Désorganisation des producteurs de lait

La contractualisation entre producteurs de lait et industriel qui doit organiser les relations commerciales après la fin des quotas laitiers en avril 2015, poursuit son existence chaotique.

À moins de six mois de la fin des quotas laitiers, les organisations de producteurs n’ont toujours pas montré leur efficacité, dans un rapport de force qui reste disproportionné face aux industriels. Début octobre, l’entreprise Bongrain a annoncé la baisse du prix d’achat du lait payé aux éleveurs pour le dernier trimestre 2014, ce qui n’est pas conforme aux contrats, dénoncent plusieurs organisations de producteurs (OP).

Vers un effet domino

Selon la Coordination rurale, la baisse du prix du lait par Bongrain montre que « les organisations de producteurs liées aux laiteries n’ont aucun pouvoir de négociation », affirme-t-elle dans un communiqué du 8 octobre. « Inévitablement, les autres laiteries vont annoncer à tour de rôle la forte baisse du prix du lait », anticipe-t-elle. Souvent pointé du doigt, Lactalis, le N° 1 du secteur, devait négocier avec ses OP le 15 octobre. « Tous les industriels regardent ce que va faire Lactalis, et la première entreprise qui arrachera un accord définira le prix pour tous les autres », prévient Sébastien Amand, président de l’Union nationale des éleveurs livrant à Lactalis (Unell). « Les OP sont inefficaces et servent de prétexte aux entreprises auprès des producteurs », constate-t-il amèrement. « L’affichage de partenariat et de co-construction que montrent les industriels, c’est de la poudre aux yeux : il n’y a pas de confiance », regrette-t-il. Pour autant, il croit toujours que « les OP sont une solution ». Mais seulement si les éleveurs jouent le jeu : « Il faut se rassembler pour massifier les OP », lance-t-il.

Vers des actions de justice

André Bonnard, trésorier de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), reformule le problème : « La question n’est pas celle des OP, mais du contrat, rectifie-t-il. Ce que montre Bongrain, comme Lactalis par le passé, c’est que les industriels peuvent s’asseoir sur les contrats.» La solution, pour la FNPL, est la possibilité introduite par la loi d’Avenir agricole de mener des actions de groupe : les OP pourront ainsi aller en justice au nom de leurs adhérents. « C’est à l’issue d’une procédure en justice que l’on pourra dire si la contractualisation marche ou pas », tranche-t-il. La réponse pourrait être donnée rapidement, puisque les décrets devraient arriver d’ici quelques jours.


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