sanglier - Illustration Les sangliers, vecteurs de la peste porcine africaine

Les sangliers, vecteurs de la peste porcine africaine

L’importation de sangliers de Pologne et d’Ukraine, pays où sévit la peste porcine africaine (PPA),  provoque l’ire du Comité régional porcin. Son président, Philippe Bizien interpelle les pouvoirs publics et tente de sensibiliser les chasseurs.

Une douzaine d’élevages en Bretagne, près d’un millier en France. Le sanglier « domestique » ne risque pas de souffrir de consanguinité. Son cousin sauvage prospère dans la campagne bretonne jusqu’à causer de gros dégâts dans les cultures. Certaines communes du sud du Morbihan viennent de lui déclarer la guerre, en tentant d’éradiquer les friches où il se reproduit allègrement. Alors, pourquoi en importer au risque de véhiculer le virus de la PPA, contre lequel n’existe aucun vaccin ? Les sangliers incriminés ont atterri dans un parc en Sologne (pour la chasse), à quelques encablures de la grande région de production porcine de l’Ouest. Le Comité régional porcin (CRP) et l’OVS porc Bretagne, qui veille farouchement sur la qualité sanitaire du cheptel breton, sont montés au créneau. Ils ont interpellé, fin décembre dernier, le ministère de l’Agriculture et réclamé la prise de mesures exceptionnelles pour interdire l’importation de suidés en provenance de pays touchés par la PPA.

Parcs et enclos passoires ?

Les éleveurs de sangliers vont devoir montrer patte blanche, sommés, avant le 28 février prochain, de déclarer leur activité à l’EDE de leur département (dans certaines régions, ils sont inconnus des services de l’État). « Les informations collectées permettront de faciliter la mise en œuvre d’actions sanitaires appropriées, fondamentales dans le contexte de risque vis-à-vis de la PPA et de l’Aujesky ». Reste le cas particulier des parcs et enclos, pas nécessairement soumis aux mêmes obligations que les élevages (dépend du nombre d’animaux à l’hectare). Les règles concernant les mouvements d’animaux y semblent un peu floues… La filière porcine aimerait clarifier la situation. Elle tente, en parallèle, de sensibiliser les transporteurs qui reviennent des pays de l’Est et les fédérations de chasse de la région.

Porcelets importés

La base de données « Traces » recense tous les mouvements d’animaux transfrontaliers effectués à l’intérieur de l’Union européenne. Croisée avec celle de BDPorc*, elle permet d’apporter une réactivité à la filière en cas d’incident sanitaire ou de procédure réglementaire non respectée. « Nous n’avons pas eu d’importation de sangliers en Bretagne récemment, mais nous sommes vigilants sur l’importation de porcelets. Leur prix est élevé actuellement en France, la tentation peut être grande… », précise Bernard Chrétien, président de la commission sanitaire de l’union des groupements (UGPVB). Le nord de la France en importe régulièrement, de pays frontaliers. La crainte, dans ce cas, est surtout d’importer de nouvelles souches du virus du SDRP qui sévissent dans certains pays du nord de l’Europe.

Les chasseurs des Côtes d’Armor collaborent

Entre 2011 et 2014, l’OVS Porc Bretagne et la fédération de chasse des Côtes d’Armor ont cartographié et croisé la localisation des élevages de porcs plein air et la densité des sangliers. En parallèle, ils ont déterminé la séro-prévalence Aujesky chez les suidés sauvages. « Les chasseurs ont réalisé 208 prises de sang sur les sangliers abattus dans les 3 zones où coexistent des élevages plein- air et une forte densité de sangliers. L’ensemble des prélèvements s’est révélé négatif », se réjouit Marcel Corman, président de l’OVS. (Les analyses permettent également un suivi trichinellose).

« Nous souhaiterions étendre cette collaboration aux autres départements bretons, dès cette année ». On imagine, à terme, une telle surveillance sérologique pour la PPA, qui gagne du terrain vers l’ouest de l’Europe. Toute la filière pâtirait de la découverte d’un cas avéré de l’une ou l’autre de ces maladies dans un élevage de la région. Le risque existe aussi dans les pays voisins. « L’Allemagne a une frontière avec la Pologne. Un seul cas avéré interdirait leurs exportations vers les pays tiers (hors UE). 1 million de tonnes de viande se retrouveraient sur notre marché »… La filière fait le maximum pour protéger les élevages de la région. Et prie que tous les pays voisins en fassent de même…

5 à 30 centimes par kg de carcasse de pénalité

Pour protéger le statut sanitaire de tous les éleveurs bretons, le CRP a décidé en 2013 d’appliquer des pénalités aux éleveurs qui ne respecteraient pas l’intégralité du cahier des charges mis en place par l’OVS Porc Bretagne (pour l’importation de porcs). L’objectif est de limiter le risque sanitaire, lié notamment au SDRP, qui existe sous des formes beaucoup plus virulentes dans les pays voisins de la France. Une fois introduites sur notre territoire, ces souches auraient des conséquences dramatiques pour tous les éleveurs de porcs et la filière. Les pénalités sont appliquées via Uniporc. Elles s’élèvent de 5 à 30 centimes par kg de carcasse de porc charcutier issu de porcelets importés et sont versées à la caisse sanitaire régionale qui contribue au financement des actions sanitaires en Bretagne. Philippe Bizien, président du CRP

*Outil de surveillance sanitaire qui notifie tous les mouvements porcins en France.


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