plus cher qu’une exploitation spécialisée dans une production », ajoute-t-il.

Paul Lubin-Garrec a donc choisi de se former avec une seconde professionnelle en productions végétales, et une orientation maraîchère. « En plus des cours généraux de mathématiques ou de français, nous planchons sur des matières techniques comme l’agroéquipement, l’agronomie ou la biologie. Tous les lundis après-midi sont consacrés aux travaux de production dans la serre durant 4 heures », énumère le jeune élève. Et d’ajouter : « Je préfère les parties pratiques aux théoriques ».

Suscinio et rien d’autre

L’établissement, le lycéen a appris à le connaître. Après une seconde générale, il a choisi la voie professionnelle. « Durant sa première seconde, il consacrait ses mercredis après-midi à venir nous aider sur l’exploitation », se souvient Philippe Mahé. Plutôt attiré au départ par les métiers de paysagiste, l’apprenant a réfléchi et préfère se tourner vers la voie agricole. Au total, ce sont 8 élèves qui composent cette session, qui a l’avantage de proposer un programme mixte : la seconde a des stages dans son calendrier, la première et la terminale se font en apprentissage. « Habituellement, le cursus en apprentissage dure trois ans, de la seconde à la terminale. Nous proposons aux élèves un parcours différent avec une année en alternance de douze semaines de stages, et la première et terminal en apprentissage. Ainsi, les entreprises acceptent plus facilement de prendre un apprenti sur cette période plus courte », estime Philippe Mahé. Pour Paul, l’immersion dans le milieu professionnel se fera bien entendu, à Suscinio.

[caption id=”attachment_3494″ align=”aligncenter” width=”300″]Nouvellement inaugurées, les serres sont conduites biologiquement. Nouvellement inaugurées, les serres sont conduites biologiquement.[/caption]

« J’aime la terre »

Sans être issu du milieu agricole, qu’est-ce qui a poussé ce jeune dans cette voie ? La réponse fuse : « J’aime la terre et les outils simples comme le râteau. Je suis aussi attiré par le machinisme. Je ne ferme pas la porte aux métiers d’élevage ». Une belle illustration de la variété des métiers de l’agriculture. La journée de travaux pratiques du lundi est souvent consacrée à la récolte, destinée à approvisionner les cantines de Suscinio et de Châteaulin. Ainsi, l’élève aura multiplié, planté, suivi la croissance et récolté les aliments qui composent ses repas. De la serre à la serviette, le goût pour la production s’illustre au propre comme au figuré. F. Paranthoën

[nextpage title=”Une formation concrète, sur du matériel récent et performant à la MFR de Loudéac”]Les Maisons familiales rurales ne disposent pas d’exploitation agricole. Mais les mises en situation professionnelle sont omniprésentes lors de la formation sur les sites.



Pas d’exploitation-support dans les Maisons familiales rurales (MFR), où l’alternance assure la complémentarité de la formation pratique des jeunes, avec l’intervention des maîtres de stage. Cuisine pédagogique, salle petite enfance, appartement-témoin avec lits médicalisés, ateliers machinisme ou de soudure… La pédagogie s’appuie néanmoins sur une formation professionnelle concrète au sein des établissements, avec la présence d’ateliers spécialisés. Visite des deux hangars machinisme dédiés aux formations en agroéquipement à la MFR de Loudéac (22).

[caption id=”attachment_3495″ align=”aligncenter” width=”300″]Réglages du semoir de maïs et calcul de densité autour de l’épandeur d’engrais étaient au programme de mise en situation professionnelle lors de l’atelier machinisme la semaine dernière à la Maison familiale de Loudéac (22).
 Réglages du semoir de maïs et calcul de densité autour de l’épandeur d’engrais étaient au programme de mise en situation professionnelle lors de l’atelier machinisme la semaine dernière à la Maison familiale de Loudéac (22).[/caption]

« Bien connaître les notions de base »

« Face à l’augmentation du coût de l’heure d’entretien du matériel en concession, les agriculteurs, les Cuma ou entreprises de travaux agricoles (ETA) recherchent aujourd’hui des salariés autonomes dans l’entretien et le préventif de leur matériel agricole », présente Willy Rouxel, formateur en machinisme. Et d’insister : « Les ateliers, sur 2 000 m², qui servent de base de travaux pratiques, sont des outils qui nous permettent de rester à la pointe du savoir, en travaillant sur du matériel récent et performant. » Moissonneuse, ensileuse, épandeur, semoirs…

Des outils acquis par le centre de formation ou mis à disposition par des concessionnaires ou des agriculteurs locaux, permettent aux personnes – apprenants et formateurs – intervenant sur ce matériel d’évoluer au même rythme que la technologie. Cependant, à la demande des professionnels, « la formation insiste aussi sur les notions de base à acquérir avant d’aller plus loin », rappelle Éric Jaffrot, le directeur de la structure. Aussi, changer les croisillons de cardan, refaire une prise électrique ou les niveaux sont des gestes qui ont été remis au programme des ateliers.

[caption id=”attachment_3496″ align=”aligncenter” width=”300″]Après avoir repeint le bec et assuré la maintenance de la moissonneuse, les élèves remontent l’outil pour pouvoir le livrer à son propriétaire.

 Après avoir repeint le bec et assuré la maintenance de la moissonneuse, les élèves remontent l’outil pour pouvoir le livrer à son propriétaire.[/caption]

L’élève, acteur de sa formation

Après une sensibilisation aux aspects sécuritaires, toutes les formations de la 4e au BTS, passent par l’atelier. Petit à petit, l’élève devient acteur dès la classe de seconde. L’atelier lui permet d’appliquer la notion qu’il a appréhendée en théorie en début de semaine. En BTS, les jeunes recherchent l’origine des pannes. Et, l’étudiant y travaille à mi-temps en contrat de spécialisation. De plus, à chaque passage, un élève est responsable de la distribution des pièces nécessaires, au magasin configuré comme celui des concessions.

La Bretagne accueille le CQP de négociateur en machinisme agricole

Le Certificat de Qualification Professionnelle est une formation de 600 h, destinées aux titulaires d’un bac + 2 en machinisme, qui se déroule sur cinq établissements de formation en France, par période de 15 jours. À la MFR de Loudéac, le thème abordé est la gestion des effluents d’élevage, avec des visites chez les constructeurs, dans les concessions et des rencontres avec des commerciaux. Ces derniers proposent aux participants des mises en situation professionnelle, en français et en anglais, pour apprendre à aborder les clients.

« Un bon moyen d’apprendre le métier, d’être plus motivé en cours pour acquérir les notions théoriques et d’être opérationnel dès l’obtention du diplôme en poche », analyse Michel Uzenot, président de la MFR. L’alternance impose aux élèves d’être présents 15 jours/mois dans l’établissement. « La formation concrète en ateliers leur permet d’être présents et actifs à 100 % durant leurs phases de formation », insiste le directeur. Et d’ajouter : « L’efficacité, la réactivité, la disponibilité et la mobilité sont des notions sur lesquelles on insiste. » Ce sont des atouts demain pour se démarquer des autres candidats sur le marché du travail. Carole David


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