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Manque de compétitivité et de synergie sur l’aval

L’analyse des marchés laitier, porcin, viande bovine et volaille proposée cette année par les responsables du Cerfrance montre notamment le retard pris par les industriels français, aussi bien en performance qu’en regroupement.

« C’est une chance pour les agriculteurs de la région : la Bretagne reste un leader européen de l’agriculture et de l’agroalimentaire, grâce à son savoir-faire, sa qualité de produits, son climat, ses sols, ses industries, son innovation. Mais son plus grand problème aujourd’hui est sa perte de compétitivité à l’exportation (du coût de revient à l’offre) et son manque de rapidité d’adaptation. Nous avons été doublés par d’autres pays européens », a synthétisé William Palmen, conseiller d’entreprises Cerfrance Brocéliande, lors d’une des réunions hivernales organisées par le centre de gestion à Bain-de-Bretagne.

Manque de repères

Cette année, un tour d’horizon européen de quatre productions agricoles majeures en Bretagne a été proposé, complété par des témoignages vidéos d’experts. En lait, la France représente 17 % de la production européenne, derrière l’Allemagne (21 %), mais n’affiche pas les croissances observées en Irlande, en Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark. On le sait, le Grand Ouest de la France est un acteur majeur, doté d’exploitations performantes et d’éleveurs compétents. « Mais les producteurs manquent de repères face aux aléas du marché, et les candidats à l’installation sont trop peu nombreux. »

Se différencier à l’export en lait

L’Europe fait partie des trois grandes zones de productions mondiales avec les États-Unis et la Nouvelle-Zélande. Mais alors que Fonterra (coopérative majeure néozélandaise) n’est orientée que sur les produits vrac, les composants laitiers (poudres, lactosérum, lactose) proposés à l’export par l’Europe pourraient être sources de valeur ajoutée. « À l’avenir, les leaders européens doivent se différencier encore davantage », confirme Michel Nalet, de Lactalis et président de l’EDA (Association européenne des transformateurs laitiers).

En production porcine, l’avenir se joue également à l’export dans une optique de développement. « À l’image des États-Unis, l’Europe doit y aller en bloc sur le long terme. Comme on le voit sur l’embargo russe, les décisions politiques peuvent par ailleurs peser lourd sur les marchés d’export », exprime Philippe Borremans, président de l’UECBV (représentation européenne du commerce du bétail et des viandes). Sur le maillon abattage/découpe, la France est en retard de compétitivité par rapport au Danemark, à l’Allemagne, aux Pays-Bas et à l’Espagne, et perd encore du terrain. « Les produits ne sont pas standardisés et les sites d’abattage pas optimisés », précise William Palmen. « À l’avenir, les industriels doivent être capables de fournir des pièces. L’Espagne et l’Allemagne se sont engagées dans cette voie », explique Yves Tregarot, de FranceAgriMer.

Des aides pour la mise aux normes

Dans les prochaines semaines, des aides vont être proposées pour la mise aux normes des exploitations suite au 5e programme d’action directives nitrates. « Elles s’adressent aux agriculteurs ayant transmis une demande de dérogation à la DDT avant le 1er novembre 2014. Ils doivent s’engager à réaliser ces travaux avant le 1er octobre 2016. Des conditions d’endettement sont à respecter et le calcul de la capacité de stockage est à réaliser », précise William Palmen. L’aide va de 1 875 € à 15 000 € par bénéficiaire. Le conseiller rappelle aussi que le prochain appel à projets pour le PCAEA s’étend jusqu’au 02/03/16.

Plus de découpe

S’agissant de la volaille, les bâtiments d’élevages doivent être modernisés et l’industrie doit aussi retrouver de la compétitivité, « évoluer vers des pièces découpées, plus demandées. » Comme en porc, ce secteur devra tenir compte d’un nouveau venu : la Pologne. En seulement 4 ans, elle est devenue 1er producteur d’Europe. De son côté, la viande bovine doit faire face à une baisse de la consommation européenne de 1 à 2 % par an. Et la demande évolue : « Les produits élaborés et steaks hachés représentent aujourd’hui 50 % de la consommation française », souligne Yves Tregarot.

Ce sont davantage les bovins laitiers qui répondent à ces marchés en développement. Malgré tout, la viande issue des troupeaux allaitants est reconnue et valorisée via des démarches qualité. Face à ces enjeux multiples, trois stratégies majeures se présentent aux éleveurs : l’optimisation et la maîtrise des coûts, la spécialisation et la diversification. « Des orientations sur lesquelles les producteurs peuvent être accompagnés par les conseillers d’entreprises », rappelle William Palmen. Agnès Cussonneau


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