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Les Russes, futurs exportateurs de viande de porc

Une levée de l’embargo russe apporterait, au mieux, un bénéfice de 2 à 3 années pour la filière porcine européenne. Les Russes seront autosuffisants vers 2020. Leurs seuls besoins sont d’ordre technologique, de la génétique aux logiciels spécialisés.

Pour ceux qui en douteraient encore, les Russes seront bien au rendez-vous de 2020. Ils avaient prédit l’autosuffisance en viande de porc et ils tiendront leurs promesses. Les projets qui fleurissent en attestent : 30 000 truies dans un futur élevage près de Saint-Pétersbourg. D’autres, de dimension plus modeste (10 000 à 15 000 truies), s’implantent un peu partout dans le pays. Miratorg, Rousagro, Tcherkizovo, les gros opérateurs du secteur, mettent le paquet. Les efforts du gouvernement pour protéger le marché intérieur portent leurs fruits. La croissance de la production devrait être de 40 % d’ici à 2020.

La Russie pourrait devenir exportatrice. C’est, en tout cas, ce qu’affirme Stepan Shibaev, gestionnaire d’une société basée à Moscou, intervenant au Space : « Les Russes seront prochainement de sérieux compétiteurs sur le marché mondial ». Selon lui, embargo ou pas, les Français auraient eu des difficultés à profiter du marché russe. « Les coûts de transport sont élevés, (3 500 km entre la Bretagne et la Russie), la dévaluation du rouble en 2015 augmente le prix des produits importés, les procédures d’homologation sont souvent coûteuses et les organismes de surveillance ont le pouvoir de bloquer les importations ». On l’avait remarqué…

Arguments techniques

La baisse actuelle de la consommation, liée à la crise économique, ne saurait freiner l’appétit des industriels. « En 2015, 61 % de la viande de porc est produite par 20 opérateurs. Cette part sera de 80 % en 2020 ». Les élevages de basse-cour, au statut sanitaire
douteux, vivent leurs dernières heures. La filière a des arguments. Les résultats techniques des nouveaux élevages n’ont rien à envier aux autres : 29 porcelets sevrés par truie et par an, des indices de consommation et des GMQ proches des normes bretonnes. La génétique est conçue dans les pays de l’Union européenne. Surtout, leurs coûts de production sont très concurrentiels, inférieurs aux coûts américains.

Retard technologique

Le point faible est le retard technologique, dans presque tous les domaines de l’élevage. Certains secteurs sont fournis à 100 % par les importations : logiciels spécialisés, composants de prémix, systèmes de conditionnement de l’air et de ventilation, produits pharmacologiques, génétique. C’était aussi le cas pour les acides aminés mais une usine de fabrication vient d’être inaugurée. Elle couvrira une grande part des besoins du pays en lysine. D’autres initiatives de ce type surgissent. Plusieurs programmes fédéraux visent à substituer les importations par des produits russes grâce à des aides, à des subventions, à la création de zones économiques spéciales.

Dans le secteur agro-agri, considéré comme essentiel, 21 milliards d’euros d’investissements sont prévus avant 2020, dont 6 milliards pour le porc. La filière porcine peut, en outre, s’appuyer, pour combler son retard technologique, sur des coûts de main-d’œuvre et de matières premières modérés, une grande disponibilité de ressources naturelles (terres, énergies) et une zone de libre-échange au sein de l’Union eurasienne. La fenêtre de tir est donc étroite pour les entreprises européennes. Quelques années, tout au plus, pour exporter et répondre aux besoins de l’élevage russe.

Repères

• 144 millions d’habitants en Russie ;
• Superficie : 33 fois la France ;
• Terres agricoles : 7 fois la France ;
• Solde commerce IAA : – 18 M en Russie ;
• + 11 M en France ; 33 millions de porcs ;
• 23 kg de viande de porc consommés par habitant ;
• 75 kg de viande consommés par habitant.


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