Exemple de semis simplifié dans les Côtes d’Armor. Le rouleau avant casse la moutarde brune, le semis simplifié est réalisé derrière. - Illustration Le sol, premier capital à préserver
Exemple de semis simplifié dans les Côtes d’Armor. Le rouleau avant casse la moutarde brune, le semis simplifié est réalisé derrière.

Le sol, premier capital à préserver

Lors de leur assemblée générale, les propriétaires ruraux ont souhaité mettre en avant l’intérêt de la préservation des sols au travers du témoignage de Bernard de La Morinière, agriculteur à Saint-Brieuc-des-Iffs.

[caption id=”attachment_29967″ align=”alignright” width=”160″]Bernard de La Morinière Bernard de La Morinière[/caption]

« Seulement 1 mm de terre se forme chaque siècle. Le sol est notre premier capital en tant qu’agriculteur et les talus ne sont qu’un pansement sur une jambe de bois », commence Bernard de La Morinière, qui s’est engagé dans la lutte contre l’érosion de ses sols voilà une vingtaine d’années. Basé à Saint-Brieuc-des-Iffs, il élève des canards et des bœufs et produit des cultures sur une SAU de 111 ha (3 associés). Administrateur à Triskalia, l’agriculteur est engagé dans l’AEI (Agriculture écologiquement intensive). Il a expliqué cette démarche à l’occasion de l’assemblée générale du syndicat agricole de la propriété privée rurale 35, le 22 septembre à Rennes.

3 à 4 tonnes de vers de terre par ha

« En 15 ans, d’énormes avancées ont été faites en matière d’agronomie, permettant de produire autant, voire plus, avec moins d’intrants. Il faut que le monde agricole s’approprie l’écologie en tant que science, ne la laisse pas aux idéologues », déclare le producteur. « Sur notre exploitation, nous travaillons le moins possible nos sols et nous les couvrons systématiquement, pour limiter l’érosion et nourrir la biomasse. Aujourd’hui, nous avons 3 à 4 tonnes de vers de terre par ha. »

« Pour nous passer du labour et de son rôle de désherbage, nous avons travaillé sur la succession culturale. » Le blé est semé dans le colza qui est grignoté par les petites bêtes du sol. Le maïs est semé dans un couvert roulé et mulché. « Nous avons un semoir polyvalent pour le semis direct. De leur côté, les bœufs valorisent les 24 ha de prairies de l’exploitation », continue le producteur. Pour progresser dans sa recherche « d’écologie scientifique », il fait partie de plusieurs réseaux français ou internationaux (Base, Apad).

Viser un ratio MO/argile de 17 % minimum

« En France après la guerre, il y avait 4 % de matière organique (MO) dans les sols ; il n’en reste plus que 2 % », note Bernard de La Morinière. Sachant qu’1 % de MO contient 2 500 unités d’azote, la perte est considérable… « Mais il est possible de revenir à des sols en bonne santé assez rapidement, en utilisant des légumineuses par exemple. La qualité d’un sol peut être mesurée avec un ratio MO/argile qui doit atteindre un minimum de 17 %. » Sur le pH, le producteur précise que les observations menées sur les sols en agriculture de conservation de par le monde montrent un retour à l’équilibre des sols. « Le lessivage du calcium est réduit et on fait travailler des microorganismes alcalinisants. Les pH de mes sols sont passés de 5 / 6 à 6,5 / 7,5 aujourd’hui. »

Moins de chimie

« Nous ne nous interdisons pas la chimie. Sur le glyphosate par exemple, nous demandons plus un encadrement qu’une interdiction », précise Bernard de La Morinière. « Sur mon exploitation, j’aurais des solutions pour me passer du glyphosate, mais ce seront d’autres produits, avec une augmentation des doses, plus de temps à passer et une baisse de compétitivité… », note le producteur qui rappelle que la toxicité peut aussi être présente dans les produits naturels.

Jean-Louis Bernard, nouveau président

Après avoir assumé la présidence du syndicat agricole de la propriété privée rurale d’Ille-et-Vilaine durant 10 ans, Bernard du Réau la quitte cette année, ayant atteint la limite d’âge fixée par les statuts. « Mais il va demeurer actif au sein de nombreuses commissions », précise Jean-Louis Bernard qui a été désigné pour lui succéder à l’issue de l’assemblée générale. Né le 11 juillet 1946 à Vitré, le nouveau président a exercé pendant plus de 40 ans la profession d’avocat au sein du barreau de Rennes. Spécialisé en droit rural, il a pu côtoyer le monde agricole durant toutes ces années. À présent avocat honoraire, Jean-Louis Bernard a conservé une activité en qualité de médiateur au sein du Centre de médiation de Rennes.


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