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Perspectives 2015, bienvenue dans un monde agricole chahuté


Rares sont les experts qui se prêtent à des pronostics sur ce que pourrait être 2015 pour les activités agricoles. C’est qu’avant tout il s’agira d’un millésime d’incertitudes. Assurément 2015 sera chahuté. Ce qui n’est pas forcément négatif.

L’économie des secteurs de production animale est aujourd’hui dominée par « l’instabilité » alors qu’elle fut « longtemps marquée d’une certaine stabilité ». Difficile, voire impossible, estiment les Chambre d’Agriculture, dans leur note d’Analyses et perspectives de décembre, de savoir « si les résultats d’un secteur en 2014 dureront dans les années suivantes ». Tour d’horizon des principales productions.

L’année redoutée de la fin des quotas laitiers

Entre septembre et décembre, les cours du prix du lait entier en poudre ont baissé de 17 % sur la plate-forme d’enchères néo-zélandaise Global Dairy Trade, qui fixe les tendances du marché mondial. Les conséquences sur le prix payé aux producteurs, lissé sur trois mois, ne se feront ressentir que début janvier. « On parle d’une baisse de 10 % sur le premier trimestre 2015 », s’inquiète Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). La chute des cours mondiaux, proche des plus bas niveaux connus depuis cinq ans, arrive à un moment charnière pour les éleveurs laitiers : le passage d’une gestion du marché par les quotas à une gestion par les contrats. « Nous allons avoir un révélateur du fonctionnement de notre schéma », analyse Thierry Roquefeuil.

Viande bovine, reconquête de la qualité

Les éleveurs de bovins viande ont subi les conséquences de la libéralisation du secteur laitier, avant les éleveurs laitiers eux-mêmes. Depuis l’automne, les cours de la viande bovine ont chuté sous l’effet d’envois massifs de réformes laitières à l’abattoir. En 2015, la filière va s’atteler à deux chantiers : la qualité de la viande et l’ouverture de nouveaux marchés à l’export. Le chantier de la qualité a connu une première étape, le 13 décembre, avec la mise en place d’une nouvelle dénomination des morceaux de viande dans les rayons libre-service des grandes surfaces. « Nous avons des retours positifs des consommateurs », se réjouit Dominique Langlois, président d’Interbev.

Une année sans signe de redressement en porc

Les producteurs de porcs sortent aussi d’une mauvaise année, qu’ils attendaient pourtant bonne.
Ils ont été rapidement douchés par la mise en place de l’embargo russe pour cause de peste porcine africaine (PPA), en février 2014. Désormais, peu de responsables se livrent au jeu de la prospective.
« Les fondamentaux ne sont pas réunis pour un redressement », lance Guillaume Roué, président de l’Inaporc. « On risque une augmentation de la production en Europe, face à une consommation qui ne devrait pas être très forte ». Et les incertitudes persistent. Elles sont d’ordre géopolitique : durée de l’embargo russe sur la viande de porc, évolution des cours des matières premières… Mais aussi sanitaires : la France sera-t-elle épargnée par la diarrhée épidémique porcine (DEP) qui a marqué l’année 2014 et saura-t-elle conserver les parts de marché qu’elle a gagnées en 2014 ?
« La baisse des volumes de production dans l’Ouest » et « le manque de compétitivité par rapport à l’industrie allemande » sont les maux qui continueront de peser sur l’abattage découpe français en 2015, rappelle Guillaume Roué.

Volailles de chair, vers la reconquête du marché intérieur

« L’année 2014 devrait montrer que nous avons gagné des parts de marché sur les importations, se félicite Gilles Le Pottier, directeur général du Cidef. Nous devons poursuivre cette stratégie. » Une volonté partagée, semble-t-il par toute la filière, de reconquérir le marché intérieur où 42 % des volailles achetées par le consommateur sont issues d’importations. Même le grand export, jusqu’ici sans réelles perspectives, semble pris d’un vent d’optimisme. Le 5 décembre, la justice a accepté que Tilly Sabco soit repris par le groupe britannique MS Food, la CCI de Morlaix et Breizh Algae Invest, le groupe Doux, quant à lui, annonce son redressement, à la faveur notamment de taux de change plus favorables.


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