bernard-lannes-Coordination-rurale - Illustration “20 ans que nous réclamons la régulation”

“20 ans que nous réclamons la régulation”

Le tour de l’actualité avec Bernard Lannes, président national de la Coordination Rurale, qui a participé aux assemblées générales des syndicats bretons.

La régulation est le credo de votre syndicat. Phil Hogan a-t-il répondu à votre attente en sortant l’article 222 ?

Cette décision montre une certaine prise de conscience. Le recours à la régulation par l’article 222 va arrêter la descente des prix… mais pour seulement 6 mois. Et puis, dans un marché libre certains vont se faufiler et continuer à inonder le marché. L’Union européenne annonce une baisse de production de 1,2 % en 2016 alors que nous sommes à un excédent de production de 5-6 %. Quant à stocker, c’est organiser la crise de demain.

Vous pensez que cette mesure n’aura aucun effet ?

Aujourd’hui, 70 % des éleveurs sont dans le rouge. Ils ne tiennent que grâce aux réserves intergénérationnelles constituées par leurs parents et grands-parents. Un producteur de lait ne peut décemment résister à un prix du lait inférieur à 300 €. Or, aujourd’hui, on voit des prix de 245 €/ 1 000 L en Moselle et même de 220 € en Belgique. C’est tout simplement financièrement insoutenable.

Les mesures nationales vous semblent-elles plus efficaces ?

Le Fonds d’allégement des charges (Fac) ne compensera que 10 % de la perte. Quant à la baisse des cotisations sociales de 10 points (35 %), on ne peut que l’approuver car elle ramène la France à quasi-équité avec les autres pays de l’Europe qui payent 34 % de cotisations sociales. Ceci dit, pour l’heure la mesure est surtout intéressante pour le Champenois…

Quelle solution préconisez-vous alors ?

La même depuis 20 ans : la régulation de la production. Il faut que l’Europe change de logiciel notamment en s’appuyant sur l’Allemagne de l’Ouest, la France, l’Italie et l’Espagne qui réalisent 60 % de la production agricole européenne.

Et le grand export ?

Il faut arrêter de parler de la vocation exportatrice en produits industriels beurre/poudre car nous ne pouvons pas rivaliser. Il faut au contraire faire du protectionnisme éclairé comme le font très bien les États-Unis.
En porc, on n’arrête pas de nous répéter que la situation est imputable à l’embargo russe. Mais il faut savoir que dès 2018, les Russes seront autosuffisants en viande porcine.

Le traité transatlantique risque bientôt d’ouvrir une brèche supplémentaire…

Stéphane Le Foll a beau assumer que l’Europe ne signera pas pour l’agriculture, je pense pour ma part que l’on ne l’arrêtera pas et que de la viande bovine va rentrer en Europe. En 2025, on nous annonce un déficit commercial agricole de 15 milliards de dollars essentiellement dû à la viande blanche, au lait, etc.


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