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Se réapproprier l’autonomie de décisions

Ne pas laisser les autres décider à sa place, garder un système en phase avec ses objectifs… Trois éleveurs rappellent quelques points à surveiller pour continuer à prendre les bonnes décisions en tant que chef d’exploitation.

Conjoncture de plus en plus instable, nouveau contexte avec la fin des quotas, réforme de la Pac, incidents climatiques, sanitaires… Pour maintenir le cap face aux aléas rencontrés dans une exploitation, l’autonomie est une des solutions. Si l’autonomie alimentaire est souvent évoquée, « il ne faut pas oublier qu’avant tout, au centre de l’entreprise, c’est l’homme qui est moteur et décisionnaire », insiste Christian Sicard, conseiller d’entreprise au CerFrance Ille-et-Vilaine, intervenant à l’assemblée générale de Solidarité paysan, il y a quelques mois, à Landujan (35). Tous les témoignages convergent dans le même sens : il n’existe pas de «  recette-type » à diffuser. Mais l’agriculteur reste et doit rester maître à bord : c’est lui qui signe les engagements qui vont l’impliquer pour plusieurs années.

Optimiser son système

L’optimisation des outils de production doit être analysée avant tout selon les contraintes de l’exploitation – sans oublier d’intégrer l’aspect main-d’œuvre – tout en maintenant les objectifs du ou des chefs d’exploitation. Car ce qui est important, c’est ce que les personnes décisionnaires veulent faire. Toute incohérence se traduira sur les performances techniques et donc économiques.

« En 1993, j’ai dû revoir mon système herbager lorsque l’A84 a amputé la commune de 200 ha », se remémore Jean-Pierre Pelé, éleveur laitier à Saint-Sauveur-des-Landes (35).  Il a toujours réalisé ses 346 000 l de quota à 1 ou 2 % près, en le réalisant le plus économiquement possible, sans aller dans les excès, « tout en maintenant le coût de revient, que je calcule tous les ans, autour de 320 -340 euros/1000 L. » L’exploitation de l’herbe ne s’improvise pas, elle demande une maîtrise technique. Il a donc choisi de suivre au mieux l’atelier animal, investir plus dans les bâtiments que dans le matériel. « Je ne sais plus ce que c’est que de charruer, je travaille avec une Cuma intégrale depuis 38 ans ».

Connaître ses chiffres

De plus, il devient inévitable de connaître son prix d’équilibre, le coût de revient et d’anticiper les besoins de trésorerie de l’exploitation, qu’il convient de suivre sur un tableau de bord. Ces données aideront à prendre des décisions. Mais il ne faut pas changer d’avis tout le temps, aussi, pour que les décisions restent en phase avec les objectifs fixés.

Yann Corbeau s’est installé en agriculture biologique en 2014, à Plerguer (35), en filière longue avec 20 truies naisseur-engraisseur. Sans l’accord de financement des institutions bancaires, il a délaissé -pour le moment- son projet de vente directe. « J’ai misé sur l’autonomie » lance-t-il. Effectif réduit et autorenouvellement…. 60 % des aliments consommés sont produits sur 37 ha. Avant de poursuivre : « Avant de m’installer, je suis allé voir ailleurs. Il existe plein de systèmes possibles, mais une chose est sûre : en absence d’autonomie, les marges de décision sont faibles. » Maintenant, il souhaite se perfectionner en gestion, pour être plus autonome sur les chiffres. Et  l’exploitation évoluera selon les moyens humains, une des conditions pour être pérenne dans le temps, et ce, d’autant plus avec un atelier de diversification.

Prendre le temps de réfléchir

« Pour continuer à travailler encore une douzaine d’année, je dois trouver de la motivation pour aller traire mes vaches. La formation m’aide à me fixer de nouveaux caps », témoigne Robert Nicolas, à Louargat (22). Animalier dans l’âme, il s’est mis à pratiquer l’insémination par l’éleveur, un moyen pour lui de « se valoriser » et de ne pas déléguer tout le travail intéressant aux autres. Puis, d’autres formations ont suivi sur les huiles essentielles, la géobiologie… Les gestionnaires d’exploitation doivent prendre le temps de s’arrêter et de réfléchir : « Où est-ce que je vais ? ». Il est dangereux de ne pas prendre de recul. Si tous les facteurs ne sont pas connus et maîtrisables, ils doivent au moins être cohérents avec les objectifs du ou des chefs d’exploitation. Et s’il n’est pas toujours facile de réfléchir seul sur son exploitation, les structures collectives de réflexion permettent de tirer son épingle du jeu. Carole David


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