musee-histoire-rurale - Illustration Musée : transmettre le quotidien de la ruralité léonarde

Musée : transmettre le quotidien de la ruralité léonarde

Pour garder en mémoire l’histoire des générations antérieures et la transmettre, Louis-Michel Simon a créé un musée pour illustrer sans mélancolie ces belles années.

Il faut savoir d’où l’on vient pour comprendre où on va. La maxime connue hante l’esprit de Louis-Michel Simon, producteur de légumes à Saint-Pol-de-Léon (29). Pour garder en mémoire le quotidien de ses aïeux, il collectionne de nombreux objets utiles et représentant différents corps de métier. « Je ne le fais pas par nostalgie, je pense plutôt qu’il faut transmettre ces savoir-faire aux futures générations. Parfois, certains visiteurs sont émus et les larmes peuvent couler en revoyant des objets ayant bercé leur enfance », raconte le collectionneur. Se prendre l’histoire en pleine figure, comme lorsque Proust trempait sa madeleine dans son thé, fait remonter à la surface d’un océan de vie les meilleurs moments.

Bretagne vivante

L’école, le cordonnier, le sabotier ou le bar-tabac : tous les artisans et acteurs du début du 20e siècle aux années 60 sont représentés dans une première partie du musée, et le légumier a recréé l’ambiance des endroits familiers de cette époque. La table de la cuisine, surplombée par le parailher ou porte cuillères, cohabitait en hauteur avec la réserve de pain « pour éviter les attaques de souris. Les jeunes mariés recevaient en cadeau une scie à pain pour découper les miches ».

[caption id=”attachment_2344″ align=”aligncenter” width=”300″]Le plaisir de Louis-Michel : raconter l’histoire rurale Le plaisir de Louis-Michel : raconter l’histoire rurale qui a bercé son enfance.[/caption]

Avant l’arrivée de la mécanisation, l’indispensable entraide chassait l’individualisme. « 3 personnes étaient nécessaires pour travailler la terre avec les chevaux là où il en faut un seul en tracteur maintenant. Le bourrelier passait de ferme en ferme pour entretenir les harnais. « J’expose des outils que je tiens de mon père et de mon grand-père, d’autres de brocantes ou de bouche-à-oreille. Je pense que chaque outil a une âme et j’imagine la sueur laissée sur chacun ». Les travaux dans les champs sont bien pénibles, et nos anciens ont redoublé d’imagination et d’ingéniosité pour faciliter les tâches. « En 1955, les engrais sont venus bouleverser les pratiques culturales. Tout s’est ensuite accéléré, et la gare de Saint-Pol-de-Léon a eu une vocation exportatrice forte ».

Le mystère du fléau métallique

Parmi les objets insolites que compte la collection de Louis-Michel Simon, un modèle spécifique de fléau le laisse sans réponse. « C’est un fléau typiquement léonard, avec un battant métallique, contrairement aux autres qui sont traditionnellement en bois. Je ne connais pas l’utilité de cet outil… ». Questionné sur le sujet, Daniel Sannier, véritable livre ouvert sur les traditions et coutumes rurales nord finistérienne, tente une explication. « Les fléaux étaient des outils de conception très travaillée, avec des manches en if tournés. Pourquoi ce battant métallique ? Sans doute pas pour une question de pénurie de matière première. Je pencherais plutôt pour la recherche d’un travail plus fin, peut-être pour battre les choux-fleurs en graine », avance le spécialiste.

Combien d’éléments comptent ce trésor bien gardé et entreposé dans l’ancienne étable de l’exploitation familiale ? « Je ne sais pas, peut-être 3 000 pièces. J’essaie de ne pas posséder deux fois la même pièce. La perle de ma collection sera l’objet déniché demain, celui qui me forcera à effectuer des recherches pour comprendre son utilité. J’aime l’histoire racontée par ces objets, même si l’anecdote est louche. Une de mes pièces manquantes est celle fabriquée par un sabotier : des sabots de contrebandiers, avec semelle à l’envers pour tromper sur la direction prise par le voleur… »

Naissance d’une passion

Cette passion, Louis-Michel Simon l’a vu naître il y a une vingtaine d’années, « en visitant la fameuse collection d’Alain Guillard, au musée de Lizio (56), et mes mentors que sont Louis Philippe, de Plouénan, Robert Moal, de Plourin-lès-Morlaix ou Michel Quéré, de Sibiril, ont fait le reste ». La visite du musée se fait sur réservation, pour des écoles ou associations, par groupe de 10 à 20 personnes. Renseignements : Louis-Michel Simon, Kernevez Guitré, 29 650 Saint-Pol-de-Léon.
02 98 69 06 52.

Parcours pédagogique

En plus de la visite du musée, l’agriculteur organise des marches dans des lieux proches de la ferme. « Le sentier mène à la cabane du sabotier, à la fontaine, à un arboretum ou encore au lavoir. Pour laver le linge, pas de radio à cette époque, mais un bavardage rarement médisant pour se tenir au courant des dernières nouvelles. Les visiteurs nés dans les années 50 se remémorent les objets et endroits de leur enfance ». L’image des femmes frottant le linge énergiquement au savon, avec cette odeur particulière ne peut laisser le passager du jour insensible à ce témoignage de vie passé, et le propriétaire des lieux prend du plaisir à mettre du baume au cœur a ses visiteurs.

Fanch Paranthoën


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article