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Lait : Vers un label “150 jours de pâturage”

La crise laitière perdure. En France, les prix de vente au détail ne progressent plus. L’une des solutions avancées vise à segmenter la production. Des pays voisins ont pris de l’avance et récupèrent de la valeur.

La filière laitière bretonne avance des pistes pour juguler la crise. Certaines dépendent des politiques publiques avec, par exemple, la mise en place d’outils européens d’adéquation offre-demande, plus réactifs. À l’échelle régionale, elle propose de créer un fonds professionnel, une réserve en quelque sorte, exonérée de charges, qui permettrait de faire face aux crises. Les modalités restent à définir avec précision et devront être acceptées par Bercy. Le fonds pourrait être abondé par les producteurs, mais aussi l’Europe, les collectivités, la grande distribution ou les industriels, selon Laurent Kerlir, président de la Chambre d’agriculture du Morbihan.

Les responsables de la filière proposent également d’équilibrer les rapports de force avec les transformateurs et les distributeurs, pour établir des contrats cadres équilibrés. En se regroupant dans des organisations de producteurs (OP). La recette n’est pas nouvelle, mais 40 % seulement des producteurs sont réunis dans l’une des 17 OP de la seule laiterie Lactalis… La filière porcine y pensait aussi, l’an dernier, en période de marasme économique. Les groupements allaient massifier l’offre pour peser dans les négociations commerciales. Les cours sont remontés en flèche et chacun est reparti défendre sa chapelle. Le travail en commun sur le sujet n’est plus à l’ordre du jour… La segmentation de la production semble être une solution plus concrète pour revaloriser les produits sur le marché intérieur, en répondant aux attentes sociétales.

Les éleveurs, toutes espèces confondues, demandent au consommateur de manger français. C’est légitime, mais insuffisant. Il faut, en plus, lui raconter une histoire. Proposer un lait qui sent bon le pâturage, le foin, la proximité, produit sans OGM, avec, en prime, beaucoup de bien-être animal. Des pays voisins l’ont bien compris et leurs éleveurs captent de la valeur ajoutée. Leurs initiatives font même peser un danger pour la filière bretonne. Ils vendent du lait produit par des vaches qui pâturent au minimum 120 jours dans l’année. La belle affaire ! La grande majorité des éleveurs bretons respectent ce critère, et même plus, mais ne l’affichent pas. Demain, le consommateur préférera un lait allemand labellisé « pâturage » à un lait breton qui l’est tout autant mais qui ne le dit pas. Il est urgent de réagir pour, au moins, sécuriser les débouchés et, si possible, récupérer quelques centimes chez le consommateur…

Chez les laitiers voisins

Du lait sans OGM (dans l’aliment) en Allemagne

  • 22 % du lait collecté en Bavière (2 milliards de litres),
  • 27 laiteries,
  • Prime : + 8 % par rapport au lait conventionnel,
  • Lidl et Rewe proposent nationalement des produits laitiers « sans OGM ».
  • Tout le lait collecté par Arla Foods (dans 7 pays) sera « sans OGM » dès fin 2017.
  • Prime : 10 €/1 000 litres.

Du lait de prairie aux Pays-Bas

  • 120 jours au pâturage,  par an, à raison de 6 heures par jour,
  • 78 % des exploitations concernées,
  • 15 laiteries engagées,
  • Majorité des enseignes de distribution,
  • 1 logo commun,
  • Prime nette : 6,5 / 1000 litres chez FriedlandCampina.

Du lait de foin en Autriche

  • Herbe fraîche et foin,
  • Pas d’aliments fermentés,
  • Pas d’aliments OGM,
  • Label désormais  reconnu au niveau européen,
  • 8000 éleveurs (25 % bio), 60 laiteries,
  • Prime : 50 €/1 000 litres en lait conventionnel,
  • 50 % de la production exportée.

Les distributeurs s’imposent au Royaume-Uni

Waitrose ne vend plus que du lait de vaches pâturant au moins 100 jours par an. La marque Enjoy Milk promeut un lait « 180 jours de pâturage ».


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