moisson-orge - Illustration Moisson : les céréales ne sont pas au rendez-vous

Moisson : les céréales ne sont pas au rendez-vous

Le temps chaud et sec de la mi-juillet a permis de très bonnes conditions de récolte pour l’orge. Mais les maladies et le manque d’ensoleillement de juin contrarient les rendements.

La quasi-totalité des récoltes d’orges d’hiver sont réalisées. Avec des poids spécifiques en baisse, les rendements sont décevants pour cette campagne : la faute à des attaques inégalées de pucerons à l’automne, véhiculant la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), ainsi qu’à un mois de juin au climat peu favorable à un bon remplissage des grains. Les épis prometteurs de mai ont été victimes du manque d’ensoleillement, sanctionnant le poids de mille grains, aux alentour de 44 grammes. « La JNO a touché surtout les semis précoces, même dans certains cas avec l’utilisation de traitement de semence.

La jaunisse est très préjudiciable, les pertes pouvant aller jusqu’à 10 quintaux. Une baisse conséquente de collecte d’orge est enregistrée en Bretagne, de l’ordre de 20 %, malgré des surfaces semées en hausse. Les écarts de rendement entre parcelles sont importants, oscillant entre 55 et 60 quintaux, mais avec de fortes disparités. La moyenne des poids spécifiques est établie à 64 kg/hl, tout en étant très hétérogènes, avec des échantillons mesurés à 55, d’autres à 68 », chiffre Michel Le Friant, responsable du pôle céréales chez Caliance. Le prochain abandon des spécialités à base de néonicotinoïde inquiète, mais des solutions naturelles existent, comme « des variétés résistantes à la JNO auxquelles nous nous intéressons beaucoup ».

2016 restera dans les mémoires comme une récolte médiocre, mais sans communes mesures avec le reste de la France.
Les conditions climatiques de la mi-juillet ont permis de stocker rapidement les grains de la céréale barbue, en une semaine seulement sur l’ensemble de la région. Les taux d’humidité sont à moins de 14 % en moyenne.

Une récolte étalée pour le colza

Pour les colzas, la collecte démarre, avec « un petit 30 quintaux de moyenne, ce qui équivaut à une année normale, en retrait par rapport à l’année dernière », confie Michel Le Friant. Il ajoute que « la récolte sera plus étalée pour la crucifère, des récoltes ont été réalisées trop tôt, d’autres parcelles ont connu des maladies de fin de cycle comme de l’alternaria ». Le début de chantier doit correspondre à un végétal au bon stade de maturité.

Drame dans les bassins céréaliers

Si 2016 n’est vraisemblablement pas un grand cru, le pire est évité, comparé à d’autres régions françaises, qui connaissent de véritables drames dans les champs. « Des zones entières ont des rendements comparables à des récoltes des années 60, avec des chutes de rendement de 50 % par rapport à une année normale. Les inondations de juin conduisent à des tonnages ramassés à l’hectare de 3 à 4 tonnes. Les blés de ces régions présentent un nombre d’épis au m2 suffisant, mais les épis ne sont pas remplis : au lieu des 60 grains attendus, seulement 15 à 20 sont arrivés à maturité », observe le responsable.

L’année dernière, les agriculteurs français ont produit 41 millions de tonnes de blé. Cet été, les « prévisions les plus pessimistes tablent plutôt sur une collecte de 28 à 29 millions de tonnes ». Une perte de 12 à 13 millions de tonnes, qui ne pèse malheureusement pas sur un marché mondial ou l’offre est importante.

La chute de rendement laisse à penser que cette pénurie pèsera sur les cours mondiaux. Or la Russie, les Etats-Unis et l’Ukraine voient leur collecte augmenter de l’ordre de 10 %. « L’Ukraine n’a pas de capacités de stockage pour absorber ces volumes supplémentaires. Une stratégie de dégagement de la marchandise se met alors en place, poussant les prix vers le bas », explique Michel Le Friant. Difficile dans ce contexte d’espérer des jours meilleurs, même si « les mauvaises nouvelles sont derrière nous. Cette tendance de prix bas peut toutefois engendrer une baisse des surfaces semées pour la prochaine campagne, un sursaut des prix peut survenir ». En attendant, les prix de revient ne couvrent pas les coûts de production de la culture de céréales, pourtant indispensable à l’élevage breton.

Une drôle d’année
Les poids spécifiques sont meilleurs sur le littoral, souvent au-dessus de la norme. Plus dans les terres, les valeurs sont en dessous de la conformité. Les grains ne pèsent pas, et les épis pourtant complets restent en l’air car trop légers. Certaines parcelles ont été battues à moins de 10 % d’humidité. Les pailles sont restées vertes à cause du climat de ce début juillet ou des positionnements de protection fongicide réalisés à des périodes optimales. Je remarque des salissements de parcelle par de la véronique ou du liseron, le prochain retrait du marché de désherbants à base d’isoproturon posera problème : les céréales coûtent cher à produire, on perd en rentabilité.Mickaël Pinchon, Gérant d’une entreprise de travaux agricoles à Plougonven (29)


Fermer l'écran superposé de recherche

Rechercher un article