Hélène Peron trouve toujours une position qui est confortable pour l’animal. - Illustration Le caractère bien forgé du Maréchal-ferrant
Hélène Peron trouve toujours une position qui est confortable pour l’animal.

Le caractère bien forgé du Maréchal-ferrant

Par passion pour les chevaux, ânes et autres poneys, Hélène Peron, installée à Tréduder (22), a choisi un métier éprouvant et très technique.

La fourgonnette blanche sillonne les petites routes campagnardes. Elle est attendue par ses clients. Non pas que la cargaison qu’elle transporte soit très précieuse, encore que… Il n’y a que des fers, une forge miniature, quelques outils. La richesse la plus importante contenue dans le véhicule s’avère être la personne qui pilote. C’est Hélène Peron qui est au volant, et avec elle un savoir-faire qui existe depuis le milieu du 5e siècle de notre ère : elle exerce la profession de maréchal-ferrant.

Têtue comme un âne

Toute petite, Hélène Peron rêvait comme beaucoup d’enfants d’avoir un poney. Coup de chance, un centre équestre vient s’installer à côté de chez elle. « Je m’y rendais pour aider le propriétaire à vider les box, en contrepartie de cours d’équitation ». Depuis, le fil de la passion équine ne s’est jamais rompu. À 15 ans, elle possède son premier cheval. Ses études, avec un Bepa élevage des chevaux en alternance à Landivisiau (29), se poursuivent par un Bac pro en apprentissage à Sées (61). Cet apprentissage donne du fil à retordre à la jeune femme, « avec des poulains qui faisaient le même poids que moi ». Mais ce serait mal connaître la Costarmoricaine, qui ne baisse jamais les bras.

Diplôme en poche, son installation ne se réalise pas. Elle trouve du travail à l’abattoir de Guerlesquin (29), avec une seule idée en tête : revenir à sa passion et obtenir l’option maréchalerie qui lui manque pour exercer le métier. « Il m’a fallu repartir de zéro, tout donner pour tout recommencer. En 2004, Hélène fait partie d’une vague de licenciement que l’usine de volaille connaît. C’est pour elle une opportunité, et trouve le financement nécessaire pour démarrer l’école de Saint-Hilaire-du-Harcouët (50). « Je m’y suis préparée, en faisant de la musculation avant d’y rentrer ». En 2007, après avoir obtenu son diplôme et affûté ses connaissances chez d’autres artisans, elle lance son activité de maréchalerie.

« Le docteur des sabots des ânes »

Les animaux ont parfois du caractère ; Hélène Peron aussi. « Je pare et ferre les sabots des poneys, ânes et petits chevaux, qui ont au maximum ma taille », aime-t-elle décrire. Pour ce jour de fin mars, elle intervient Chez Sylvie et Jacky Labourde, qui possèdent une asinerie pédagogique à Saint-Fiacre (22). Un groupe d’enfants de la région, en visite pour l’après-midi, la regarde alors soigner les animaux. « C’est le docteur des sabots des ânes », explique un jeune élève quand on lui demande quel est le métier de maréchal-ferrant. La définition tombe pile-poil. Toute l’après- midi, Hélène Peron va parer, soigner, appliquer de l’antiseptique si besoin, et surtout parler aux ânes.

[caption id=”attachment_26596″ align=”aligncenter” width=”680″]Les ânes savent si la personne qui les manipule est à l’aise ou pas. Les ânes savent si la personne qui les manipule est à l’aise ou pas.[/caption]

« Il ne faut pas fonctionner cheval, mais penser âne. Sur cette femelle, on remarque qu’elle marchait sur le talon, pas sur la fourchette ». Alors, à l’aide de sa reinette ou de la lime, elle sculpte un sabot propre, guéri, avec la quantité de corne qui convient. « Il faut laisser plus de talon à un âne en comparaison à un cheval. Les sabots sont différents entre les 2 animaux : le cheval a un sabot rond, celui de l’âne est en forme de U ». À chaque fois, un petit mot à son propriétaire sur l’état de santé de l’animal, sur les fourmilières (bactéries qui se développent de façon anaérobie dans le sabot) éventuellement présentes.

Des amours, comme des teignes !

Le caractère bien trempé des équidés à grandes oreilles rend parfois la tâche plus difficile. « Leur sexualité est compliquée, surtout au printemps, avec l’arrivée des chaleurs, quand le temps est plus lumineux ». Mais tous les animaux passent entre les mains d’Hélène Peron, avec une approche douce et apaisante. « C’est l’âne qui choisit une position confortable, je m’adapte à lui. Mes épaules travaillent sans cesse, certains ont du mal à tenir sur 3 pattes. Je soigne les amours comme les teignes ! Il faut un bon feeling avec eux. Ils sentent notre sueur et savent si nous sommes à l’aise ou pas… ». Les sabots demandent à être entretenus tous les 3 mois environ, et Hélène se préoccupe de son dos 3 à 4 fois par an. « J’ai un dos solide, qui me permet de continuer ».

[caption id=”attachment_26595″ align=”aligncenter” width=”680″]Le parage est indispensable, et s’effectue tous les  3 mois. Le parage est indispensable, et s’effectue tous les 3 mois.[/caption]

Il fait fuir les renards

Les ânes sont des animaux attachants qui peuvent faire office de véritables chiens de garde. « Ils font fuir les renards dans les champs ». Hélène Peron porte avec elle un message positif envers eux, car une image parfois erronée les suit. « Certains vétérinaires sont réticents à les soigner, la rumeur comme quoi ils sont hémophiles est fausse. On entend quelquefois dire que les ânes n’ont pas besoin d’entretien de leurs sabots ». Dans tous les cas, Hélène Peron sait les apprécier à leur juste valeur, les écouter. Elle est le parfait exemple de réussite d’une femme qui, avec pugnacité, a su faire valoir son talent dans une profession bien souvent masculine.


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