mais-grain-moissonneuse-claas - Illustration Maïs grain : des surfaces en baisse mais des rendements en hausse

Maïs grain : des surfaces en baisse mais des rendements en hausse

La collecte se termine suivant les secteurs bretons, avec des volumes en hausse par rapport à l’année dernière. Si des prix rémunérateurs ne sont pas encore au rendez-vous, il y a encore des raisons d’espérer un rebond.

La culture de maïs semble parfaitement s’intégrer aux conditions climatiques bretonnes. Après des ensilages qui ont fait déborder les silos chez les éleveurs laitiers, les bons rendements se réitèrent pour les maïs récoltés en grain. Une météo favorable ces dernières semaines aide à moissonner dans de bonnes conditions, des points de collecte avouent dans certains secteurs ne jamais avoir connu de récolte aussi intensive et rapide. En 2016, Triskalia avait collecté environ 100 000 tonnes de maïs grain. Cette année, le chiffre sera porté à 120 voire 125 000 tonnes, même si les surfaces destinées à la culture sont en baisse : les très bons rendements gomment ces pertes de surface, et le caractère exceptionnel de l’ensilage, avec une bonne production de MS / ha, conduit à des livraisons potentielles en maïs grain.

« Les régions se situant à l’ouest d’un axe Saint-Brieuc/Lorient sont bons à très bons. Le secteur de La-Roche-Bernard (56) récolte dans les 80 quintaux secs à l’ha, quand Pontivy (56) enregistre des résultats allant de 90 à 120 quintaux dans les bonnes terres », chiffre Michel Le Friant, responsable du pôle céréales chez Triskalia. Si le mot sécheresse commençait à être sur toutes les lèvres au mois de juin, avec des plantes qui commençaient à souffrir, les pluies bénéfiques de l’été ont sauvé les cultures. La maturité et la qualité semblent pour l’instant être au rendez-vous, certains départements n’ayant pas encore terminé les chantiers. « Il reste une bonne moitié encore dans les champs dans le Finistère. Les régions de Lamballe (22), de l’Ille-et-Vilaine et du sud Morbihan ont quasiment terminé leur récolte ».

Les plantes ont été battues à une bonne maturité, l’humidité moyenne s’établissant entre 32 et 33 %, comme l’an passé. Lundi dernier, la coopérative avait engrangé 66 % de la collecte attendue. D’un point de vue sanitaire, la pyrale continue toujours à faire parler d’elle, avec une propagation qui semble maintenant inévitable. « Cet insecte foreur accentue les risques de présence de mycotoxines sur les plantes. Toutefois, les symptômes sont peu observés encore et les maladies ont été peu fréquentes cette année ». Le mois de septembre a été humide. Et un mois d’octobre sec n’a pas favorisé la propagation de champignons néfastes à la culture. Ces volumes de production élevés amènent la ferme France à produire cette année 14,5 millions de tonnes de maïs, dopé par des rendements exceptionnels en bassin aquitain. Les élevages de l’Hexagone consomment 2,6 millions de tonnes, l’amidonnerie 2,3 millions. Reste donc à trouver des débouchés pour 9,6 millions de tonnes.

Un pétrole haut peut bouleverser la donne

Si la consommation en maïs humide augmente toujours chez les fafeurs, « il n’y a pas d’élan pour les cultures de vente, la faute à un prix peu rémunérateur. Une grosse production mondiale est attendue, tirant les prix vers le bas. Les récoltes sont décevantes en Ukraine, et rendent ce pays peu actif sur les marchés. Le Brésil, en revanche, est très agressif, notamment grâce à des coûts de transport faibles, qui leur ouvrent les portes de pays comme l’Espagne ou le Portugal, traditionnellement approvisionnés par du maïs français. Le dollar se renchérit, l’euro s’affaiblit comme les monnaies d’autres pays, et le real dévalorisé dope cette agressivité ». Le responsable surveille d’un œil attentif les variations de prix que peut connaître le baril de pétrole et qui impactent fortement les cours du maïs.

« Il est au plus haut depuis 2015, autour de 55 $ le baril. Si ce rebond se confirme, ce sera une nouvelle donne pour les biocarburants. La Chine a décidé de relancer son programme de ce côté. Or, c’est un ogre de consommation, qui pourrait bouleverser la donne et donnerait alors plus de rentabilité à la culture ». Autre acteur naissant depuis peu, les unités de méthanisation qui s’invitent petit à petit sur le marché du maïs. « C’est une nouvelle donne, même si les volumes sont encore peu conséquents et incomparables avec des pays comme l’Allemagne. Mais la demande est supérieure, poussée par des structures importantes qui ont besoin de flux de matières lissés sur une période ». 

[caption id=”attachment_30829″ align=”alignright” width=”208″]Albert Salou, entrepreneur à Ploujean-Morlaix (29) Albert Salou, entrepreneur à Ploujean-Morlaix (29)[/caption]

Des humidités exceptionnelles

Les surfaces allouées au maïs restent stables sur le secteur. En ensilage, les silos sont sur-remplis, avec des volumes de 15 à 20 % supérieurs par rapport à l’année dernière, qui était déjà une très bonne année en rendement. Les producteurs préfèrent stocker plus de fourrages que nécessaire, par des taupinières, mais 5 à 6 % d’ensilage sont réservés pour une récolte en grain. Pour ces variétés typées ensilage, les rendements sont au rendez-vous, mais le potentiel est toujours supérieur pour un maïs typé grain pur. Nous en sommes à la moitié de la collecte, avec des humidités parfois de 31 %. Les 100 quintaux secs sont largement atteints.

Albert Salou, entrepreneur à Ploujean-Morlaix (29)


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