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Apli : dans la panade, trois mois après la fin des quotas

Dans une année laitière qui s’annonce difficile jusqu’au bout, l’Apli ressort du bois pour sonner l’alarme. Rencontre.

Quand l’Apli communique, c’est que la crise guette. Plusieurs producteurs de lait costarmoricains représentant l’association en Bretagne ont tenu à faire un point sur la situation. « Nous avons eu raison un peu tôt : trois mois après la fin des quotas laitiers, les éleveurs sont déjà dans la panade… », démarre Isabelle Conan. Celle-ci en veut notamment au Copa-Cogeca, « un syndicat qui rassemble à la fois agriculteurs et industriels et qui ne défend donc pas les intérêts des producteurs. »

Autour de la table, on regrette notamment la fin de toute régulation. « Nous sommes arrivés au bout du libéralisme enclenché en 1992… Pourtant, avec l’Observatoire des marchés qui existe, on connaît la production européenne de lait à la semaine. Un outil qui permettrait de freiner la production quand nécessaire et de faire remonter les prix » avant que le marché ne soit inondé.

Des moyens pour faire de la préférence communautaire

La contractualisation, notamment, est restée en travers de la gorge. « Prix A, non rémunérateur. Prix B, faillite… C’est une usine à gaz. Pour nous faire entendre face aux laiteries, la solution était de créer des OP tranversales qu’on nous a empêché de monter », regrette Gilles Guillou. Un contexte laitier compliqué  avec en toile de fond, le spectre du traité Tafta ou accord de libre-échange UE-États-Unis : « On va laisser et entrer en Europe des produits qui n’ont pas été soumis aux mêmes normes environnementales et sociales », craignent les producteurs. « Pourtant, il y aurait des possibilités pour faire de la préférence communautaire en Europe comme font les États-Unis avec leur Farm bill… »

« Séparer collecte du lait et transformation »

Pourtant, « l’Apli reste confiante pour l’avenir car tous les maillons de la filière, producteurs, transformateurs et distributeurs sont très performants. C’est le système, pas les hommes, qui est défaillant. » Parmi les solutions, Francis Prigent avance « la dissociation rapide de la collecte et de la transformation. Sinon, une fois le lait pompé dans le tank, l’éleveur n’a plus aucun suivi sur son produit. C’est aux producteurs de se fédérer pour gérer eux-mêmes cette collecte pour fournir ensuite les industriels. »

Et à propos du Plan d’urgence pour l’élevage du Gouvernement, les Aplistes ne croient pas en une « énième tentative ». Il faut avant tout « rétablir une équité au niveau de la répartition des marges et instaurer une régulation européenne. » En attendant, les membres de l’Apli Bretagne, « lanceurs d’alerte », espèrent un mouvement généralisé, « tous syndicats confondus », pour porter les changements nécessaires. Toma Dagorn


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