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Dissocier le transport de l’épandage

Le transfert des effluents de la fosse au champ n’est pas efficient. Le chantier d’épandage mérite d’être revu quant à son organisation et au type de matériel utilisé.

Les chantiers d’épandage de lisier avec tonne soulèvent des questions de coût, d’organisation, d’agronomie et de sécurité. Peut-on faire mieux et comment ? « C’est une réflexion de fond que nous devons mener », interpelle Stéphane Nogues, président de la fédération des Cuma Bretagne Ille Armor, lors d’un débat organisé à Mécaélevage, le 23 juin, à Yffiniac (22).

Non-respect de la réglementation routière

« Nos équipements sont adaptés pour les interventions dans les champs et pas pour être sur la route », explique-t-il. Une tendance minimisée par Pierre Havard, responsable de la station expérimentale des Cormiers : « Une étude menée à la Cuma de Servon-sur-Vilaine (35) a montré que 90 % du lisier était transporté à moins de 3 km, même si quelques chantiers sont situés jusqu’à 10 km ». Mais toujours est-il que les tracteurs, avec des charges élevés, dépassent souvent les 40 t, provoquent des tassements dans les champs et ne respectent pas la réglementation routière. Alors, quelles sont les solutions alternatives ?

L’épandage sans tonne

De nouvelles pratiques apparaissent. À l’image de l’épandage sans tonne pratiqué à la Cuma de la Pommeraye (49) ou de Plurien (22). Une pompe au pied de la fosse alimente l’automoteur dans la parcelle. Un achat réalisé entre autres pour sa plus large plage d’utilisation, « jusqu’en juillet cette année sur des maïs développés », mentionne Gérard Poujol, animateur à l’Union des Cuma des pays de la Loire. L’adhérent doit préparer le chantier : brasser la fosse, lier la pompe au tuyau à dérouler jusqu’à l’entrée de la parcelle. Un travail estimé à 2 heures pour une personne.

« L’intérêt est limité pour un parcellaire morcelé », témoigne Jérémy Labbé, éleveur de porc adhérent à la Cuma de Plurien. Avant de préciser : « C’est une solution intéressante d’autant plus en année humide. On ne voit pas où le tracteur est passé. Cela représente un surcoût mais la qualité compte avant tout. » Si certains éleveurs utilisent leur réseau d’irrigation, la Cuma a aussi aménagé un caisson étanche de 26 m³ pour le transfert des effluents sur la route.

Vers des tonnes de plus faible volume

D’autres pistes sont à explorer. « Les agriculteurs du nord de l’Europe semblent être plus sensibles à cette notion de tassement du sol », décrit Stéphane Nogues. Ils dissocient le transport de l’épandage, avec des citernes de transport en polyester (6 t à vide) et des tonnes de plus faible volume (11 000 L), chacun disposant de pneus adaptés . L’investissement pourrait être aussi envisagé sur 2 ou 3 Cuma, avec une mutualisation de la main-d’œuvre. Et une organisation de l’activité lisier, comme pour le chantier maïs, pourrait limiter le déplacement de matériel de stockage tampon des effluents.

La charge à l’essieu fait le tassement

Une tonne à lisier pleine de 25 m³ sur 3 essieu représente 13 à 14 t/essieu. « Or, c’est la charge à l’essieu qui fait le tassement profond », argumente Pierre Havard, responsable de la station expérimentale des Cormiers. Un impact invisible mais durable, en dessous de l’horizon du sol avec une incidence sur la macroporosité de la structure. Un sol à 16 % d’humidité a une densité apparente de 1 à 1,6 kg/L. Plus cette donnée est forte, moins le sol contient d’air et sa capacité à stocker et libérer l’eau diminue. Un maïs requiert une densité maximale de 1 kg/L, un colza 1,2 et une luzerne 1,6. La baisse de la porosité du sol est accentuée aussi par l’usage de pneumatiques larges : ils augmentent la propagation de la contrainte en profondeur.



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