chemin-parcelle-accessible-paturage-herbe-lait - Illustration S’orienter vers plus de pâturage

S’orienter vers plus de pâturage

Jean-Charles Huon est installé à Plouigneau. Il a diminué depuis plusieurs années la part de maïs dans son assolement au profit de l’herbe.

Située en limite de la zone de production légumière, l’EARL Huon Hamon a cessé les cultures de choux pour basculer progressivement vers un système plus herbagé. Lors d’une journée de présentation de l’exploitation organisée par le Cedapa (Centre d’études pour un développement agricole plus autonome) et le Syndicat Mixte du Trégor (SMT), l’éleveur a pu témoigner de son changement de stratégie. « J’ai souscrit en 2008 une première MAE (Mesure agroenvironnementale) qui correspondait à mes choix, à savoir une limitation à 18 % de maïs dans la surface fourragère. D’autres leviers, pour économiser des intrants, ont été actionnés : un seul fongicide sur céréales, pas de régulateurs de croissance, une fertilisation azotée diminuée voire nulle, comme l’arrêt d’incorporation d’engrais starter pour le maïs. Avec des prix au litre de lait qui chutent, et la suppression des quotas, je cherche à optimiser le système herbager », indique l’agriculteur.

[caption id=”attachment_7834″ align=”aligncenter” width=”300″]Jean-Charles Huon présente son troupeau de croisées à des visiteurs venus nombreux Jean-Charles Huon présente son troupeau de croisées à des visiteurs venus nombreux.[/caption]

Chemins et génétique

Pour rendre les pâtures accessibles aux animaux, Jean-Charles Huon a aménagé des chemins d’une façon originale. « J’ai récupéré des caillebotis de porcherie posés au sol la semaine dernière. Pour l’instant, seul un tiers des vaches l’utilisent, mais l’apprentissage se fait. J’ai fait des choix sur la génétique de mon troupeau. Avec des Holstein trop fragiles pour une alimentation contenant moins de maïs, j’ai fait le choix d’un croisement à trois voies avec de la Montbéliarde et du Rouge Suédois. Les pâtures sont renouvelées régulièrement pour rester productives ». Des mélanges, composés parfois de fétuque élevée à 65 % et de RGA et trèfle blanc, sont implantés dans les zones sèches de l’exploitation, pour garder du potentiel l’été. « L’herbe d’automne est souvent gaspillée. Il ne faut pas hésiter à aller la chercher. Rasée avant l’hiver, la parcelle gardera son trèfle plus longtemps. Au niveau valeur alimentaire, une pâture d’automne produit 0,96 UFL. Comparée à un ensilage de maïs corrigé, dont le coût est estimé à 102 €/t MS, une tonne de matière sèche d’herbe pâturée coute 14 €, soit 7 fois moins », note Aurélie Cheveau, technicienne animatrice au Cedapa. Même ressenti chez l’exploitant, qui remarque que « le pâturage d’automne donne même mieux qu’au printemps ».

La MAE souscrite par l’exploitation limitait les apports d’azote sur les cultures à 140 unités. « Avec la MAE Système Polyculture Élevage souscrite cette année, mes apports azotés sont désormais limités à 170 unités d’azote », explique Jean-Charles Huon. Cette permission d’augmenter les doses s’explique, « car c’est la Directive nitrate qui doit régler les problèmes liés à la fertilisation azotée, pas la MAEC », rappelle Aurélie Cheveau. Ainsi, les fumiers de la ferme sont valorisés, ainsi que du lisier de porc sur les vieilles pâtures, « qui apporte également de la potasse et du phosphore ». Au final, un système d’exploitation moins gourmand, avec un coût alimentaire de 62 € /1 000 L de lait, qui laisse l’agriculteur finistérien réfléchir sur une possible conversion en agriculture biologique, finalement pas très lointaine des pratiques déjà utilisées. Fanch Paranthoën


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