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Le maïs, la plante du XXIe siècle

Avec la génomie, les variétés de maïs toujours plus résistantes à la sécheresse, permettront de maintenir une place de choix pour cette culture dans notre région de polyculture-élevage.

Dans le Grand Ouest, les différents modèles de changement climatique annoncent une augmentation de la température et de la fréquence des sécheresses estivales ainsi que des événements climatiques extrêmes (pouvant aggraver des pénuries de fourrages comme en 2011 par exemple). Les tensions sur la ressource en eau risquent également de s’accentuer : les précipitations seront à peu près identiques mais différemment distribuées dans le temps.

Aussi, dans ce contexte de réchauffement climatique et du respect de l’environnement, quelle sera la place de la culture du maïs dans les systèmes de polyculture-élevage dans le Grand Ouest ? Selon Jean-Paul Renoux, conseiller technique à AGPM (Association des producteurs de maïs), cette culture et bien souvent caricaturée a un horizon dégagé devant elle : « Ce sera la plante du XXIe siècle ». Il a développé ses arguments lors d’une réunion technique « Jour de maïs », organisée par Bayer, à Treffendel (35), le 18 juin 2015.

Des hybrides, pour la révolution fourragère de l’Ouest

« Pour bien préparer l’avenir, il ne faut pas oublier le passé », rappelle ce spécialiste du maïs. Si cette culture a, durant de nombreux siècles, été cultivée uniquement dans la moitié sud de la France, l’importation de variétés hybrides des USA a rapidement détrôné les variétés de pays, « incapables de s’adapter aux conditions changeantes », dans les années cinquante. Ces premiers hybrides, comme la variété LG 11, ont ouvert la voie à la révolution fourragère de l’Ouest. Ainsi, de 1970 à 1990, les rendements et les surfaces ont été multipliés par deux tous les dix ans.

Productivité estivale, fourrage facilement stockable et apportant l’énergie recherchée en production laitière, recyclage des matières organiques… Avec ces atouts, « à l’Ouest, les qualités de maïs sont les mieux utilisées », argue-t-il. Et les progrès génétiques, axés sur le rendement, sont toujours constants et ont pérennisé l’importance de cette plante dans les systèmes de polyculture-élevage. Une tendance qui devrait s’intensifier, car les progrès génétiques s’expriment plus vite au nord qu’au sud de la France, bénéficiant des atouts du réchauffement climatique.

Un potentiel de 30 t MS/ha

Des concours de rendements aux USA (National Corn Yield Contest) donnent une estimation des potentiels de cette plante, avec des rendements de 280 à 300 q/ha, soit près de 35 t MS/ha. Mais nos conditions de culture ne sont pas en reste. Selon l’expert, « il n’existe pas de plafond en matière de progrès génétique ». Des micro-parcelles françaises ont été évaluées à 200 q/ha. Il soutient, un brin provocateur, que « le potentiel est le double du rendement moyen national, soit 30 t MS/ha », suscitant de nombreuses réactions dans la salle.

Répondre aux attentes de demain

Le meilleur atout du maïs ? C’est, sans aucun doute pour Jean-Paul Renoux, sa polyvalence. En grain, il est recherché pour sa richesse en amidon. Son utilisation en ensilage lui permet d’assurer une efficacité en production laitière, avec un coût de l’UF/rendement incomparable. Et demain, nous suivrons certainement les mêmes utilisations que les Allemands, en l’ensilant dans le Grand Ouest pour la méthanisation. Et pour l’expert, c’est dans un avenir tout proche…

Et demain, la sélection génomique va assurer le maintien de cette dynamique avec « des rendements qui vont augmenter de 1 à 2 % par an, à l’horizon 20/30 ans », estime-t-il. Mais cette évolution génétique se fait-elle au détriment d’autres critères ? La teneur en énergie de la plante devrait se maintenir. « On ne pourra jamais faire du maïs ensilage à 1,5 UFL/kg MS… Mais en maintenant la teneur supérieure à 0,92 – 0,93 UFL, le seuil de 25 000 UF/ha est un objectif atteignable contre 16 000 aujourd’hui. » La valeur azotée a, par contre, perdu 1 point en 20 ans, lié à un effet dilution et l’utilisation de plus en plus fréquente de variétés dentées.

Continuer à valoriser l’azote organique

Des résultats bretons montrent que, à quantité d’azote égale, le maïs fait 30 % de rendement en plus avec une fertilisation azotée organique qu’avec du minéral. Un effet doublement gagnant car, quand on augmente le rendement, on valorise en plus l’efficience des intrants (l’eau et l’azote). Avec de nouvelles variétés, toujours plus résistantes à la sécheresse, les plantes de demain valoriseront donc au mieux les apports azotés et la pluviométrie disponible, laissant la part belle au maïs dans les systèmes de polyculture élevage de l’Ouest. Carole David

L’avis de Michel Moquet, Arvalis-institut du végétal

Dans des essais bretons, des rendements de 22 à 23 t MS/ha ont déjà été atteints. Et dans le nord-est de l’Ille-et-Vilaine, des agriculteurs atteignent parfois 20 t MS/ha. Dans l’absolu, on peut miser sur le potentiel du maïs. Les évolutions climatiques nous permettent d’envisager des évolutions positives ; actuellement dans notre région l’optimum thermique pour la culture du maïs, compris entre 15 et 25 °C, n’est pas toujours atteint tout au long du cycle de production. Avec le réchauffement climatique, on se rapprochera de l’idéal, sous réserve que l’optimum de pluviométrie ne soit pas modifié… Car dans la réflexion de potentiel de rendement, on ne peut pas omettre l’impact des autres facteurs limitants (eau, azote, maladies, ravageurs…). Cette campagne de maïs en témoigne encore.


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