reserve-naturelle-eau-ferme-grootvadersbosch-heidelberg-afrique-sud-exploitation-tourisme-formation - Illustration Un accueil chaleureux en Afrique du sud

Un accueil chaleureux en Afrique du sud

La ferme Grootvadersbosch compte 2 500 ha de surface totale, dont 1 000 ha en réserve naturelle. Lors de son stage de près de six mois, Pierre Fortin a côtoyé des agriculteurs humanistes qui font vivre de nombreuses familles.

Originaire de Sainte-Colombe (35), Pierre Fortin est fils d’éleveur laitier, mais c’est un tout autre univers, en production laitière aussi pourtant, qu’il a découvert en Afrique du Sud. Élève en BTS Acse au CFTA de Montfort-sur-Meu (35), il a réalisé un stage sur la ferme Grootvadersbosch, située à Heidelberg dans le sud du pays, à l’est de Cape Town (Le Cap). Son séjour, d’avril à septembre 2015, lui a permis de découvrir un pays peu fréquenté par les élèves du centre de formation.

Des activités sportives proposées dans la réserve

Située dessous une chaîne de montagnes au-delà de laquelle le climat est désertique, l’exploitation connaît un climat moins hostile, avec des températures moyennes de 5°C en hiver et de 35°C en été. La zone compte 700 mm de précipitations, mais seulement une dizaine de jours de pluie dans l’année. Quand il pleut, il pleut. « Il n’y a pas de grandes réserves d’eau, juste quelques mares naturelles où s’abreuvent les animaux », précise Pierre Fortin. La ferme compte 2 500 ha de surface totale, dont 1 000 ha ont été convertis en réserve naturelle à l’initiative des propriétaires, Keith et Michele Moodie, 57 et 55 ans.

Cette surface est figée, mais permet au couple d’accueillir des touristes pour de multiples activités comme le vélo, la randonnée, l’observation d’oiseaux. La réserve est montagneuse, boisée et de nombreux animaux y vivent : gibiers, léopards, babouins… « Pour accueillir les vacanciers, les agriculteurs ont fait construire trois maisons à proximité de la réserve, et emploient deux femmes de ménage. » Autre activité : Michele ramasse des fleurs dans la montagne qui sont séchées artisanalement pour servir de confettis champêtres lors des mariages. « Elle embauche pour cela une équipe de salariées saisonnières. » L’exploitation compte par ailleurs 400 ha de cultures situées dans une zone non irrigable, où poussent de l’avoine et du méteil conservé en enrubannage. Le reste est en herbe, soit 1 100 ha tous irrigués à partir de la rivière. Une surface dédiée au pâturage des 250 vaches laitières jersiaises et de la dizaine d’animaux à viande (croisés Angus).

Les phytosanitaires par hélicoptère

Du « très extensif » donc, géré en paddocks de plusieurs jours. En été, le « kikuyu », une herbe d’origine kenyane, prend le dessus, laissant la place en hiver au mélange trèfle – RGA renouvelé chaque année. Les traitements phytosanitaires des cultures sont réalisés par une ETA spécialisée, en hélicoptère ! « Les vaches sont dehors toute l’année et reviennent se faire traire dans le seul bâtiment de l’exploitation qui abrite les veaux et la salle de traite 2 X 10 postes. » Les charges de structure sont également limitées du côté mécanisation : Keith et Michele Moodie font réaliser tous les travaux des cultures par un voisin qui garde la moitié de la récolte.

Des inégalités sociales qui persistent

Lors de son séjour en Afrique du Sud, Pierre Fortin a passé des vacances avec ses maîtres de stage à la mer et dans le désert (pratiquant la course à pied pendant 2 semaines). Il a aussi visité Le Cap, Durban, au centre d’une région balnéaire et touristique de 500 km, Johannesburg, et le parc national Kruger connu pour ses nombreuses espèces de mammifères comme les girafes, guépards, hippopotames, lions… Vingt-deux ans après la fin de l’apartheid, « les inégalités sociales sont toujours très fortes en Afrique du Sud. J’ai été marqué par la pauvreté et les bidonvilles », déplore le jeune homme. Ce voyage lui a aussi permis d’affiner son anglais, une des langues les plus courantes dans le pays avec l’afrikaans, provenant à l’origine des colons néerlandais, et le zoulou, la plus parlée d’Afrique du Sud.

Ils financent les études des enfants des ouvriers

C’est la première fois que les exploitants prenaient un stagiaire. « J’ai été très bien accueilli par un couple humaniste. Ils emploient pour la partie laitière cinq ouvriers qui sont logés sur le site avec leurs familles. Ils les paient plus que le Smic qui est de 80 €/mois dans le pays et financent les études de leurs enfants dans des écoles privées, car les écoles publiques ne fonctionnent pas, il y a des vols, des casses… Le plus ancien des ouvriers est sur la ferme depuis 32 ans. » Les employés travaillent 7 h par jour et profitent d’un week-end sur deux. Les exploitants ont fait le choix de la Jersiaise qui valorise bien l’herbe et qui donne un lait adapté aux fromages très consommés dans le pays (44 de TP et 54 de TB sur l’exploitation, avec une moyenne d’étable ne dépassant pas les 4 000 L).

Au moment du stage, le lait était vendu 315 €/1 000 L à une petite fromagerie locale. « Je participais à la traite deux fois par jour, à partir de 4 h et 15 h 30, à la gestion des troupeaux dans la montagne, aux inséminations, à la fauche des refus… », continue Pierre. Il a pu constater beaucoup de stoïcisme chez ses maîtres de stage : « Les 1 000 ha de leur réserve ont été ravagés par un incendie qui a détruit toutes les fleurs, rendant leur récolte impossible pendant des années. Ils m’ont juste dit que c’était le cycle naturel de ces terres… » De son voyage, le jeune homme de 20 ans a aussi appris l’indépendance : « C’était vraiment la première fois que j’habitais seul… J’avais ma maison à moi. Je mangeais seul la semaine et chez mes maîtres de stage ou leurs amis le week-end. » Agnès Cussonneau


Tags :
Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article