channig-georges-quilliou-spectacle-humour-bretagne - Illustration Channig la plus grande commère de tout l’ouest

Channig la plus grande commère de tout l’ouest

Georges Quilliou est installé à la Forest-Landerneau (29). Depuis plus de 30 ans, il joue « Channig », mémé bavarde à souhait qui fait rire petits et grands.

La salle communale est pleine à craquer. « Par mesure de sécurité, nous sommes obligés de refuser des spectateurs », indique un organisateur. Nous ne sommes pas dans un stade de football, qui attend avec ferveur un légendaire rockeur. Non. Nous sommes à Plougasnou (29), l’une des nombreuses communes enjouées d’accueillir le temps d’un spectacle humoristique Channig, cette « mamm-goz » à la langue bien pendue. Dans la salle, toutes les générations confondues attendent avec impatience la star bretonne. Puis elle arrive, s’assoit tranquillement sur son siège, face à son public. C’est alors parti pour une représentation non-stop de plus d’une heure et demie.

Inspiré de personnages réels

Channig est née dans l’esprit de Georges Quilliou au début des années 80. La création du personnage est venue en écoutant simplement les gens, dans leur quotidien. « Les personnes âgées traduisaient leurs pensées du breton au français, ce qui donnait des formulations très drôles. Je me suis inspiré de gens de mon entourage, en changeant le patronyme, pour ne pas être indélicat ». Ainsi, Madame Boulig, Kergouillouc ou Keranton, chez qui « la vache est partie là-bas », existent réellement ; tout comme le village de Piscavaloc, lieu de vie de Channig, inspiré d’un village près de Plouescat. « J’ai trouvé ce nom de lieu-dit sympathique, mais je n’y suis jamais allé ». Côté costume, un simple châle sur une blouse noire, un « cap du » sur la tête et de petites lunettes rondes vissées sur le nez suffisent à travestir l’artiste.

Cet humour simple, qui fait mouche, fait rire le spectateur par un dialogue spontané, naturel et parfois un peu naïf, car Channig a du mal à suivre les changements rapides que nous impose la société moderne. Traitant de nombreux sujets, la vieille dame s’étonne de l’emballement de la consommation que nous connaissons. « J’ai laissé tremper mes dents dans le beau bol que Jean-Louis a trouvé au bourrier. Les gens lancent des choses maintenant… », se désole Channig. Un regard juste sur des habitudes quotidiennes que chacun a tendance à oublier parfois.

[caption id=”attachment_14587″ align=”aligncenter” width=”300″]Fri-Du Fri-Du[/caption]

Communion avec le curé et le public

Le fil conducteur du spectacle amène l’artiste à raconter ses histoires, mais pas seulement : l’improvisation a sa place. « Il suffit d’une bonne sono et d’un public qui participe pour construire le spectacle. Je module les sketchs suivant l’ambiance ». Les questions posées par Channig déroutent un peu au départ, car ce n’est pas le public qui est venu la voir, il semblerait plutôt que c’est elle qui vient à notre rencontre. « D’où tu viens mignon ? De la montagne ? », questionne-t-elle un spectateur venu de Plounéour-Ménez (29). La communion avec l’auditoire est omniprésente. La communion, il en est aussi question dans la relation entre Channig et l’Église. Pratiquante mais quelque peu effrontée, la grand-mère n’hésite pas à couper la parole au curé pendant son sermon, quand le représentant du clergé lui reproche le non-paiement d’une dette. La religion rythme les histoires, comme celle de Marie-Louise Toulfen qui a trouvé, dans son poulailler, deux crucifix datant de 2 ou 300 ans avant Jésus-Christ.

Fri-Du va recevoir une roustée

Il en fait voir de toutes les couleurs à sa maîtresse, Fri-Du, le petit chien qui va chez Kerneïs, un voisin avec qui Channig ne s’entend pas. Régulièrement présent dans les histoires, l’animal n’est jamais réellement sur la scène : « Il serait intenable », confie Channig, qui doit s’adapter à cet animal qui court plus vite qu’elle. Pour faire tourner son spectacle, Georges Quilliou peut compter sur Antoine Tilly pour la gestion des tournées, ainsi que sur son épouse, Savithri, qui l’aide dans ses déplacements. Prochains spectacles le 13 mars à Gouesnou à 15 h et le 3 avril à Saint-Pol-de-Léon, à 15 h.

Le progrès ne passera pas

« Humour-thérapeute » ou « rigologue » comme il aime se qualifier, Georges Quilliou s’est adapté aux supports audio. D’un premier vinyle sorti en 1982, en passant par les disques compacts, Channig est très contemporaine avec un compte Facebook qui affiche les dernières photos de sa tournée. « Channig a même remplacé une speakerine sur FR3 en 1984 pendant 15 jours, pour annoncer les programmes télé ». Pour Fanch, autre personnage intervenant quelquefois dans les pièces et bon paysan breton, cela coince au niveau du changement de mentalité. « Mon cheval, il a besoin de tendresse pour travailler. Tu as déjà vu un exploitant agricole caresser son tracteur ? Moi, j’ai jamais vu », témoigne t-il. Le changement, ce n’est pas maintenant pour Fanch, par qui le progrès ne passera pas. « Le voisin, il a 5 tracteurs, dont un pour aller à la messe ». Incompréhensible pour ce brave cultivateur, qui aime égratigner le monde rural. Fanch Paranthoën


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article