formation-apprenti-patron-2 - Illustration Être apprenti ou patron ne s’improvise pas

Être apprenti ou patron ne s’improvise pas

L’apprentissage est un bon parcours professionnel durant la formation. Mais il requiert de la part des trois acteurs, apprenti, maître d’apprentissage et centre de formation, des compétences d’adaptation, d’écoute et de communication pour la réussite de cette expérience.

« Il faut surveiller cette génisse, je pense qu’elle va être à inséminer », indique Clément Louis en passant devant la stabulation, jeune apprenti depuis le mois de septembre chez Ollivier Pian, à l’EARL Les loges, à Yvignac-la-Tour (22). En vrai passionné, ce BTS Acse avoue retrouver « ses » vaches avec plaisir tous les matins et s’est rapidement intégré dans l’exploitation.

Après un Bac pro en formation scolaire, cet élève désirait poursuivre ses études, avec une forte volonté de faire plus de terrain. L’apprentissage répondait à ses objectifs. Ce Normand a ainsi trouvé un centre de formation au CFA de Caulnes (22), qui l’a dirigé vers son nouveau maître d’apprentissage.

Une longue « période d’essai » avant embauche

« Un maître d’apprentissage a souvent un objectif d’embauche, soit après un départ d’un salarié ou en recherche de confort en main-d’œuvre », relève Olivier Lafficher, responsable de formation au CFA de Caulnes. L’apprentissage permet ainsi de répondre à un besoin sur les exploitations, et le procédé permet d’apprendre à se connaître, et sert en quelque sorte « d’une longue période d’essai »…

Mais après deux ans d’apprentissage, de nombreux jeunes souhaitent aussi aller voir ailleurs, de nouvelles productions, de nouveaux systèmes, ou un nouveau métier (technicien, commercial), malgré des offres d’embauche de leur employeur. « C’est, dans tous les cas, une excellente expérience professionnelle, pour trouver du travail sur le marché de l’emploi à l’issue de la formation », conclut-il.

Un investissement dans la formation

Ollivier Pian a embauché ainsi son 8e apprenti, toujours dans la même formation. « J’ai une sensibilité pour le BTSA Acse. Je conduis mon système de production avec l’objectif de maîtriser les coûts de production. Les compétences développées dans la formation sont donc pour moi très intéressantes et je m’investis beaucoup dans le rapport de l’apprenti », explique-t-il.

Un atout pour le jeune mais un requis nécessaire pour le bon fonctionnement de l’apprentissage. C’est pourquoi, il est à la recherche d’un jeune polyvalent, pouvant intervenir à la fois sur l’atelier des 45 vaches ou les 79 ha de cultures. Pour l’embauche, pas de CV ni de lettre de motivation, une simple rencontre durant laquelle « il faut que le feeling passe », insiste-t-il.

[caption id=”attachment_18551″ align=”aligncenter” width=”600″]Discussions et échanges autour de la ration des vaches laitières entre Clément Louis, apprenti au CFA de Caulnes, et Ollivier Pian, éleveur et maître d’apprentissage à Yvignac-la-Tour (22). Discussions et échanges autour de la ration des vaches laitières entre Clément Louis, apprenti au CFA de Caulnes, et Ollivier Pian, éleveur et maître d’apprentissage à Yvignac-la-Tour (22).[/caption]

Un climat de confiance

Avec un plan d’alimentation adapté au jour le jour, pour obtenir les meilleures marges sur coût alimentaire et rentabilité, l’approche du système d’Ollivier Pian intrigue plus d’un apprenti. Mais elle lui permet aussi d’assurer la charge financière de ce dernier sur son exploitation. De nature confiante, « je le laisse être autonome très rapidement : c’est l’objectif premier de l’apprentissage. Cette évolution de l’autonomie est évaluée avec le CFA tout au long de la formation », relève Ollivier Pian.

« Il découvre par lui-même et m’appelle s’il rencontre un problème. » C’est pourquoi ce patron est à la recherche d’un apprenti au profil curieux. Des erreurs, il peut y en avoir, mais qui n’en fait pas ? « Et sur certains points, ils nous apportent des idées, avec leur regard jeune et l’œil extérieur à notre exploitation. « À un simple pourquoi tu fais cela ? », on est obligé d’y répondre et des fois de raisonner nos gestes et nos pratiques… »

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Un outil pour souffler

Installé depuis 17 ans, Ollivier Pian a trouvé dans ce mode d’embauche un outil pour souffler, pour se faire remplacer et passer du temps en famille. « C’est un moyen pour acquérir plus de souplesse par rapport au travail sur l’exploitation. » Tout se fait à point, avec calme et sérénité « Mettre la pression sur un salarié est improductif ». Rien ne sert de courir partout « comme Clément à ses débuts », se rappelle-t-il. « Mais à chaque apprenti, le maître d’apprentissage doit se conformer à des tempéraments différents et expliquer aussi différemment selon la personne et son parcours », explique-t-il, avec de nombreuses anecdotes.

Trois mois pour trouver un maître d’apprentissage

Après acceptation dans un centre de formation, le jeune a trois mois pour trouver un maître d’apprentissage. Le contrat de travail stipule une période d’essai en entreprise de 45 jours, un temps nécessaire pour apprendre à se connaître et voir si la bonne entente sera possible durant les deux années de la formation. En cas de rupture de contrat en cours de formation, l’apprenti a trois mois pour retrouver un nouveau patron.


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