elevage-porc-preparation-cochette - Illustration De la cochette à la 2e portée

De la cochette à la 2e portée

Les primipares et les deuxièmes portées produisent plus du tiers des porcelets d’un élevage. On mesure l’impact économique de leurs performances de prolificité. Pour optimiser ces résultats de début de carrière mais aussi assurer une bonne longévité, la préparation des cochettes doit être soignée : dès l’arrivée, dans un local de quarantaine adapté aux exigences sanitaires de l’élevage d’aujourd’hui. Dans ce dossier, largement inspiré du récent forum technique du groupement Triskalia, nous mettons en avant les facteurs de réussite de la conduite de la jeune truie. Des éleveurs performants, de différents groupements, témoignent de leurs pratiques en terme d’alimentation, de sanitaire et de préparation à l’insémination, avec des éclairages de vétérinaires et de techniciens sur des points particuliers. Leurs méthodes permettent d’obtenir de très bons résultats de prolificité en première portée et d’éviter le syndrome de 2e portée qui affecte pourtant 79 % des élevages. Une enquête, détaillée dans les pages suivantes, réalisée dans plu- sieurs élevages, démontre que les animaux les plus performants en première portée le restent sur les portées suivantes. D’où l’intérêt de bichonner les cochettes. Bernard Laurent
[nextpage title=”Neuf semaines pour une quarantaine idéale”]

« La période d’observation de 3 semaines est un garde fou vis-à-vis d’une contamination de l’élevage receveur car c’est la durée moyenne d’incubation de la plupart des maladies », indique Julien Collet, vétérinaire, intervenant au forum technique Triskalia. Pendant cette période, des mesures minimales de biosécurité sont nécessaires pour protéger le reste de l’élevage.

[caption id=”attachment_7724″ align=”aligncenter” width=”300″]Julien Collet, vétérinaire Julien Collet, vétérinaire[/caption]

« Utiliser un matériel spécifique à la quarantaine pour les injections, porter une tenue et des bottes dédiées, visiter le local en dernier dans le travail quotidien ». La conduite doit se faire en tout vide-tout plein, « indispensable pour éviter la contamination entre les lots juste arrivés et ceux prêts à rentrer ». Les fosses doivent également être séparées, avec un circuit spécifique d’évacuation.

Élever les porcelets issus de cochette à part

Les échanges sanitaires entre les reproducteurs influent sur la conduite à tenir pour les porcelets sevrés. En nurserie ou en post-sevrage, les règles de parité doivent être respectées surtout si l’élevage est confronté à des pathologies récurrentes (grippe, SDRP…) ou à une contamination des cochettes par le mycoplasme. Elles peuvent excréter le germe pendant 200 jours après la contamination. En conséquence, il convient de li- miter les échanges entre porcelets de statuts différents (3 à 4 portées par case au maximum). Les porcelets de cochettes doivent être élevés en-semble dans les cases, voir dans les salles. Ils sont soit plus sensibles, soit plus porteurs de germes que les autres porcelets, donc plus sujets à risque. Ces mesures sont d’au- tant plus importantes que les cochettes sont élevées stricte- ment dans leur cases en cours de gestation.

Vermifugation

La seconde phase de quarantaine est nécessaire pour adapter les cochettes au microbisme de l’élevage d’accueil. « Elle doit durer 3 semaines également ». Le temps de mettre en place une immunité naturelle adaptée aux germes de l’élevage par une contamination progressive : apport de déjections de truies autour de la mise-bas, de soupe anglaise, de délivres ou mise en contact de truies de réforme « sans arthrites ni métrites ». Le temps également de réaliser les vaccins, déjà entamés en phase d’observation. « Le programme vaccinal doit être adapté aux germes présents sur l’élevage, d’où la nécessité de faire un bilan sanitaire du troupeau receveur ». La dernière phase, de stabilisation, est nécessaire à la mise en place de l’immunité des animaux et à l’arrêt d’excrétion éventuelle avant l’entrée dans le troupeau de reproducteurs « pour ne pas relancer les germes de l’élevage ». Une période où il convient également de vermifuger les cochettes, suffisamment tôt pour éviter l’excrétion des vers autour de la mise-bas. Bernard Laurent[nextpage title=”Pilotage alimentaire à l’épaisseur de lard”]

L’épaisseur de lard est prise dès la saillie des cochettes, à l’échographie, à l’entrée en maternité et le jour du sevrage. L’objectif est d’avoir une épaisseur la plus linéaire possible. La précision du programme alimentaire permet d’y parvenir

« Je devrais prendre l’épaisseur de lard dès l’arrivée des cochettes », concède Jean-Marc Guillot, à la tête d’un élevage de 120 truies naisseur engraisseur conduit en 7 bandes ; sevrage à 21 jours. Livrées par lots de 9, entre 100 et 105 kg, et réparties en 3 groupes dans la quarantaine, l’opération permettrait d’homogénéiser les lots en fonction du gras et non pas du gabarit. Dès la saillie, en tous cas, l’appareil à ultra sons devient un outil indispensable à l’éleveur pour piloter l’alimentation de ses reproductrices, sur la durée de leur carrière.

Peu d’hormones

L’arrêt du régumate, pour les cochettes, a lieu le lundi. Le sevrage est effectué le mercredi matin. Le verrat souffleur passe deux fois par jour, dès le mercredi. Pendant la semaine entre le sevrage et l’IA, la luminosité de la verraterie est programmée (lumière de 6 h à 22 h). Les reproductrices sont inséminées dès le dimanche (rythme des 3 IA : 12-24-36 heures). Le choix d’un tel planning est motivé par la volonté de l’éleveur de ne pas avoir de soins à réaliser sur les porcelets le weekend. De ce fait, 50% des animaux mettent bas naturellement le mardi. Les autres, y compris les cochettes, sont « planatées » pour des mises-bas le mercredi. L’éleveur assure ainsi 21 jours de lactation au minimum pour les primipares. La durée moyenne de lactation est de 22,4 jours pour l’ensemble du troupeau. Une injection de dinolytic est effectuée après la parturition pour toutes les truies. L’éleveur estime à 5 % le nombre de fouilles. Les cochettes ne reçoivent pas d’ocytocine pendant la mise- bas, ni de PG 600 au sevrage. La température demandée dans la maternité au moment des jours de mise-bas est de 25°C pour le confort des porcelets.

Eviter les gros gabarits

Les cochettes consomment quotidiennement 2 kilos d’aliment gestante en quarantaine, « pour éviter qu’elles ne fassent trop de gabarit ». En période de régumate, elles reçoivent 2,7 kg, « pour accroître la quantité et la qualité des follicules ». Après régumate, elles ont 800 g d’aliment allaitante en plus, distribué en manuel, pour faire un flushing de quelques jours (les multipares ont un flushing après sevrage de 4 kg de gestante + 800 g d’allaitante). Une cure de vitamines est administrée avant les inséminations pour les cochettes comme pour les truies. Ensuite, les doseurs en verraterie (aliment sec) et le Dac en gestante permettent d’ajuster les rations en fonction du gras dorsal.

Un bon statut sanitaire des cochettes

Les cochettes sont logées en quarantaine sur paille. L’éleveur est exigeant sur la qualité sanitaire des animaux entrants et demande à connaître le statut de l’élevage fournisseur (SDRP, Actino…). Il insiste également sur le nombre de tétines ; 15 au minimum. Dès le début de la 3e semaine, elles sont contaminées par des déjections de truies en maternité et par les délivres. Un lot de réformes est, à l’occasion, placé dans une case attenante, pour compléter l’adaptation au microbisme de l’élevage. Les cochettes sont vaccinées SDRP, mycoplasme, parvo, rouget, circovirus, grippe. Le paillage et l’ajout d’eau manuel (alimentation en doseurs) lui permettent d’apprivoiser les animaux.

Plusieurs courbes en U sont programmées à l’ordinateur. « L’épaisseur, dans l’idéal, pour l’ensemble du troupeau, doit se rapprocher de 18 à l’entrée en maternité, de 13-14 à l’insémination suivante et de 16 à l’échographie. Il faut absolument éviter les truies trop grasses, pour pouvoir augmenter les rations de 800 g pendant les 3 dernières semaines de gestation.

La qualité des porcelets et la facilité de la mise-bas en dépendent ». La ration des cochettes, à 3 kilos à l’entrée en maternité, monte à 6- 7 kg en lactation. « Toutes les truies consomment 800 g de son pendant une semaine au- tour de la mise bas, en plus de leur ration d’aliment. L’objectif est de faciliter le transit intestinal et de baisser le nombre de morts nés ». Le lot de cochettes le plus jeune met bas vers 365 jours d’âge. Les primipares sèvrent 13 à 14 porcelets, pour assurer une bonne qualité des mamelles lors des lactations suivantes. Bernard Laurent[nextpage title=”Assurer une bonne dynamique de croissance avant l’insémination”]

Éviter les pertes d’état en quarantaine et assurer une bonne croissance dans la période sortie de quarantaine-insémination sont des facteurs de réussite, démontrés lors d’une étude Triskalia, sur plus de 500 cochettes.

L’étude Triskalia, réalisée en 2013, portant sur neuf élevages et 515 cochettes, visait à déterminer les profils de développement corporel des cochettes (poids, épaisseurs de lard et de muscle dorsal) favorables aux performances de reproduction. Ces élevages ont de bons résultats de fertilité et de prolificité, supérieurs aux moyennes bretonnes, avec peu de petites portées (moins de 10 % de portées de moins de 10 nés totaux). La conduite d’élevage, entre l’arrivée des animaux sur l’élevage et l’insémination, a été analysée. Plusieurs enseignements peuvent être tirés.

[caption id=”attachment_7729″ align=”aligncenter” width=”300″]Il faut éviter les pertes d'état (lard et muscle) en quarantaine (40N) En pratique, il faut éviter les pertes d’état (lard et muscle) en quarantaine (40N). Il convient ensuite de favoriser le dépôt de lard avant l’IA grâce à la quantité d’aliment ou à sa concentration nutritionnelle.[/caption]

Pas de perte d’état en quarantaine

En quarantaine, il est possible de rationner les cochettes pour limiter une prise d’état excessive responsable de réformes précoces pour les truies. « Toutefois, il est indispensable de ne pas les carencer et d’éviter toute perte d’état, au risque de dégrader les performances de fertilité », assure Anthony Jupin, du service nutrition porcine du groupement. Les animaux qui ont perdu de l’état au cours de cette période (épaisseurs de lard et de muscle) viennent en chaleur 8 jours (ou plus) après la fin du « régumate » (synchronisation oestrus) contre 6 jours pour ceux qui enregistrent un gain de0,6 mm de gras et 1 mm de muscle.

Flushing alimentaire ou pas ?

Une étude complémentaire sur l’intérêt d’un flushing alimentaire a été réalisé dans 4 élevages, sur 147 cochettes. Deux niveaux de flushing ont été testés par élevage, un haut et un bas, représentant une différence de 0,5 à 1 kg d’aliment selon l’élevage, pendant 10 jours avant l’IA. (ration quotidienne allant de 2,8 kg pour le flushing bas à 3,6 kg pour le flushing haut, en moyenne). L’objectif était de mettre en relation la prolificité et le niveau alimentaire. L’effet bénéfique d’un flushing n’est démontré que dans deux des élevages. L’effet sur la prolificité n’est pas seule- ment lié à une quantité d’aliment mais dépend d’autres facteurs limitants : la prolificité sur l’élevage, le sanitaire, la dynamique de croissance en quarantaine et avant l’IA. « Le protocole alimentaire doit donc être optimisé en fonction de tous ces facteurs propres à chaque élevage ».

Gagner 1,5 mm de lard entre le début du « régumate » et l’IA

La période de la fin de quarantaine à l’insémination apparaît déterminante. « Dans une stratégie visant à limiter les excès d’état corporel des cochettes avant l’IA, nous avons déterminé un niveau minimum de croissance au-delà duquel les performances sont dégradées ». Outre le fait d’avoir eu une faible croissance en quarantaine, les cochettes, non vues en chaleur, ont un GMQ inférieur à 400 g/jour entre la fin de quarantaine et l’IA. (328 g/jour pour les cochettes présentant une mauvaise venue en chaleur contre 425 g pour les autres).

[caption id=”attachment_7730″ align=”aligncenter” width=”300″] Il faut viser un poids à l'insémination de 140 kg Pour une mise bas à 360 jours, il faut viser un poids à l’insémination de 140 kg, avec un GMQ de 400 à 450 g pendant la phase sortie de quarantaine-IA.[/caption]

Le poids des cochettes à l’IA est également déterminant. Dans l’un des élevages, en peuplement, (235 cochettes), il s’avère que les animaux qui ont produit 15 porcelets ou plus, pesaient, en moyenne, 139 kg à l’IA. Ceux qui ont pro- duit 12 porcelets ou moins, pesaient, en moyenne, 136 kg. En revanche, l’épaisseur de lard dorsal, au moment de l’IA, ne semble pas avoir d’impact sur a prolificité. Les cochettes, qu’elles aient produit 12 ou 15 porcelets se situaient globalement à 13-14 mm d’épaisseur. Par contre, un zoom sur la phase début de « régumate » – IA démontre le rôle majeur d’une prise de lard sur cette période. Les cochettes qui ont produit plus de 15 porcelets ont gagné 1,6 mm de lard au cours de cette phase. Celles qui ont produit 12 porcelets ou moins n’ont enregistré qu’un gain de 1,2 mm. « Il semble y avoir un effet seuil à 1,5 mm de gain de lard ». Regroupées en deux catégories, gain inférieur à 1,5 mm et supérieur ou égal à 1,5 mm de gain, les résultats de prolificité sont respectivement de 13,8 nés totaux contre 14,5. Soit un gain de 0,7 porcelets pour les animaux ayant gagné en épaisseur de gras sur la phase début de « régumate » – IA. Bernard Laurent[nextpage title=”L’impact d’une conduite alimentaire rigoureuse”]
Des éleveurs performants ont témoigné, au forum technique Triskalia, de leur conduite des cochettes, de la quarantaine à la 2e portée. Zoom sur certaines de leurs pratiques, de l’alimentation à la technique d’insémination, en passant par le confort du bâtiment et la domestication des cochettes.

Témoignages d’éleveurs

René Salmon, salarié de l’élevage SACPR, à Saint-Eloi (29)

Nos 600 truies, conduites en 20 bandes, sèvrent 13,14 porcelets en première portée, pour 14,2 nés totaux. Nous recevons 24 cochettes tous les mois (besoins de 4 bandes), à un poids moyen de 100 kg. La première IA a lieu entre 9 et 13 semaines après l’arrivée. La quarantaine est chauffée ; la température demandée est de 23°C dans les 48 premières heures puis 21° C sur la durée du séjour. Les chaleurs sont enregistrées dès la quarantaine. Je passe tous les jours dans les cases pour les domestiquer. La méthode de détection est simple : le dernier jour de régumate est le mardi. La détection commence le jeudi. Le verrat passe une fois par jour, 2 heures après le repas du matin pour éviter qu’elles ne soient encore trop actives

Une IA est réalisée dès l’immobilité, puis une fois par jour tant qu’elle est immobile au verrat. En moyenne, l’une des cochettes est inséminée le dimanche et les 5 autres le lundi. Le programme vaccinal est complet. La contamination a lieu en semaine 4, par des crottes et des délivres, pendant 5 jours. En gestation, elles reçoivent encore des déjections et des cartons de mise-bas.

Programme alimentaire des cochettes

  • 3 premières semaines : aliment faible en lysine, à volonté (gesta-opti).
  • Jour 20 : adaptation au Dac : de0,7à2kg/jen5jours du même aliment.
  • Jour 25-début régumate : 2 kg du même aliment (pour éviter les gros gabarits).
  • Régumate J1-J8 : 2,2 kg aliment enrichi (gesta-pro), notamment en lysine (par rapport à un gestante classique).
  • Régumate J9-J13 : 2,4 kg du même aliment.
  • Régumate J14-IA : 2,9 kg du même aliment.

Jean-Hervé Bescond, éleveur à Beuzec Cap Sizun (29)

J’ai transformé une ancienne verraterie en local de quarantaine, en 2012. Avec deux salles bien séparées, conduites en tout vide – tout plein, et une troisième pour la phase régumate. L’en- semble est bien isolé. Un radiant sert de chauffage, au be- soin, en hiver. Je passe tous les jours dans les cases et leur apporte un peu de paille pour les domestiquer. 10 cochettes sont livrées à 90-95 kilos toutes les 6 semaines (225 truies conduites en 7 bandes). Le premier lot est inséminé à 240 jours, à un poids supérieur ou égal à 140 kg, pour un âge à la mise bas de 354 jours (le second lot, 3 semaines plus tard). Les résultats s’améliorent : 14,4 nés totaux sur les 4 dernières bandes en rang

Programme alimentaire des cochettes

  • 15 premiers jours : aliment déconcentré, à volonté
  • 9 semaines suivantes : 2 kg de cet aliment
  • Début régumate : 2,3 kg d’un aliment enrichi
  • 10 jours avant IA : 3,1 kg du même aliment
  • IA-échographie : 2,5 kg du même aliment
  • Echographie – Mise bas moins 3 semaines : 2,1 kg d’aliment déconcentré

Pierre-Yves Lariven, Éleveur à Quemperven (22)

L’amélioration des résultats s’est faite en plu- sieurs étapes. En 2009, l’aliment biphase en gestante a apporté un plus. J’ai noté une baisse des mort-nés, grâce à des mises-bas plus faciles. Les « taupes » se sont raréfiées ; la longévité des truies s’est accrue. La deuxième étape, c’est le passage, en début 2012, à la semence NN, avec des porcelets plus vigoureux. La troisième étape, c’est le passage à l’aliment nourrice très concentré. Le bond a été immédiat, dès le cycle suivant : 12,9 sevrés sur les 10 premières bandes ; soit un gain de 0,6 porcelets par portée. L’impact économique est important ; toutes choses égales par ailleurs et sans travail supplémentaire. Les porcelets sont aussi plus homogènes à la naissance. Les 270 truies sèvrent actuellement 12,58 porcelets en moyenne. Je pourrais probablement gagner encore un demi porcelet par portée mais il y aurait sans doute un surcroît de travail dont je ne veux pas.

Programme alimentaire des cochettes

  • Sevrage-échographie : 2,4 kg d’aliment faible en lysine (2,2 kg pour les cochettes) + 0,8 à 1,3 kg d’allaitante concentré.
  • Milieu gestation : 2,4 kg d’aliment faible en lysine (2,2 kg pour les cochettes).
  • Fin de gestation : 2,4 kg d’aliment faible en lysine (2,2 kg pour les cochettes) + 1 kg d’allaitante concentré.
  • Lactation : aliment allaitante concentré + complémentaire dès le 10e jour, selon l’état (Toplac).
  • Cures de vitamines en gestante.

[nextpage title=”Le syndrome de la 2e portée affecte 79 % des élevages”]
Comment éviter ce qui peut constituer un véritable coup de barre dans la carrière de la jeune truie ? Une étude Triskalia nous donne quelques éléments de réponse.

Du poids en sortie de maternité ! Les primipares qui évitent l’écueil de la 2e portée pèsent plus de 170 kg au sevrage. Dans un élevage en peuplement (résultats de plus d’une centaine d’animaux analysés), les 27 cochettes dont le poids était supérieur à 175 kg, en sortie de maternité, ont produit plus de 16 porcelets en 2e portée. À l’inverse, celles dont le poids était inférieur à 175 kg ont donné naissance à 13,4 porcelets, en moyenne. « Pour réussir à avoir de tels poids au sevrage, il faut éviter d’inséminer des cochettes de moins de 140 kg », estime Olivier Le Jeune, technicien conseil du groupement.

Garder des porcelets sous les primipares

L’étude montre qu’il n’y a aucun intérêt à limiter le nombre de porcelets allaités en 1re lactation. En effet, les primipares ayant allaité 14 porcelets ou plus ont eu 13,4 nés totaux en 2e portée. Celles n’ayant allaité que 11 porcelets en ont eu 13,3. L’allaitement d’un grand nombre de porcelets en 1re portée n’affecte pas les résultats de la portée suivante.

Perte de muscle en lactation

Une perte de poids excessive en lactation dégrade la fertilité en rang 2. Les 41 primipares ayant perdu au moins 8 % de poids en maternité ont un taux de fécondation en première IA limité à 76 %. Les 83 autres, qui ont perdu moins de 8% de poids, ont un taux de réussite de 93 %. Une « fonte » limitée en première lactation favorise également la prolificité. Les 39 animaux ayant produit au moins 16 porcelets en 2e portée n’avaient perdu que 7 % de poids, en moyenne, en lactation. Les autres avaient perdu 9,5 % de poids sur cette période.

« C’est la perte de muscle qui compte le plus », assure le technicien qui s’appuie sur des mesures de muscle et de lard dorsal. « Nous n’avons pas noté d’impact de la perte de lard. Par contre, les cochettes dont la fonte musculaire est importante ont un ISSF (intervalle sevrage-saillie fécondante) significativement plus élevé : 7,4 jours pour les cochettes ayant perdu 12,7 mm d’épaisseur de muscle en moyenne contre 5 jours pour celles n’ayant perdu que 7,6 mm, en moyenne ». Pour limiter la perte de poids et éviter le syndrome, il faut favoriser la consommation en maternité. « En évitant l’excès d’état à la mise-bas, en réglant la température des salles à moins de 25° C et en distribuant 3 repas par jour. Pour limiter la fonte musculaire, il faut concentrer l’aliment en acides aminés… tout en évitant les congestions et les diarrhées ». Tout un programme alimentaire… Bernard Laurent[nextpage title=”Plus de cent jours de préparation”]

En auto-renouvellement, via l’achat de grand-parentales, le Gaec de la Piais, à Messac (35), prend le temps de préparer ses futures reproductrices. Les résultats des 1re et 2e portées en attestent.

Douche à l’entrée. De son ancienne activité de multiplication, le Gaec de la Piais a conservé de bonnes habitudes. Celle, également, d’introduire un minimum d’animaux dans leur élevage de 330 truies naisseur engraisseur. C’est tout naturellement qu’Arnaud Texier, l’associé en charge de l’atelier porc, a opté pour l’achat de cochettes Large White grand-parentales de 100 kg, pour produire ses truies de production Maxya, lors de la sortie du schéma de sélection. Deux à trois cochettes LW sur la quarantaine de truies de chaque bande (conduite en trois semaines ; sevrage à 28 jours) sont inséminées par de la semence Landrace pour assurer le renouvellement du troupeau. « Le système est sécurisant au niveau sanitaire car nos truies de production naissent sur l’élevage et nous avons le temps de bien préparer nos cochettes avant l’insémination ».

Une première quarantaine sur paille

Ces cochettes de renouvelle- ment sont élevées avec les charcutiers, et consomment le même aliment. Après le tri, effectué à 140 jours d’âge, toutes les trois semaines, les 8 à 10 animaux sélectionnés sur les aplombs et le nombre de tétines (14 au minimum), sont acheminés dans une salle de quarantaine sur paille. Ils y séjournent pendant six semaines (deux lots présents) au cours desquelles ils sont vaccinés : SDRP, grippe, parvo, rouget, mycoplasme. « Je projette de cesser les vaccinations SDRP et mycoplasme. L’élevage est stabilisé au niveau SDRP et les résultats des observations des nez et des poumons à l’abattoir se sont améliorés depuis la mise en route d’un nouveau bâtiment de post-sevrage ». Des déjections de truies en maternité et les cartons de mise bas sont apportées aux jeunes cochettes pour la contamination. L’aliment, fabriqué sur l’exploitation, de type gestante, enrichi en minéraux et en oligo-éléments, est distribué manuellement, à sec. La ration journalière est de 2,3 kg pendant cette période de six semaines.

Un aliment enrichi en levures et en glycogène autour de la mise bas

Le sevrage a lieu le lundi, et les IA sont effectuées entre le jeudi et le dimanche matin.
« La détection débute le mercredi matin, puis deux fois par jour jusqu’au samedi. Toutes les truies sont inséminées selon le rythme 12-24-36 heures ». Les truies entrent dix jours avant la mise bas en maternité où le fond sonore musical limite le stress lié aux bruits intempestifs. Les mises bas ont lieu le mardi ; les cochettes ne sont pas planatées. Un aliment spécifique, enrichi en levures et en glycogène (distribution manuelle), est donné en péri mise-bas. Après la parturition, les cochettes ont une injection de sergotonine. « Pendant la lactation, la gestion de l’alimentation se fait au feeling. L’essentiel, c’est qu’elles ne calent pas. Normalement, les cochettes atteignent le plafond de 6,8 kg, 10 jours après mise bas ». 13 porcelets sont laissés, au minimum, sous chacune des cochettes. « Nous regroupons généralement les petits sous les cochettes ». Les porcelets sont sevrés en moyenne à 8 kg, à 28 jours. Ils commencent à consommer un aliment 1er âge en quatrième semaine « totalement blanc (sans supplémentation antibiotique) après sevrage ».

358 jours à la mise bas

Les cochettes intègrent ensuite une nouvelle quarantaine sur caillebotis où elles restent trois semaines et sont mises au contact de truies de réforme. « Il n’y a pas d’autre contamination à ce stade ». La ration passe de 2,3 à 2,7 kg d’aliment gestante classique (Faf intégrale), distribuée en soupe. Elles entrent ensuite en verraterie, en semaine de saillie, où elles sont « régumatées » au pistolet doseur, directement dans la bouche. Après l’arrêt du régumate, les cochettes sont, comme les truies en verraterie, supplémentées à l’huile de foie de morue. « Quatre litres pour 110 truies, mélangés dans la machine à soupe, sur une journée ». Avant l’insémination, les animaux bénéficient d’un flushing alimentaire à 3,3 kg. Elles descendent, après l’IA, à 2,5 kg pendant 10 jours puis 2,2 kg jusqu’à l’entrée en gestante (petits lots en bat-flancs). « Je distribue alors 2,7 kg pendant 7 jours pour éviter la compétition et les bagarres puis 2,2 kg jusqu’à trois semaines avant mise bas, avant de remonter à 2,8 kg ». Les primipares mettent bas à 358 jours de moyenne. Les cochettes Large White grand-parentales, achetées, suivent le même circuit. La quarantaine sur paille est curée au départ de chaque lot, toutes les trois semaines, et lavée une fois par an. La quarantaine sur caillebotis est chauffée à 20-22° C pour garantir un sol sec. Bernard Laurent


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