coco-paimpol-saison-2015-cahier-charge-production-aop - Illustration Tout n’est pas tout rose même en AOP

Tout n’est pas tout rose même en AOP

La saison du Coco de Paimpol va bientôt toucher à sa fin et le bilan est assez décevant depuis mi-septembre. Entaché par un prix moyen peu élevé et  une minorité de producteurs ne respectant pas certaines lignes du cahier des charges qui met en péril la production.

Souvent pointée du doigt l’agriculture bretonne possède aussi ses AOC (appellation d’origine contrôlée) devenues même des AOP (appellation d’origine protégée) après une reconnaissance au niveau de l’Europe. Créé en 1992, ce label protège « la dénomination d’un produit dont la production, la transformation et l’élaboration doivent avoir lieu dans une aire géographique déterminée avec un savoir-faire reconnu et constaté. » Le Coco de Paimpol et l’oignon de Roscoff sont deux produits bretons sous AOP. « Ce label permet de préserver notre terroir. Mais lorsque nous arrivons en production, ce n’est pas parce que nous sommes en AOC ou AOP que nous vendons mieux nos produits », confie Gérard Le Meur, producteur de Coco de Paimpol sur la commune d’Yvias (22) et président du syndicat de défense du Coco de Paimpol.

Un prix moyen en dessous du coût de production depuis 1 mois

Gérard Le Meur décrit cette saison du Coco de Paimpol comme usante. « Depuis un mois, le prix moyen est de 0,90 €/kg alors que nos coûts de production se situent autour de 1 €/kg. C’est une culture qui demande énormément de travail, une récolte uniquement manuelle et nous devons respecter un cahier des charges. » Il estime que pour gagner sa vie, un producteur doit vendre ses cocos à 1,20 €/kg. Mais ce ne sont pas les producteurs qui décident mais bien le marché. Tous les agriculteurs livrent leur récolte aux différentes stations de l’UCPT situées sur le secteur de l’AOC. La production est ensuite proposée sur le marché au cadran le lendemain de la récolte. Pour l’oignon de Roscoff, le fonctionnement est différent. « Les producteurs n’ont pas l’obligation de livrer leurs oignons à la coopérative pour qu’ils soient vendus au cadran. Ils peuvent décider de vendre eux-mêmes leur production à des négociants », explique Robert Jézéquel, producteur et président du syndicat de défense de l’oignon de Roscoff.

Mise en place de quotas journaliers

Afin d’éviter que le prix du Coco de Paimpol ne s’écroule, des quotas par producteurs ont été mis en place. « Jusqu’au 15 août, nous étions à 3 t/jour maxi livrées par producteur, puis nous sommes passés à 9 t/jour après cette date. Depuis le 15 septembre nous avons de nouveau baissé le quota car la demande a nettement diminué. Outre l’action sur le prix en contrôlant les quantités, le bureau de la section haricot a souhaité mettre en place ces quotas pour limiter les stocks à l’étal et garantir un produit de qualité aux consommateurs », avance Gérard Le Meur. Avec l’expérience, le président du syndicat constate que le marché peut absorber correctement autour de 6 000 t avec un pic des ventes entre le 15 août et le 15 septembre. Mais pour maintenir ces volumes, il faut que le produit soit d’une qualité irréprochable pour que les acheteurs et les consommateurs s’y retrouvent et conservent une bonne image du Coco de Paimpol. « Nous avons un légume d’une qualité exceptionnelle, mais certains producteurs ne respectent pas le produit. Dans le cahier des charges, il est écrit qu’il est interdit de récolter le week-end pour ne pas engorger le marché en début de semaine.

Il ne faut pas non plus récolter par temps de pluie pour éviter les problèmes de pourriture en sacs. Une minorité ne respecte pas ces règles et ce sont tous les producteurs qui en payent les conséquences », s’indigne Gérard Le Meur. Il cite en exemple le mois d’août particulièrement pluvieux combiné à une forte demande des acheteurs sur cette période. Comme il n’est pas possible de récolter sous la pluie, les volumes ont baissé et le prix a grimpé. « Le prix haut a incité certains à récolter, allant à l’encontre de ce qu’indique le cahier des charges. Les cocos sont mis en sacs sales et l’humidité les fait pourrir rapidement. Il y a donc beaucoup de déchets ce qui donne une mauvaise image du produit aux clients. Après cette période, de gros acheteurs se sont détournés du Coco de Paimpol. »  Malgré l’AOP, les membres du syndicat se sentent seuls face à ces difficultés et déplorent l’absence de contrôle de l’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) sur ces manquements qui pourraient mettre à mal la production, voire à terme, menacer l’AOP Coco de Paimpol. Nicolas Goualan

L’avis de Pierre Gelebart, Responsable produit, Prince de Bretagne

L’obtention de l’AOC, puis de l’AOP pour le Coco de Paimpol et ensuite l’oignon de Roscoff nous a permis de développer les ventes dans des régions ou nous étions peu présents. Les habitants de grandes villes comme Paris, Lyon, Toulouse… sont en recherche de produits du terroir. La forte augmentation des ventes grâce à l’AOP a encouragé le développement des surfaces et de la production. Afin de doper les ventes en grandes surfaces nous organisons des opérations commerciales avec des animatrices pour mettre en avant les produits. Le Coco de Paimpol a particulièrement besoin de cette mise en avant car la saison est assez courte. Le problème est que les grandes surfaces ne veulent pas plus de 1 à 2 opérations commerciales sur un produit et préfèrent passer à un autre ensuite. Donc, les ventes s’essoufflent vers fin septembre alors que le produit est encore d’une très belle qualité.


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