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Le sol est un milieu plein de vie

Pour l’agronome Daniel Hanocq, le fourmillement de la vie des sols est à entretenir, car la biodiversité sert au développement des cultures, à leur nutrition et leur santé.

« Si on devait résumer le cycle de la vie sur terre sur une journée, son apparition se ferait à 1 h du matin, sa sortie des océans à 21 h », illustre Daniel Hanocq, conseiller culture à la Chambre d’agriculture du Finistère, lors d’une formation sur la vie du sol proposée aux agriculteurs à Saint-Ségal (29). Il existe une relation étroite entre la présence de vie sur notre planète et l’eau, élément indispensable à son développement. Le sol, support pour les végétaux, est un vecteur pour ce développement. « Le rôle premier du sol est de stocker de l’eau, pour donner à boire aux cultures. Les sols profonds formés de limons éoliens, comme en zone légumière, ont une forte capacité à retenir cette eau. Pour mémoire, l’année de sécheresse de 1976 n’a pas ou peu affecté les cultures dans cette région : la réserve utile étant importante ».

1 m2 de terre, c’est

  • 300 milliards de bactéries,
  • 10 milliards de protozoaires,
  • 15 000 km de filament de champignon (=le diamètre de la terre),
  • 700 hectares de surface développée,
  • Les racines représentent 3 000 m2 de surface développée,
  • La totalité de l’horizon de surface est ingérée par les vers de terre en 50 ans.

10 000 ans pour 1 mètre

La pédogénèse, processus qui donne naissance aux sols, se fait sur une période plus ou moins longue. « Il faut 10 000 ans pour fabriquer 1 m de sol en profondeur. On pense souvent que les intempéries sont à l’origine de cette formation, or c’est réellement l’activité biologique qui a une action sur le sol, ainsi que sur la roche mère. L’horizon A, présent sur les premiers centimètres, est composé d’une accumulation de résidus de plantes et de biomasse ».  Cette longue période de formation laisse à réfléchir sur les interventions mécaniques au champ pour préserver cette quantité de richesse : « Il faut seulement une pluie d’orage pour perdre 3 mm de sol… ».

Le sol abrite une multitude d’espèces vivantes, impressionnante en quantité et en diversité. « Un ha sur 25 cm représente 3 000 tonnes de terre. Des teneurs de 5 % de matières organiques correspondent donc à 150 tonnes, soit 75 tonnes de carbone et 7,5 tonnes d’azote, à cela s’ajoutent 2 tonnes de matières organiques vivantes, avec les bactéries, les vers de terre, les carabes… Ces 2 tonnes de vie dans 3 000 tonnes peuvent se symboliser par 6 à 7 vaches à nourrir par hectare ! ».

Et chez moi ?

La qualité biologique des sols est difficile à mesurer. Le test à la bêche peut cependant renseigner sur la structure du sol, composante clé de la fertilité. Pour réaliser les observations, il faut :

  1. Creuser une prétranchée,
  2. Prélever un cube de 20 cm sur 20,
  3. Observer la tenue de la terre sur la bêche, s’il se désagrège ou non,
  4. Observer la fragmentation des blocs de terre, puis l’état interne des mottes,
  5. Estimer la proportion de cailloux, de terre fine et de chaque type de motte.

Les détails du test et des éléments d’interprétations sont disponibles sur le site de l’Itab, dans l’onglet Agronomie, puis Fertilité des sols.

Ce que l’on voit, et l’invisible…

Parmi ces organismes de petite taille, se cachent les bactéries. Elles jouent un rôle essentiel dans la nutrition des plantes. « Les micro-organismes diffèrent suivant les cultures, c’est pourquoi il est important de diversifier ses rotations. Les bactéries vont rendre disponibles les éléments nutritifs du sol. Située dans le premier horizon, la matière organique ne doit pas être diluée sur tout le profil du sol : cette dilution rend moins accessibles aux racines les éléments. Plus on s’éloigne de la racine, moins il y a de micro-organismes.

Certains se déplacent, d’autres se multiplient pour se rapprocher des plantes : les bactéries ont la faculté de se diviser en deux toutes les 20 minutes. Si des conditions optimales sont réunies, en 20 h une bactérie a été capable de se diviser pour représenter la masse d’une vache, en 44 h celle de la planète… ». Cette masse biologique aide les cultures, comme dans « des rotations simples de blé sur blé avec fort risque de piétin échaudage, des bactéries de type pseudomonas envoient un signal à d’autres micro-organismes qui synthétisent un antibiotique, et freine le développement de la maladie ». Nourrir cette vie souterraine rend les cultures plus fortes. Fanch Paranthoën


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