thierry-daridon-gtv-bretagne-tarissement-breizh-vet-tour-veterinaire-lait-sante-animale-alimentation-vache-laitiere-prim-holstein - Illustration Indispensable tarissement ?

Indispensable tarissement ?

Le Breizh Vet Tour, « journées de formation et d’échanges organisées par les vétérinaires pour les éleveurs », s’intéresse cette année au tarissement. Rencontre avec Thierry Daridon du GTV Bretagne, qui a préparé ces rendez-vous. 

Après les boiteries en 2014, pourquoi le Breizh Vet Tour s’arrête sur le tarissement ?

D’abord parce qu’aujourd’hui, tout le monde en est persuadé : si on réussit le tarissement, on réussit toute la lactation suivante. Mais comment y parvenir ? Sur le terrain, beaucoup d’éleveurs font des efforts pour gérer cette période cruciale. Pourtant on constate quand même beaucoup de cas de pathologies en post-partum : fièvre de lait, acétonémie, mais aussi rétention placentaire, difficulté à monter en lait, vache molle… C’est très fréquent et surtout sous-estimé. Par exemple, il faut être bien conscient que pour une fièvre de lait, c’est 6 à 7 hypocalcémies qu’on ne voit pas dans le troupeau. Beaucoup d’éleveurs considèrent également que l’œdème mammaire est normal. Que la mamelle se forme, oui. Qu’il y ait de l’œdème, non. Car cela signifie que les bouchons de kératine qui bouchent les trayons risquent de sauter et que des contaminations mammaires peuvent apparaître.

Un tarissement mal mené conduit aussi à un problème de déficit énergétique…

Effectivement, si la période sèche n’est pas parfaitement maîtrisée, la valorisation de la ration sera moindre : au démarrage en lactation, la flore du rumen éprouve des difficultés à s’adapter au régime alimentaire, et suite à la phase de délaitement en début de tarissement, faible en énergie, les papilles ruminales ne sont pas prêtes pour absorber les AGV ou acides gras volatiles (forme de transport de l’énergie de la ration du rumen vers le sang puis le foie). C’est vraiment dommage de distribuer une ration qu’on retrouve dans les selles de ses animaux parce que le tremplin du tarissement a été raté. Ce déficit énergétique accentué aura même des conséquences sur les performances de reproduction en donnant lieu à des ovulations de mauvaise qualité…

Vous qualifiez le péripartum de période physiologique critique. Pourquoi ?

Pour le tarissement, je parle parfois de la « métamorphose de la vache laitière » : arrêt de lactation, assainissement de la mamelle, régression puis régénération des papilles ruminales, finalisation exigeante d’une gestation, synthèse d’un colostrum, mise bas, redémarrage d’une lactation… C’est un véritable feu d’artifice. Ces moments associent un état pro-inflammatoire physiologique et une baisse de l’immunité. En état pro-inflammatoire, la vache n’est pas malade mais son corps est en train de changer. Des produits de dégradation s’accumulent : des radicaux libres, toxiques, détruisent les membranes cellulaires à leur contact… De plus, on a remarqué que 3 semaines avant à 3 semaines après vêlage, les polynucléaires neutrophiles (les fameuses « cellules » de défense de la mamelle) ont une baisse d’activité. Bilan : dès qu’il y a une erreur de conduite zootechnique, tous ces changements physio-pathologiques sont exacerbés et basculent vers la pathologie : mammite, métrite… La vache tarie est délicate.

Alors faut-il encore tarir les vaches en 2015 ?

Évidemment, en élevage, cette période est coûteuse en médicament et en bâtiment pour des animaux improductifs. Mais peut-on s’en passer ou réduire la période sèche ? Sans tarissement, on perd 20 % de production laitière. Avec un tarissement raccourci, c’est 10 %, avec un moindre effet sur la qualité de l’assainissement de la mamelle par rapport à un tarissement long. Sans oublier qu’il faut 25 à 30 jours pour fabriquer un colostrum indispensable à la bonne santé du futur veau. Et puis, en termes de métabolisme, avec nos habitudes zootechniques, les papilles ruminales, à l’image des lactocytes, les cellules de la mamelle, ont besoin de se régénérer pour ensuite bien valoriser la ration…

Cependant, avec un tarissement court, on constate moins d’acétonémies et de retournements de caillette. Donc il n’y a pas une mais des stratégies de période sèche… L’éleveur ne doit pas subir mais choisir l’option qui lui convient en fonction de ses objectifs zootechniques et économiques : tarissement long pour viser la qualité du lait, peut-être un tarissement plus court en faveur de la reproduction, et sans tarissement il n’y a pas de colostrum de qualité. Il faut aussi réfléchir à la complémentation pendant la période sèche…  Au final, il n’existe pas vraiment de tarissement parfait. Participer au Breizh Vet Tour cette année est donc une bonne idée pour faire le point sur cette question complexe et rentrer à la ferme avec quelques bonnes idées en fonction de vos objectifs professionnels et personnels… Propos recueillis par Toma Dagorn

4 rendez-vous

Le Breizh Vet Tour des Groupements techniques vétérinaires Bretagne va à la rencontre des éleveurs :

À 10 h, buffet offert. Pour faciliter l’organisation, s’inscrire auprès de son vétérinaire.


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