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Un nouveau rapport à l’animal ou à la terre

La 3e révolution, celle du numérique, change les métiers en agriculture. Un agriculteur et un entrepreneur de travaux agricoles témoignent.

« Il y a 10 ans, j’avais dit que je n’aurais jamais de robot », se rappelle Pascal Lefeuvre, éleveur laitier à Talensac (35). Et pourtant, il y a trois ans, il a fait le pas et a investi dans une stalle de traite Merlin (Fullwood). Depuis la mise en œuvre de la traite robotisée, son métier a changé, au niveau de l’organisation, de la pénibilité… D’un ordinateur ou d’un Smartphone, il « garde partout la main sur le système de traite. »

Un nouveau métier

L’éleveur apprécie d’avoir levé l’astreinte traite, pouvant se libérer du temps pour sa vie familiale, tout en pouvant débloquer quelques alarmes, voir ce qui se passe au niveau du robot, surveiller ses animaux et effectuer des tris si besoin, même à distance… « Le rapport à l’animal a aussi changé », avec près de 900 paramètres disponibles. « Je peux être plus réactif, sachant par exemple quand une vache est en chaleur avant les manifestations physiques ». La gestion du temps est différente. Mais difficile de valoriser seul autant de données. L’homme reste le pivot central dans l’élevage. « Quand tout marche bien, on a tendance à ne plus aller dans la stabulation. C’est alors que les problèmes surviennent. »

En augmentant le nombre de traites (2,1 traites /jour/VL en période de pâturage nuit et jour à 2,8 lors des périodes en bâtiment), la production des 57 VL est passée de 8 000 à 9 500 L. Et le nombre de leucocytes a diminué. Quelques modifications alimentaires ont dû être mises en place, ainsi qu’un travail sur l’orientation des trayons en génétique. « Cet investissement de 135 000 €, avec les aménagements, sera amorti sur 10 ans. Cela équivaut au coût d’un salarié à mi-temps ».

Avoir la bonne donnée pour prendre la bonne décision

Avec ces évolutions en élevage, « on nous demande aussi des données dans les champs », témoigne de son côté, Pierre-Henri Hamon, entrepreneur à Iffendic. « Sur toutes les interventions culturales, nous sommes aujourd’hui capables d’apporter une plus-value aux agriculteurs. » Le seuil de compétence reste la quantité de données à analyser : laquelle choisir pour prendre la bonne décision stratégique  ? Il existe des systèmes de classement automatisé des données aux États-Unis qui vont bientôt arriver en France, rapporte ce passionné à l’initiative du réseau Cléo, toujours en quête d’idées innovantes à tester sur le terrain. 

De la récolte du blé à la récolte de données

Les métiers agricoles se diversifient. Les agriculteurs restent néanmoins propriétaires de ces données émises par leurs entreprises. « On souhaite un retour financier. Reprenons la main, ne léguons pas tout à nos prestataires de services », insiste René Collin, président de l’antenne de la Chambre d’agriculture de Montfort. À l’image des USA qui ont mis en place un modèle de valorisation de ces informations chiffrées. Une société collecte ces données et les revend aux sociétés de conseil. L’agriculteur reçoit alors une prestation de 3,8 à 4 €/ha. En France, les discussions sont en cours mais rien n’aboutit, engendrant une perte de temps et de compétitivité à l’heure du numérique où tout se joue vite, dans l’instantané.


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