Jean-Marie Quemener devant son semoir Semeato 4,5 m acheté d’occasion en 2015. - Illustration Plus qu’un simple travail du sol, une philosophie
Jean-Marie Quemener devant son semoir Semeato 4,5 m acheté d’occasion en 2015.

Plus qu’un simple travail du sol, une philosophie

Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?  Le semis direct, technique ancestrale, revient au goût du jour et projette l’agriculture dans l’avenir. Simple et efficace, Jean-Marie Quémener l’a bien compris.

Jean-Marie Quémener s’est installé en 1998 à Kernascléden (56) sur son exploitation porcine de 180 ha et de 250 truies en naisseur engraisseur. Depuis maintenant 30 ans, la famille Quémener se concentre sur la recherche d’une efficacité optimale au travail. « Un soir, en rentrant chez moi, j’ai visionné une cassette au sujet du semis direct, je me suis alors rendu compte que je pouvais l’appliquer sur mon exploitation », explique l’agriculteur.

Il améliore donc cette technique simplifiée vers une agriculture de conservation des sols. Tout d’abord, avec un voisin, il décide d’investir dans un semoir simplifié de marque « Väderstad ». Par la suite, après plusieurs essais il est convaincu par le semis direct. En 2015, il investit dans un semoir spécialisé en semis direct d’occasion d’une valeur de 40 000 €. Dans une logique de gain de performance économique, environnementale, et sociale, Jean-Marie Quémener s’est équipé de matériels de haute précision, afin de jauger au mieux l’évolution de cette technique au sein de son exploitation.

Un assolement limité

Ce porcher « fafeur » est donc contraint dans son assolement de réaliser une rotation avec des cultures valorisant l’azote de l’exploitation, tout en gardant une autonomie importante pour la Fabrique d’aliment à la ferme (Faf). Celle-ci impose une quantité minimum de récolte chaque année, ce qui contraint l’exploitant à ne pas diversifier ses rotations.

Également, aujourd’hui, «  la valeur du lisier est surestimée dans les plans d’épandages ». De ce fait, l’éleveur envisage de s’engager dans le bilan réel simplifié afin de connaître la valeur du lisier réelle et non théorique. Le semis direct impose de gérer efficacement les adventices ; le plus souvent, il a recours aux produits phytosanitaires pour maîtriser le développement de ces dernières. Enfin, l’investissement important dans un semoir spécialisé est aussi un frein au développement de cette technique.

Un gain de temps indiscutable

La conservation des sols par le semis direct permet de limiter la dilution de la matière organique dont découle une meilleure portance du sol.  La présence en permanence de résidus et parfois l’association de 2 cultures en symbiose résultent d’un arrêt du ruissellement et de l’érosion. « À l’époque, après une forte pluie, je retrouvais ma terre dans le bas de la pente », nous explique-il, devant composer avec un parcellaire accidenté.
Au niveau de la biodiversité, il s’aperçoit aussi d’un accroissement de la vie microbienne, d’un travail actif des vers de terre, et dernier aspect qui n’est pas des moindres, un gain de temps considérable !

Une main-d’œuvre valorisée

Sur l’exploitation, on compte 3,5 UTH. Ceci permet de passer sereinement les périodes de travail intensif et de se dégager du temps libre grâce au non-travail du sol entre deux cultures. Une seule personne peut se consacrer au semis, tout sera donc réalisé en un seul passage. De ce fait, le confort de travail est nettement amélioré « Je ne vois pas les semis passer », déclare-il. Lors des battages du maïs, deux personnes sont dédiées à la moisson pendant qu’une autre sème au plus près de la récolte, afin de ne jamais laisser la terre à nu. Jean-Marie confie : « En 15 jours, je réalise mes semis de 80 ha de céréales. » Ce temps dégagé lors des travaux permet de passer plus de temps à l’élevage, aux différentes activités agricoles, et surtout à la vie de famille.

« Tout seul on va vite, à plusieurs on va loin ! »

L’agriculteur adhère au groupe TCS 29 afin de partager son expérience et de pouvoir discuter avec d’autres éleveurs de leur capital sol. Le groupe est important, car il permet de se former, de s’informer sur de nouvelles techniques à travers les différentes réunions « bout de champs ». Cependant « il faut passer plus de temps dans l’observation de ces cultures afin d’agir au bon moment », avoue-t-il.

En situation de crise économique, ne consommer que 2,5 L de carburant par hectare n’est pas négligeable. Aujourd’hui beaucoup d’agriculteurs sont en difficulté, c’est pour cela que le semis direct peut être un levier dans les charges des exploitations. Aujourd’hui, en tant que jeunes étudiants, nous croyons en ces techniques qui font économiser du temps et de l’argent : l’agriculture de demain que sèment les jeunes d’aujourd’hui !

Les étudiants de BTS prennent la plume

Depuis plus de dix ans, Triskalia organise, en partenariat avec le journal Paysan Breton, un concours d’écriture ouvert aux élèves de BTS agricoles 1re année. Cette année, le thème du concours était : « L’agro-écologie, un nouveau modèle agricole ? ». Au travers d’un article de presse de type témoignage ou portrait, les étudiants ont apporté un éclairage sur le développement des pratiques agroécologiques dans les exploitations bretonnes. Voici l’article qui a obtenu le 2e prix. Félicitations aux rédacteurs, élèves du Lycée de Pommerit !

Le Lycée Pommerit

Le Lycée Pommerit forme tous les ans plus de 900 jeunes, de la 4e à la licence professionnelle, dans des domaines variés, de la production agricole aux technologies alimentaires ainsi que dans ceux de l’environnement, de l’agroéquipement… Une formation générale (bac S) y est également proposée.
Le BTS Acse (Analyse conduite et stratégie de l’entreprise agricole) forme les étudiants aux métiers de la gestion et de la comptabilité agricole, et les prépare à appréhender de manière globale les métiers de l’agriculture.

La classe des BTS 1 B du Lycée Pommerit.

Au cœur du projet éducatif, la volonté de l’établissement de placer l’élève au centre de l’action pédagogique se traduit par des choix concrets : favoriser l’individualisation des parcours, à travers un large choix de 7 enseignements optionnels, de 6 MIL, et par un module d’accompagnement des projets personnels. Cette approche permet de développer la capacité des jeunes à rechercher la cohérence des systèmes, en prenant en compte les dimensions économique, environnementale et humaine.


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